Sortons de Paris ! Quelles ont été les capitales de la France ?

Cela ne vous aura pas échappé, Paris est la capitale de la France. Mais la ville lumière n’a pas toujours concentré les pouvoirs économiques et politiques du pays. Revenons sur ces autres villes qui, durant l’histoire, ont endossé le rôle de capitale française !

Les capitales avant que la France ne soit la France

À l’avènement des Mérovingiens, première dynastie de rois Francs, le centre du pouvoir se trouve à Tournai, en actuelle Belgique. C’est Childéric Ier, roi des Francs Saliens, qui fait de la ville la première capitale du royaume franc en 458. A sa mort en 481, son fils Clovis veut mettre fin au pouvoir romain en Gaule et part à sa conquête. Après sa victoire à la bataille de Soissons en 486 face à Syagrius, dernier général romain à régner en Gaule, Clovis choisit symboliquement de faire de cette ville la nouvelle capitale de son jeune royaume. 

Ce n’est qu’en 508 que Paris devient pour la première fois la capitale des Francs. L’ancienne Lutèce portera désormais le nom de l’ancien peuple gaulois des Parisii, premier peuple à s’être installé au bord de la Seine. 

Cependant, à la mort de Clovis en 511, le royaume se divise en quatre pour être partagé entre ses fils. Paris reste la capitale de sa région, dirigée par Childebert Ier. Les trois autres régions eurent pour capitale Reims pour Thierry Ier, Orléans pour Clodomir et Soissons pour Clotaire Ier. 

Les royaumes francs en 511 à la mort de Clovis
Les royaumes francs en 511 à la mort de Clovis

Les nombreuses capitales du Moyen-Âge

Durant les décennies qui ont suivi les règnes des fils de Clovis, le royaume Franc resta longtemps divisé. En conséquence des guerres d’influence entre les descendants mérovingiens, les sièges de pouvoir furent nombreux. Les cours royales étant itinérantes, elles emportaient avec elles le rôle de “capitale”.

Au VIIIe siècle, la dynastie mérovingienne décline. Charles Martel, puis son fils Pépin Le Bref imposent progressivement les Carolingiens comme dynastie régnante. Le pouvoir n’est toujours pas centralisé, mais un certain nombre de décisions sont prises à Quierzy, aujourd’hui petit village de 400 habitants dans l’Aisne. C’est dans ce village que Charles Martel décède en 741, puis que Pépin le Bref reçoit le pape pour signer la création des États pontificaux en 754. Selon certains historiens, Charlemagne y serait même né autour de 742. 

Une fois roi, Charlemagne décide de gouverner son royaume depuis Aix-la-Chapelle, actuellement en Allemagne, à partir de 794. Cette cité thermale située au carrefour des routes commerciales européennes resta la capitale carolingienne durant une cinquantaine d’années, Charlemagne y sera même couronné empereur en 800. 

Charlemagne visitant la construction de son palais à Aix-la-Chapelle
Charlemagne visitant la construction de son palais à Aix-la-Chapelle

Après quelques années d’errance suite à la mort de Charlemagne, la capitale se fixe de nouveau sur Paris durant plusieurs siècles. Mais le déclenchement de la guerre de 100 ans pousse la cour à fuir à nouveau. Après Bourges, puis Troyes, Charles VII s’installe à Tours. La ville devient capitale de la France entre 1430 et 1530.

Il fallut attendre François Ier en 1528 pour voir le roi revenir à Paris. Même si la cour séjourne souvent dans les châteaux de Blois ou de Fontainebleau, le centre décisionnel reste Paris.

Cela ne dura qu’un temps, puisque Henri III est contraint à l’exil en 1588, durant les guerres de religion. Tours redevient alors la résidence principale du pouvoir royal. C’est Henri IV qui finit par reprendre Paris en 1594, suite à sa conversion au catholicisme. 

Époque moderne: La capitale aux temps des guerres modernes

Après une période médiévale mouvementée, Paris retrouve durablement sa place. 

Malgré le déplacement de la cour à Versailles en 1682 par Louis XIV, Paris reste la capitale officielle. Versailles resta la résidence royale jusqu’à la Révolution en 1789, où les révolutionnaires obligèrent le roi à revenir à Paris

Il fallut attendre 1870 pour voir la capitale se déplacer à nouveau. Lors de la guerre franco -prusse, le gouvernement s’exile à Bordeaux pour échapper à l’ennemi jusqu’en 1871.

Et ce ne sera pas la seule fois où Bordeaux endossera le rôle de capitale: la situation se répète, d’abord au début de la Première Guerre mondiale, de septembre à décembre 1914. La capitale girondine portera même le nom de “capitale tragique”. 

Bis repetita en juin 1940, Paris ayant été prise par les Allemands, le gouvernement s’installe pour quelques jours à Bordeaux. 

Après la victoire de l’Allemagne nazie, l’armistice signé par le Maréchal Pétain place Bordeaux en zone occupée. Le gouvernement s’installe d’abord à Clermont-Ferrand, mais la ville ayant des capacités d’accueil limitées, c’est finalement Vichy qui deviendra la capitale du régime qui portera son nom.  

Pétain au balcon de l'Hôtel du Parc, siège du gouvernement à Vichy à partir de juillet 1940
Pétain au balcon de l’Hôtel du Parc, siège du gouvernement à Vichy à partir de juillet 1940

En opposition à cette France qui collabore, le Général De Gaulle choisit Brazzaville comme capitale de la France Libre en 1940. Alors située au cœur de la colonie d’Afrique équatoriale française, la future capitale du Congo reste la capitale de la France libre jusqu’en 1943, avant de déménager à Alger

Il fallut attendre la libération de Paris, le 25 août 1944 pour que le pouvoir revienne s’y installer, cette fois de manière définitive

En résumé, l’exploration de ces différentes capitales témoigne de l’histoire tumultueuse du pouvoir français. Des plaines germaniques, où les Francs sont nés, jusqu’à l’établissement définitif du pouvoir à Paris, ces changements de capitale montrent comment l’Histoire a façonné le paysage politique français au fil des siècles.

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