Photographie montrant l'ensemble du casting de la saison 2 de Drag Race France. César Culture G

Le drag : des racines du mouvement à la popularité d’aujourd’hui

Le drag désigne une performance qui s’appuie sur différents accessoires et expressions dans le but de jouer un genre de manière volontairement amplifiée. Depuis maintenant 15 ans, les émissions RuPaul’s Drag Race ont donné une visibilité sans précédent à cet art. Néanmoins, les pratiques de performance du genre sont bien plus anciennes que cela et ne sont pas limitées à ce qui est mis en avant dans ces émissions.

Drag queen, king, queer… Qu’est-ce que c’est que tout ça ?

Les drag queens sont le plus souvent mises en avant lorsqu’on évoque cette pratique. Pourtant, il en existe en fait une multitude de formes ! Souvent, mais pas toujours, il s’agit de performer dans le genre opposé au nôtre. Derrière une queen, il y a souvent un homme qui performe la féminité. Derrière un king, c’est en revanche généralement une femme qui performe la masculinité. Néanmoins, si cette binarité hommes/femmes ou masculin/féminin a l’avantage de permettre de poser une définition simple du drag, elle a ses limites. En fait, le principe même de celui-ci est de questionner les cases préexistantes. Ainsi, chacun et chacune est bien libre de performer comme il l’entend ; quel que soit son genre (ou son absence de genre) et ce qu’il ou elle a envie de performer. Il est donc difficile de donner une définition unique et immuable du drag.

Photographie montrant un drag king, au milieu, entouré de quatre drag queens. César Culture G
Un drag king entouré de drag queen.

D’ailleurs, aujourd’hui, un tas d’autres termes ont émergé pour décrire différentes pratiques de drag. Le drag queer par exemple, qui s’applique aux personnes ou personnages non-binaires ou genderfluids. Il existe également des drag monsters, des drag clowns, drag things… et bien d’autres !

Côté performances, le choix est tout aussi varié ! Performer dans le drag peut se faire par exemple via des shows, incluant parfois du lipsync ou de la danse (notamment le voguing). Cela peut avoir lieu sur scène, à la télévision… Mais aussi lors de soirées karaoke, de bingos ou dans une sphère privée. Les possibilités sont in-fi-nies !

Des pratiques de performances du genre très anciennes

L’utilisation du mot « drag » tel qu’on l’utilise aujourd’hui date probablement du 19e siècle. Néanmoins, les pratiques de performance du genre sont bien plus anciennes. Les premières traces remonteraient même à l’Antiquité ! À cette époque, la pratique n’a cependant rien de transgressif. Il arrivait en fait régulièrement dans le passé que des hommes jouent des femmes au théâtre, celles-ci n’ayant pas le droit d’accéder à ces rôles. En Europe, mais aussi en Chine ou au Japon, ces pratiques sont courantes même jusqu’aux 17e et 18e siècle.

Photographie montrant un acteur de kabuki en train de se préparer. César Culture G
Un acteur de kabuki, une forme de théâtre japonais où les rôles féminins sont interprétés par des hommes.

En dehors de la scène, il arrive également que des individus se travestissent. Cela concerne cependant principalement des hommes haut placés dans la société, qui peuvent se permettre de se travestir sans conséquences. Il arrive également que des femmes s’habillent en hommes pour accéder à des privilèges ou des pratiques qui leur seraient refusées sinon. Le travestissement n’est à cette période pas vu d’un bon œil et des lois anti-travestissement apparaissent. Cette répression donne lieu à la création de groupes clandestins dans lesquels des personnes LGBT peuvent continuer à se travestir. Il s’agit alors d’une pratique transgressive et qui permet à des personnes opprimées de se rassembler. Les premiers artistes drag (au sens où on l’entend aujourd’hui) apparaissent, vers la fin du 19e siècle. Le mouvement drag gagne alors en visibilité, tout en étant toujours victime de répression.

La culture des bals à l’origine du drag tel qu’on le connaît


Le drag prend un nouveau tournant avec la culture des bals, qui émerge d’abord à New York dans les années 1920. Les personnes queers s’y rassemblent pour s’affronter afin de remporter des prix. Il existe un tas de catégories lors de ces concours, notamment certaines pour lesquelles il faut incarner le genre féminin ou masculin. De manière plus générale, il s’agit souvent d’incarner et parfois jouer la satire de certains archétypes ou classes de la société. Les « maisons » prennent de l’importance à travers la culture des bals. Ces maisons constituent des familles choisies pour les personnes LGBT, souvent rejetées par les leurs. Ce sont alors elles qui s’affrontent lors des bals. Les drags de chaque maison adoptent généralement un nom ou un pseudonyme comportant celui de leur maison.

Le drag entre ensuite peu à peu dans la culture populaire entre les années 70 et les années 90, notamment à travers la musique, la télévision ou le cinéma. Il connaît ensuite une explosion de popularité dans les années 2000 avec les émissions RuPaul’s Drag Race. Celles-ci apparaissent d’abord en 2009 aux États-Unis, puis sont reprises presque partout à travers le monde.

Photographie montrant l'ensemble du casting de la saison 2 de Drag Race France. César Culture G
Les queens de la saison 2 de Drag Race France.

Et aujourd’hui ?


Les drag queens sont les principales mises en avant, malgré la diversité des pratiques possibles. Il est important également de préciser que si le contexte politique et social n’est plus le même qu’il y a quelques décennies, le drag reste toujours une pratique victime de tentatives de censure, en France notamment.

Le drag a pris ses racines dans des performances de genre très anciennes, pour devenir de nos jours un art à part entière. Aujourd’hui reconnu et populaire, il reste cependant prétexte à controverses. Le sujet de l’univers drag est cependant extrêmement large et cet article ne peut l’aborder pleinement de manière exhaustive.

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