Depuis la révolution bolchevique de 1917, les services de renseignement russes ont joué un rôle central dans la politique de sécurité du pays. Avec la création du KGB au début de la guerre froide, les techniques d’espionnage de l’ancienne URSS se sont particulièrement développées. L’espionnage russe n’a ensuite cessé de redoubler d’ingéniosité et d’inventivité. Le béluga espion Hvladimir retrouvé au large des côtes norvégiennes en août 2024 en témoigne. L’événement a fait le tour de la presse internationale et montre aussi qu’aujourd’hui, le service d’espionnage russe joue un rôle majeur dans l’influence de la Russie à l’échelle mondiale.
Ingérence russe aux États-Unis
“Les services secrets sont les seuls à pouvoir agir sans provoquer la guerre”, selon Constantin Melnik, et dans ce domaine, les services d’espionnage russes semblent être très performants. Agents doubles, animaux espions, piratage informatique : les techniques d’espionnage de l’ancienne URSS ont beaucoup fait parler d’elles ces dernières années. Parmi les affaires qui ont fait scandale dans la presse internationale, les accusations d’ingérence russe dans les élections américaines de 2016 sont les plus marquantes. La campagne du futur président Donald Trump aurait été activement soutenue par des espions russes infiltrés aux États-Unis.

Selon les derniers rapports, l’ingérence russe se serait appuyée sur trois outils. On évoque des tentatives d’intrusion dans l’infrastructure des systèmes de vote, la diffusion d’e-mails du Parti démocrate volés par piratage, et une campagne sur les réseaux sociaux. Toutefois, les enquêteurs ne furent pas en mesure de porter des accusations officielles envers le candidat du parti républicain. Quoi qu’il en soit, Donald Trump fut bel et bien élu président des États-Unis en 2016.
Hvladimir, le beluga espion de Poutine
Plus récemment, l’affaire du béluga espion de Poutine fait également beaucoup parler d’elle. Dans le même temps, Hvaldimir est probablement devenu le béluga le plus célèbre de l’histoire. Surnommé le “béluga espion”, Hvaldimir est devenu un véritable phénomène médiatique. En 2019, des pêcheurs retrouvent une baleine blanche au large des côtes norvégiennes, équipée d’un harnais portant une inscription en russe : “Équipement Saint-Pétersbourg”. Cet événement suscite immédiatement des soupçons, et le béluga est associé à un nouveau programme d’espionnage russe.

En effet, sa capacité à communiquer avec les êtres humains intrigue. Hvaldimir se montre capable d’interagir de manière ludique avec eux. Retrouvé mort dans les eaux norvégiennes en 2024, sa mystérieuse disparition soulève à nouveau des questions. Les dernières théories concernant l’élevage de bélugas évoquent leur entraînement possible à poser des bombes sous les coques de bateaux. Bien que l’histoire soit étouffée par les médias, l’idée que le béluga soit un animal espion dressé par les services de renseignement russes reste bien présente dans les esprits.
Le bal des taupes
L’ère des espions est véritablement née durant la Guerre froide. En effet, cette période est présentée comme le « bal des taupes ». Une expression qui évoque la guerre du renseignement entre les deux grandes organisations, américaine et soviétique. La plus emblématique d’entre elles est toutefois le KGB. Créé en 1954, le KGB est devenu l’agence de renseignement la plus importante au monde. Depuis sa création, elle aurait recruté près de 1,5 million d’informateurs. Une efficacité redoutable dont certains cas connus aujourd’hui marquent encore l’histoire de l’espionnage. Voici quelques-unes des histoires d’agents doubles les plus célèbres.

En Angleterre, les « Magnificent 5 » ou « les Cinq de Cambridge » furent recrutés par les Soviétiques vers 1935. Flamboyants rejetons de l’aristocratie britannique, ils formèrent la plus brillante brochette de taupes de la Guerre froide. S’étant liés à l’université sous les auspices de l’antifascisme, ils trahirent par idéal, n’acceptant jamais la moindre rémunération pour leurs informations.
KGB : ses agents doubles redoutables
- Anthony Blunt, immense historien de l’art, fut conservateur des collections royales. Dénoncé en 1963, sa trahison fut classée secret d’État jusqu’à ce qu’en 1979, Margaret Thatcher trouve un intérêt politique à en faire un scandale national.
- Kim Philby, fils d’espion, a trompé le MI6 pendant trente ans, manquant même de peu d’en prendre la tête. Ses responsabilités lui permirent d’avertir à temps ses anciens camarades démasqués. Soupçonné à son tour, celui qui inspira à John le Carré son personnage de Smiley se réfugia en URSS en 1963.

- Aldrich Ames, surnommé « la taupe la plus chère de l’histoire », est une autre figure marquante. Officier de la CIA et agent double du KGB, il trahit presque tous les agents et taupes de l’Ouest. Une quinzaine d’entre eux furent fusillés. D’après la version officielle, Aldrich Ames vendit ses secrets aux Russes pour épurer ses dettes de jeu. En échange de quelques diamants, d’une datcha et de 5 millions de dollars, il mena une double vie extravagante. Ayant déjoué par deux fois le détecteur de mensonges, Ames flambait sans retenue, s’offrant une Jaguar et des tableaux de maître, tout en sortant de ses bureaux des documents top secrets dans de simples sacs en plastique. Une désinvolture qui lui fut fatale. L’homme finira ses jours dans le triste décor d’une prison de haute sécurité.
Aujourd’hui, les scandales médiatiques autour des opérations présumées des services secrets russes, qu’ils concernent le piratage informatique, l’utilisation d’animaux espions ou les assassinats ciblés, rappellent que ces pratiques restent un levier d’influence stratégique pour Moscou. Si la guerre froide a marqué l’âge d’or de l’espionnage traditionnel, l’ère moderne a ouvert une nouvelle dimension où l’information et la désinformation jouent un rôle clé.