Photographie d'une tige de plante parsemées d'épines. César Culture G

Les plantes aussi se défendent contre leurs prédateurs


Il est facile de s’imaginer les plantes comme des organismes sans défenses. Immobiles ou presque, ne pouvant fuir ou attaquer comme un animal le ferait… Pourtant, en dehors du cadre de la pollinisation, elles n’ont pas grand intérêt non plus à se faire grignoter. Elles ont donc elles aussi leurs propres mécanismes de défenses contre les herbivores, qui ne manquent pas de variété et pour certains d’originalité !

Les barrières physiques des plantes

La structure même des plantes constitue la première barrière contre les herbivores. Nombre de plantes ont sur leur surface des éléments qui peuvent réduire leur accès pour les herbivores. Certaines plantes portent par exemple des feuilles, des racines ou des tiges qui sont transformées en épines. C’est le cas de nombreux arbres et arbustes tels que les acacias, certaines aubépines ou le houx. D’autres peuvent arborer des trichomes sur la surface de leurs feuilles. Les trichomes sont des excroissances qui ressemblent à de petits poils et peuvent être présents sur les feuilles, les racines ou les tiges.

Photographie d'une plante recouverte de trichomes. César Culture G
Des trichomes à la surface d’une plante.

Ces poils défensifs peuvent entraver, piéger voire tuer les insectes phytophages. Ils peuvent parfois même repousser d’autres herbivores, comme certains mammifères, en diffusant des composés chimiques toxiques. Et puis quitte à avoir des épines et des trichomes, ceux-ci ne sont pas utiles que pour la défense ! Ils peuvent également jouer un rôle dans la régulation de la température et de l’eau. C’est aussi le cas du durcissement des feuilles ou de tiges. Cela peut réduire l’appétibilité de la plante, mais aussi sa digestibilité.

Les barrières chimiques des plantes

Les plantes peuvent aussi produire une grande variété de composés chimiques qui sont utiles dans la lutte contre les herbivores. Certains de ces composés peuvent réduire la palatabilité des plantes, peuvent être toxiques,voire même létaux ! Hé oui, comme certains animaux, les plantes peuvent être très dangereuses ! Parmi ces composés, on trouve notamment les phénols, dont les tanins, ou les alcaloïdes. Les tanins peuvent donner un goût amer et astringent, rendre la digestion plus difficile et affecter la croissance des herbivores qui les consommeraient. Les alcaloïdes participent à donner aux plantes des odeurs ou des goûts repoussants. Ils peuvent aussi rendre la plante toxique pour certains organismes.

En produisant et en dégageant divers composés, certaines plantes peuvent même prévenir leurs voisines du danger !

Photographie de plantes "verge d'or". César Culture G
Des fleurs de « verge d’or » (Solidago altissima), une fleur qui prévient les autres de l’arrivée de prédateurs.

La verge d’or, en plus de son curieux nom, présente une particularité intéressante. Lorsqu’un spécimen est attaqué par une espèce de chrysomèle, la chrysomèle à quatre bandes (Trirhabda canadensis), il émet des composés. Quand ceux-ci sont captés par les autres spécimens de verges d’or aux alentours, ces derniers produisent des composés toxiques pour les chrysomèles.

Des défenses originales


Certaines plantes présentent quant à elles des stratégies de défenses plus originales, notamment via la mise en place de symbioses. C’est le cas de certains acacias, qui ont formé une association mutualiste avec des fourmis. C’est un peu comme si les acacias rendaient un service aux fourmis, qui leur en rendent aussi un en retour. Dans le cas de ce duo, les fourmis trouvent un abri dans les épines creuses de l’acacia, qui les protègent des prédateurs. Elles peuvent également se nourrir de certains éléments produits par l’acacia. Et en échange, elles défendent leur hôte de ses propres prédateurs. Avec leurs morsures et leurs piqûres qui peuvent s’avérer très douloureuses, les fourmis repoussent aisément les intrus !

Photographie d'acacias, des plantes qui forment un mutualisme avec des fourmis. César Culture G
Une fourmi se nourrit de corps beltiens sur un acacia.

Certaines passiflores ont aussi développé une stratégie assez incroyable pour éviter que des papillons du genre Heliconius ne pondent sur leurs feuilles ! Les feuilles de la passiflore développent de petites excroissances qui ressemblent aux œufs des Heliconius. Ainsi, les papillons qui cherchent leur lieu de ponte pensent que la place est déjà prise et passent leur chemin. Sans œufs, pas de chenilles et les feuilles sont épargnées !

Finalement, nul besoin de pattes, de crocs ou de griffes pour se défendre ! Les plantes ne disposent pas de ces atouts, mais les leurs sont bien efficaces à leur façon. Épines, molécules émises ou associations avec d’autres organismes… Les plantes ont plus d’un tour dans leur sac pour éloigner leurs prédateurs.

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