Parfois, un simple détail peut faire basculer le cours du monde. Si, avant qu’Hitler ne devienne Hitler, Adolf avait intégré les Beaux-Arts et avait été reconnu pour sa vocation première, la peinture, que se serait-il passé ? À l’heure où la référence à un salut nazi par certaines personnalités devient une provocation médiatisée et impunie, revenons sur les origines de cette idéologie. Pourquoi, parmi tous les gestes sujets à polémique comme ce bon vieux doigt d’honneur, le salut nazi en public est-il la provocation ultime ?
Hitler, l’artiste raté
Avant de devenir un dictateur et l’un des plus grands meurtriers de l’histoire de l’humanité, Adolf Hitler se rêvait peintre. En effet, en 1907, Adolf Hitler a 19 ans et tente par deux fois d’entrer aux Beaux-Arts de Vienne. C’est peine perdue, il est recalé. Le règlement de l’école ne permettant pas de se présenter une troisième fois, Adolf se rend à l’évidence : la peinture, c’est ciao. Plus crûment, on lui annonce que non, il n’a pas le talent nécessaire pour se faire un nom en tant que peintre. Plus qu’un échec, il en gardera une très grande frustration et sans revenu fixe, il tombe rapidement dans la misère.

Pour survivre, Adolf va monter de petites combines avec son ami Reinhold Hanisch. Il peint des cartes postales, tandis que l’autre les vend dans la rue en faisant semblant d’être aveugle. Ce petit tour de passe-passe leur permettra au moins de s’offrir un toit et de quoi manger. Du moins, pendant un temps.
Malheureusement, aux yeux de la société, il n’en demeure pas moins un clochard. Un clochard de plus en plus aigri et sans relation féminine connue, ce qui n’aide pas. Il rumine sa frustration envers la bourgeoisie cosmopolite de Vienne, joyeuse et prospère, alors que lui vivote en vendant des vues de la capitale.
L’officier aux talents d’orateur
En août 1914, bien qu’ayant tenté de se soustraire à ses obligations militaires, Hitler intègre l’armée au sein des troupes bavaroises. Dans les tranchées, les différences sociales et les humiliations de la vie civile s’effacent. Comme beaucoup de soldats démobilisés et sans ressources, Hitler reste dans l’armée. Son talent d’orateur lui permet d’accéder au statut « d’officier politique ». Son rôle sera d’infiltrer et de dépister, à Munich, les trublions révolutionnaires : communistes, anarchistes. D’indic, il devient militant.

Dans l’Allemagne d’après-guerre, en perte de repères, il s’engage dans l’un des nombreux groupuscules nationalistes qui prolifèrent dans le pays. Très vite, il révèle ses aptitudes au maniement des foules et, en 1921, il prend la direction de son parti. En 1923, il tente un coup d’État mais échoue, ce qui lui vaudra un petit séjour en prison. Il met à profit sa courte peine pour rédiger Mein Kampf, dans lequel il expose ses conceptions racistes et ultranationalistes.
Dans un climat de violence politique, il occupe une place croissante dans la vie publique allemande avec le parti nazi. En 1932, alors que l’Allemagne traverse une crise économique désastreuse, Hitler se présente à l’élection présidentielle contre le président du Reich, Paul von Hindenburg. Ce dernier est réélu, mais cette fois, impossible d’évincer Hitler. Après les élections législatives, il est nommé chancelier en janvier 1933. Son gouvernement mettra très rapidement en place les premiers camps de concentration, destinés à la répression des opposants politiques, notamment socialistes, communistes et syndicalistes.
L’avènement du dictateur
En 1933, certes Hitler est chancelier, mais son pouvoir n’est pas encore totalement assuré. Il doit composer avec plusieurs forces politiques, dont certaines qui voient d’un mauvais œil la montée en puissance des SA, la milice paramilitaire du parti nazi. Hitler va faire le ménage là-dedans et mettre tout le monde d’accord en une nuit : la tristement célèbre Nuit des Longs Couteaux.

Le soir du 30 juin 1934, un véritable massacre est orchestré avec la SS et la Gestapo. Tout opposant politique au parti d’Hitler, de près ou de loin, sera exécuté cette nuit-là. Une véritable purge politique qui conférera les pleins pouvoirs à Hitler. Hindenburg, encore président à l’époque, décède peu de temps après, en août 1934. Le timing est parfait. Hitler cumule alors les fonctions de chancelier et de président. Il instaure une dictature totale : c’est l’avènement du Führer.
Le salut nazi, symbole de l’idéologie fasciste.
Hitler et son parti s’emploient alors à imposer l’idéologie fasciste et nazie à toute l’Allemagne. Le parti va renvoyer une image forte à travers un seul geste. Un geste qui est encore aujourd’hui reconnu comme le signe de ralliement au parti : le salut nazi. D’abord associé au fascisme italien, il devient rapidement le salut officiel d’Hitler. Un geste lourd de sens, car derrière lui se cachent toutes l’idéologie nazie, dont l’un des moments les plus sombres de l’Histoire : le génocide de millions de personnes de religion juive.
Toutefois, depuis quelque temps, le salut nazi refait surface sur nos écrans. Personnalités médiatisées, hommes politiques ou parfois même élèves dans des salles de classe, certains individus semblent feindre de l’employer. Plus récemment, c’est le milliardaire Elon Musk qui a déclenché la polémique.

En effet, Elon Musk, qui dirige le nouveau département de l’efficacité gouvernementale créé par M. Trump, aurait salué ses partisans en se frappant la poitrine avant de faire ce qui ressemble à un salut nazi. Bien que l’intéressé ait démenti toute intention de faire référence au salut nazi, l’allusion, volontaire ou non, reste extrêmement marquante.
Aujourd’hui, le salut nazi reste l’un des symboles les plus chargés de l’Histoire, incarnant l’idéologie totalitaire, la haine et le génocide. Son utilisation, qu’elle soit volontaire ou non, suscite une indignation immédiate et rappelle la nécessité de vigilance. Malgré les décennies écoulées, ce geste demeure un marqueur puissant de l’horreur nazie et de ses conséquences. Son apparition dans l’espace public, même sous une forme ambiguë, soulève des débats sur la mémoire et la responsabilité historique. Plus qu’un simple geste, il est le rappel d’un passé qu’il ne faut jamais banaliser.