Édité aujourd’hui par Hasbro, le Monopoly est sans doute l’un des jeux de plateau les plus connus au monde. Même les McDonald’s ont intégré le jeu dans leur service de restauration, ouvrant la voie à tout un trafic de tickets dans l’espoir de remporter les fameuses récompenses à la clé. Si, depuis près d’un siècle, le succès du Monopoly n’est plus à prouver, il est amusant de se rappeler qu’à l’origine, le plateau du Monopoly était davantage une critique sociale qu’un jeu familial.
Aux origines du Monopoly : une création engagée
Le Monopoly trouve son origine dans The Landlord’s Game, un jeu conçu en 1903 par Elizabeth Magie, une militante américaine opposée aux monopoles. La création du jeu repose sur un constat : les gens cherchent toujours à engranger davantage de capital. Le concept du jeu est alors le suivant : acheter des propriétés, des chemins de fer et percevoir des loyers. La vie, quoi. Dans deux coins, il y avait une case « Aller en prison » et une autre « Aller au parc ». Chacun son mood.

Au départ, le jeu créé par Elizabeth comportait deux versions : disons, une gentille et une fripouille. L’une récompensait tous les participants et encourageait le partage, tandis que l’autre permettait à un seul joueur de tout s’accaparer et de ruiner les autres. C’est cette dernière qui est devenue le Monopoly.
En 1904, elle brevette son jeu sous le nom de Economic Game Company. Dans un premier temps, il se développe à travers la société new-yorkaise et est notamment très utilisé dans les cercles universitaires et progressistes.
L’appropriation et la commercialisation
Dans les années 1930, un certain Charles Darrow, au chômage pendant la Grande Dépression, découvre une version du jeu (largement modifiée) et décide de l’améliorer avec des illustrations colorées et un design plus attrayant. En 1935, il propose le jeu à la société Parker Brothers. Bien que rejeté au début, Parker Brothers finit par l’acheter et le brevette au nom de Darrow.

Cependant, l’histoire ne s’arrête pas là : Parker Brothers découvre plus tard qu’Elizabeth Magie était la véritable inventrice. Toutefois, il ne lui versera que 500 dollars pour les droits, sans lui accorder de reconnaissance publique.
Le Monopoly devient alors l’un des jeux de société les plus vendus au monde. Il s’adapte à de nombreuses cultures avec des éditions locales (Monopoly Paris, New York, Tokyo…). Pendant la Seconde Guerre mondiale, des versions spéciales étaient même utilisées par les Alliés. Elles servaient à cacher des cartes et de l’argent destinés aux prisonniers de guerre.
Ironiquement, alors que le jeu était censé dénoncer les excès du capitalisme, il est aujourd’hui souvent utilisé comme un symbole de réussite financière. Aujourd’hui, pour éviter l’aspect répétitif de certaines parties, il offre de nombreuses variantes (Monopoly Électronique, Monopoly Mario, MonopolyTricheurs…).