« Ce sera extraordinaire. Cette maison révolutionnera la mode », c’est ainsi qu’une voyante aurait prédit le succès de Christian Dior. Apparemment, elle avait vu juste. Aujourd’hui, Christian Dior compte parmi les couturiers les plus influents du XXe siècle. Avec des créations qui incarnent à la fois l’audace et le classicisme, il redéfinit les codes de la femme moderne à travers les époques. Ses successeurs, comme Yves Saint Laurent ou John Galliano, suivront la voie ouverte par Dior, à un détail près : l’alliance des sciences occultes et de la mode.
Christian avant Dior
En 1905, le petit Christian voit le jour à Granville, en Normandie. La famille Dior est aisée : le père travaille dans l’industrie, tandis que sa mère se passionne pour l’art des jardins. Une passion qu’il ne tardera pas à partager avec elle. Dans les années 1920, encouragé par ses parents, il entre à l’Institut de Sciences Politiques de Paris, bien que, comme il le confessera plus tard dans ses mémoires, sa vraie vocation était l’architecture. À défaut de s’intéresser à ses études, il se passionne pour la musique, le dessin, puis la peinture, jusqu’à ouvrir une galerie d’art avec son ami Jacques Bonjean en 1928. Les années 1930 sont synonymes de pertes pour Christian Dior. Sa mère Madeleine décède et son père est contraint de vendre la maison de son enfance à la suite de la crise économique de 1929. Néanmoins, une lueur parvient à éclairer ce sombre paysage.
Encouragé par son ami, l’acteur Jean Ozenne, Christian établit ses premiers contacts avec le monde de la mode. Ce dernier remarque son talent et l’incite à vendre quelques croquis. Au retour de son service militaire, il vend ses premiers dessins de robes et de chapeaux avant d’être embauché comme illustrateur par Le Figaro Illustré. En 1938, le couturier Robert Pigueti l’engage en tant que modéliste et dessinateur. En 1945, il fait la connaissance de Marcel Boussac, un industriel du textile conquis par son talent. Il investit sur le futur couturier. Le 16 décembre 1946, la maison Dior ouvre ses portes au 30 avenue Montaigne. Toutefois, ce n’est pas sans doutes ni craintes que Dior se lance, d’autant plus que le succès ne sera pas immédiat. Il se rassura en repensant à la prédiction de cette voyante rencontrée 20 ans auparavant : « Ce sera extraordinaire. Cette maison révolutionnera la mode ».
Le succès Dior : une prédiction
Dès son plus jeune âge, le couturier manifeste un intérêt tout particulier pour les sciences occultes. Cette fascination commence avec sa mère, Madeleine, qui avait un penchant pour le mysticisme. Avant de s’installer à Paris, il fait une rencontre marquante avec une voyante : « Vous vous trouverez sans argent, mais les femmes vous seront bénéfiques et c’est par elles que vous réussirez. Vous en tirerez de très gros profits ». Selon la légende, c’est ainsi qu’elle lui aurait prédit un avenir brillant mais incertain. Elle lui aurait également annoncé qu’il traverserait des périodes de grandes difficultés avant de connaître un succès fulgurant. La prédiction se révéla étrangement exacte, car Dior connut plusieurs échecs avant de fonder sa propre maison de couture.
C’est à partir de 1947 que Christian Dior bouleverse la mode. Après les restrictions vestimentaires imposées par la guerre, il veut redonner à la femme une silhouette élégante, distinguée et féminine, et on le remercie pour cela. Ce cher Christian ! Jupes longues et volumineuses, taille cintrée, épaules arrondies : cette silhouette révolutionnaire fait scandale à l’époque. « Trop de tissu », diront certains. Mais très vite, la silhouette “New Look” devient emblématique, définissant la mode des années 1950. En 1948, Dior part à la conquête du marché américain et ouvre Christian Dior New York Inc.. En onze ans, son activité s’étend dans quinze pays et emploie plus de deux mille personnes. Dior attribua une partie de son succès à ses croyances ésotériques, persuadé que les forces mystiques l’avaient guidé et protégé tout au long de sa carrière.
Dior et les Sciences occultes
À partir du célèbre “New Look” qui révolutionne la mode féminine de l’après-guerre, Dior considère que son instinct créatif est en partie guidé par des forces extérieures. Il se convainc que sa créativité est influencée par les énergies mystiques qui l’entourent. Dès lors, il cultive une approche intuitive de la mode. Les influences occultes et spirituelles vont progressivement imprégner l’esthétique de la maison Dior. Par exemple, le jardin. Il le considère comme un espace de méditation et d’inspiration, où les forces mystiques peuvent s’exprimer librement. De son attachement à ce lieu, on retrouve des motifs floraux et des coupes inspirées des pétales dans ses collections, créant ainsi une connexion entre nature, beauté et spiritualité. Il incorporera également des symboles et des amulettes porte-bonheur dans ses créations et collections. Dior est convaincu que ces éléments mystiques apportent une dimension supplémentaire à ses œuvres et les protègent.
Cette croyance, il l’applique également à lui-même avec son étoile porte-bonheur, qu’il portait toujours sur lui. Trouvée un jour dans la rue, il la considérait comme un signe de bon augure. Si les symboles de la chance, les étoiles, les fleurs et les amulettes deviennent des motifs récurrents, que ce soit dans les vêtements ou les accessoires, Dior va plus loin encore. Il instaure des rituels. Pour le plaisir, voici une autre petite anecdote parmi toutes celles qui pourraient être racontées ici : Dior croyait fermement que les talismans l’aidaient à attirer le succès. Avant chaque défilé, il conservait un bouquet de muguet dans ses mains ou dans les vêtements de ses mannequins, un porte-bonheur qui lui rappelait sa chance. Le muguet est ainsi devenu un symbole récurrent dans ses créations
Dior disparaît en octobre 1957 après avoir été subitement foudroyé par une crise cardiaque. Malgré son décès prématuré, l’héritage Dior perdure à travers ses créations, mais aussi à travers l’aura mystique qui entoure sa vie et son travail. Les directeurs artistiques qui ont succédé à Dior perpétueront d’ailleurs cette tradition ésotérique dans les créations contemporaines de la maison.