Thomas Alexandre Dumas, dit le général Dumas, est un général de la Révolution française. Il est le premier général de l’armée française ayant des origines afro-caribéennes. Le général prit notamment part à la guerre de Vendée (1793-1796) et à la guerre des Alpes (1792-1797). Il est également le père de l’écrivain Alexandre Dumas.
L’ascension de Thomas Alexandre Dumas
Thomas Alexandre Dumas est né en 1762 à Saint-Domingue (actuel Haïti), qui était, à l’époque, une colonie française. Il est le résultat de l’union d’un noble normand à une esclave noire que son père a affranchie afin de l’épouser. Cependant, avant de retourner en métropole, son père vend ses quatre enfants. Thomas Alexandre est donc vendu à réméré, c’est-à-dire avec possibilité de rachat ultérieur.
Racheté par son père peu de temps après, il le place en pension à Paris où Il reçoit l’éducation classique d’un jeune noble de l’époque. Il consacre ses matinées à l’étude et ses après-midis au maniement des armes. À 24 ans, il s’engage pour huit ans dans l’armée, dans le régiment de La Reine dragons. Il est simple cavalier sous le nom d’Alexandre Dumas.
Le général Dumas : une figure de l’armée française
Le 17 juillet 1791, en pleine Révolution française, des milliers de Parisiens se rendent au Champ-de-Mars. Ils exigent l’abdication du roi après sa fuite à Varennes, considéré comme une trahison par le peuple. On demande alors à La Fayette de réprimer la manifestation pour protéger cette monarchie constitutionnelle nouvelle. Le 6e dragons dont Dumas commande une section s’impose comme le garant du maintien de l’ordre.
Il devient général de division le 3 septembre 1793 et commande le camp de Mons-en-Pévèle. Il a 31 ans et il est le premier général d’origine afro-antillaise de l’armée française. À sa suite, plusieurs militaires de couleur, originaires de Saint-Domingue, deviennent généraux. En décembre 1793, le Comité de Salut Public le nomme commandant en chef de l’armée des Alpes. Ce dernier est alors responsable de 45 000 hommes. Il remporte la guerre des Alpes face à l’Italie notamment grâce à une ruse. Il fait revêtir à ses hommes une chemise blanche, quand le bleu des uniformes sur la neige avait entraîné la mort de nombreux hommes auparavant dans la région.
Napoléon Bonaparte choisit Dumas en 1798 pour commander la cavalerie de l’armée d’Orient mais Dumas est rapidement fait prisonnier. À son retour en France, à l’époque du Consulat, en 1802, il est victime des licenciements massifs qui ont lieu au moment de la paix d’Amiens.
Mort et héritage du général Dumas
Après sa mort en 1806, Dumas reste ignoré de la plupart des historiens de l’Empire. Ce n’est que près d’un siècle plus tard, en 1887, que son nom réapparaît. Il est attribué au fort de la Malmaison dans l’Aisne. Plus tard, en 1913, la Ville de Paris érige une statue exaltant ses origines africaines dans le 17e arrondissement. Anatole France soutient le projet. Mais plus tard, la statue sera fondue sous le régime de Vichy, dans le cadre de la mobilisation des métaux non ferreux. Finalement en 2021, le Conseil de Paris vote à l’unanimité sa reconstruction à l’identique. Le nom du général Dumas est également inscrit sur le côté sud de l’Arc-de-Triomphe, à Paris. Cet hommage nuance la relation tumultueuse entre Napoléon Bonaparte et le général Dumas à propos d’une stratégie militaire lors de la guerre d’Égypte.
« Le plus grand des Dumas, c’est le fils de la négresse. Il a risqué soixante fois sa vie pour la France et est mort pauvre »(Anatole France,1913).
Le monde, 2021
Lorsque le général Dumas meurt, son fils, le futur écrivain Alexandre Dumas, est alors âgé de 3 ans et 7 mois. A l’instar de la carrière de son père, Alexandre Dumas écrit des récits historiques tels que la trilogie des mousquetaires (Les Trois Mousquetaires (1844), Vingt Ans après (1845) et Le Vicomte de Bragelonne (1847–1850)), ou encore Le Comte de Monte-Cristo (1844–1846).
Ainsi, étant le résultat d’une union insolite pour l’époque, le général Dumas réalise une brillante carrière militaire pendant la Révolution française. Cependant, le personnage emblématique de la guerre des Alpes est resté pendant longtemps dans l’anonymat puis dans l’ombre de son fils, Alexandre Dumas, devenu un écrivain symbolique de la France.