Exclaves russes : Les territoires russes hors de la Russie

La Russie est de loin le plus grand pays du monde en superficie. Elle s’étend sur deux continents, de l’Europe de l’Est à l’Asie du Nord. Ce pays est en réalité une fédération de territoires plus ou moins autonomes. En effet, les 17 millions de km² de la Russie sont composés de Républiques, d’Oblasts et de régions qui, pour certaines, sont séparées de leur territoire d’origine. Ce sont des exclaves russes. 

La plus grande des exclaves russes: Kaliningrad

La région de Kaliningrad est la plus grande exclave d’Europe. Avec un territoire de 15 000 km², ce bout de Russie compte environ un million d’habitants. Situé sur les bords de la mer Baltique, entre la Pologne au sud, et la Lituanie au nord, ce territoire est totalement détaché du territoire russe. C’est ça que l’on appelle une exclave. 

Kaliningrad, la plus grande des exclaves russes
L’exclave de Kaliningrad au bord de la Baltique

Souvent surnommé “la petite Russie”, ce territoire est en fait un héritage de Prusse Orientale. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, la ville de Kaliningrad était appelée Königsberg et était une ville importante de Prusse. Après la Première Guerre mondiale, la Prusse Orientale est restée allemande, mais séparée du reste de l’Allemagne par le corridor de Dantzig qui offrait à la Pologne un accès à la mer Baltique.

Après la Seconde Guerre mondiale, les frontières dans la région vont beaucoup changer. La République soviétique de Russie annexe la moitié nord de la Prusse tandis que la moitié sud devient polonaise. Les autorités ont expulsé les Allemands de la région pour les remplacer par une nouvelle population russe. La Russie a renommé la ville ainsi que sa région en l’honneur de Mikhaïl Kalinine, président du Soviet suprême décédé quelques semaines avant l’annexion de la région, en 1946.

Kaliningrad reste donc sous l’égide de la République socialiste fédérative soviétique de la Russie jusqu’à la fin de l’URSS en 1991. À la chute de cette dernière, la Lituanie accède à l’indépendance, tandis que la Pologne transite vers un régime démocratique. Kaliningrad se retrouve donc isolée du reste de la Russie, mais reste cependant incorporée au pays comme n’importe quel autre territoire. 

Les exclaves russes héritées de l’URSS

Si Kaliningrad est la plus grande exclave d’Europe, la Russie en possède également de toutes petites. C’est par exemple le cas de Sankovo-Medvejie, en Biélorussie.

Bien que situé à seulement 800 mètres de la frontière russe, ce territoire de 4,5 km² est bien une exclave russe à l’intérieur de la Biélorussie. Situés à environ 150 km de la centrale de Tchernobyl, les deux villages de cette exclave sont totalement abandonnés depuis la catastrophe de 1986. Malgré cet abandon, et l’interdiction de toute activité économique et sociale, la Russie administre toujours officiellement ce territoire. 

Une des exclaves russes: Sankovo-Medvejie à la frontière entre Russie et Biélorussie
L’exclave de Sankovo-Medvejie à la frontière entre Russie et Biélorussie

Autre exclave russe minuscule, Dubki, sur les rives du lac Peïpous. Situé à la frontière entre la Russie et l’Estonie, Dubki est un tout petit village russe ne comptant qu’une dizaine d’habitants. Localisé sur la péninsule du Lac Peïpous, lui-même situé sur la frontière entre Russie et Estonie, le petit village de Dubki faisait à l’origine partie de l’Estonie indépendante dans les années 1920. 

Après la Seconde Guerre mondiale, la Russie annexe le village et ses terres voisines. Malgré sa situation enclavée, cela ne posait pas de gros problèmes vu que l’Estonie faisait partie de l’URSS. Mais depuis la chute de celle-ci, et la fermeture des frontières entre les deux pays, la situation a changé. La seule manière pour les Russes d’accéder au village de Dubki est alors devenue la traversée du lac Peïpous. 

Le cas particulier de Baïkonour

On vient de le voir, la plupart des exclaves russes sont en réalité des héritages de l’URSS. Mais il existe aussi une exclave au statut bien particulier. 

Fait peu connu, la Russie possède une exclave un peu insolite sur le territoire du Kazakhstan. En effet, la Russie administre le cosmodrome de Baïkonour. Situé au centre du Kazakhstan, proche de la ville de Baïkonour, ce cosmodrome sert de base de lancement spatial depuis 1956

Lancement d’une fusée Soyouz à Baïkonour en 2003.
Lancement d’une fusée Soyouz à Baïkonour en 2003.

À la chute de l’URSS, le Kazakhstan devient indépendant. Sauf que cela pose problème à la Russie. En effet, pour lancer des engins dans l’espace, il faut être le plus proche possible de l’équateur. Le territoire russe se trouvant trop au nord, il était difficile d’envisager un déménagement de la base spatiale sur le territoire russe. 

Le nouveau président russe Boris Eltsine décide donc de continuer à utiliser le cosmodrome de Baïkonour comme base de lancement russe. En 1994, la Russie et le Kazakhstan signent un accord. La Russie loue au Kazakhstan un territoire de 6700 km² autour de Baïkonour. Cette exclave spatiale temporaire est un des très rares cas de territoire en location

En 2004, les deux pays signent un nouvel accord, prolongeant la location jusqu’en 2050. Baïkonour a le statut de “ville de niveau fédéral”, au même titre que Moscou ou Saint-Pétersbourg. Son maire est d’ailleurs nommé par un accord mutuel entre le président russe et le président kazakh, mais sur proposition du président russe.

Les exclaves russes sont donc multiples. Multiples par leurs aspects, par leurs grandeurs, entre petit village et grande région. Multiples également par leurs origines: Héritage soviétique, butin de guerre pour Kaliningrad, ou importance stratégique pour Baïkonour. On pourrait également considérer la Crimée comme une exclave russe. Annexé en 2014 par la force, ce morceau d’Ukraine n’est pas directement relié au territoire russe. Avec le déclenchement de la guerre en 2022, Russes et Ukrainiens se disputent à nouveau la Crimée. À ce jour, l’ONU ne reconnaît pas la Crimée comme un territoire russe

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