Le bassin du lac Tchad couvre près de 8% du continent africain et s’étend sur une dizaine de pays, dont principalement le Tchad, le Nigéria, le Niger et le Cameroun. Autrefois l’une des plus grandes étendues d’eau douce d’Afrique, le lac Tchad assurait la survie de plus de 30 millions de personnes. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, et ce, en partie en raison des effets du dérèglement climatique. Si cette situation plonge des millions de personnes dans une crise humanitaire inédite, certains groupes terroristes en profitent.
Terrorisme islamiste et changement climatique vont de pair
Depuis les années 1960, le lac Tchad a perdu 90% de son volume, en raison de sécheresses à répétition. Néanmoins, depuis 2018, celles-ci ont fait place à des pluies diluviennes, ne pouvant être absorbées par les sols, trop secs. Ces phénomènes rendent les ressources particulièrement rares, et les populations obligées de se déplacer. En effet, près de 90% des habitants de la région dépendent du lac Tchad pour l’agriculture, l’élevage ou la pêche.
Cette situation crée des tensions pour le contrôle des ressources, et la survie devient maître mot. De telles circonstances créent un terreau fertile au développement de mouvements violents, profitant de la misère ambiante et des conflits préexistants pour l’accès à des ressources vitales. C’est le cas de Boko Haram, groupe terroriste djihadiste né au début des années 2000 au Nigéria.
En effet, l’essor de ce groupe islamiste autour du lac Tchad s’est accentué en raison du changement climatique, mais surtout, par le biais de situations économiques et politiques qui, elles-aussi, se dégradent en raison du dérégèlement environnemental. En effet, la pauvreté qui en découle augmente la surface de recrutement de Boko Haram. Les hommes sont prêts à tout pour trouver un “travail” et pouvoir nourrir leur famille.
Le lac Tchad, source de solutions inattendues
Face à ce chaos, les gouvernements des pays touchés sont mobilisés sur plusieurs fronts. Ils mènent une offensive militaire contre les terroristes, par le biais d’une force multinationale mixte. En parallèle, ils s’efforcent de trouver une solution durable à l’assèchement du lac. Cette solution porte un nom : Transaqua.
Ce projet ambitieux mais controversé est évoqué depuis les années 1980. Il consiste à creuser un canal de 2 600 km depuis la rivière Oubangui, en République démocratique du Congo, puis à travers la Centrafrique, jusqu’au lac Tchad. Plusieurs experts gouvernementaux collaborent de manière rapprochée avec les institutions de l’ONU pour le rendre réel.
De par les immenses défis techniques, financiers et sécuritaires qu’il abrite, le projet n’a, pour le moment, jamais vu le jour. Néanmoins, l’arrivée d’un partenaire chinois, la Power Construction Corporation of China, pourrait changer la donne. Malgré des effets évidents, le lien entre dérèglement climatique, conflits et terrorisme n’est pas encore quantifiable. Finalement, le dérèglement climatique peut être qualifié de multiplicateur de menaces, accentuant des situations d’ores et déjà explosives et dramatiques. Une chose est sûre : certains acteurs profitent plus que d’autres de ces nouvelles réalités créées par le changement climatique.