Photographie montrant un ver à fesses de cochon, un des habitants des eaux profondes présentés dans l'article. César Culture G

Les animaux les plus étonnants des eaux profondes

Les eaux profondes désignent la zone des océans s’étendant au-delà des 200 mètres de profondeur, jusqu’aux abysses. Dès les premières centaines de mètres de profondeur, la vie est difficile et se fait moins abondante qu’à la surface. La faune doit y affronter un lieu de vie sombre et froid, avec une pression de l’eau élevée, peu d’oxygène et pas beaucoup plus de sources de nourriture. Elle a dû s’adapter à ces conditions et revêt parfois des allures au-delà de l’étrange.

Le grand avaleur, un poisson à l’estomac extensible

Le grand avaleur (Chiasmodon niger) est un poisson abyssal présent en Atlantique, où il est assez commun. Il fréquente les eaux entre 700 et 2 745 mètres de profondeur. Ce poisson ne mesure qu’une vingtaine de centimètres au maximum. Pourtant, d’autres animaux bien plus grands que lui doivent tout de même s’en méfier ! En effet, il ne porte pas son nom pour rien. Ses mâchoires et son estomac sont si extensibles qu’ils lui permettent d’avaler des proies qui font jusqu’à 4 fois sa taille !

Photographie d'un grand avaleur mort, avec son estomac très extensible qui contient une proie plus grosse que lui et que l'on distingue un peu par transparence. César Culture G
Un grand avaleur avec une proie plus grosse que lui dans son estomac.

Les yeux plus gros que le ventre ? Ce poisson n‘en a que faire ! Il se nourrit ainsi d’autres poissons ou de céphalopodes, qu’il avale en entier.

L’éponge lyre, hermaphrodisme en eaux profondes

Eh oui, s’il faut le rappeler, les éponges sont bel et bien des animaux ! Découverte seulement en 2012, l’éponge lyre (Chondrocladia lyra) fait partie d’une famille regroupant principalement des éponges marines vivant dans les profondeurs. Elle occupe les fonds marins au large de la côte ouest des États-Unis, entre 3 300 et 3 500 mètres de profondeur.

C’est sa structure de base, nommée aube, qui fait son originalité. Rappelant les formes d’une harpe ou d’une lyre, elle est faite de multiples branches se terminant par des boules. Et si à première vue on ne voit pas trop comment elle peut se nourrir, il faut savoir qu’il s’agit pourtant d’une espèce d’éponge carnivore ! Elle dévore notamment des crustacés, qui viennent se piéger sur les crochets qui recouvrent tout le corps de l’animal. Une membrane recouvre ensuite les proies pour que l’éponge puisse les digérer.

Photographie d'une éponge lyre, une éponge des eaux profondes, où l'on voit ses nombreuses branches en forme de lyre. César Culture G
Une éponge lyre et ses longues branches rappelant l’instrument de musique qui lui a donné son nom.

Autre fait étonnant sur l’éponge lyre : comme la murène-ruban ou les limaces de mer, elle est hermaphrodite ! Les boules à ses extrémités sont en fait des spermatophores, qui peuvent émettre des gamètes mâles. D’autres excroissances sont présentes au milieu des branches. Celles-ci sont le siège de production des ovocytes.

Le ver à fesses de cochon, un animal qui porte bien son nom ?

Pour celui-ci, on reste du côté de la Californie ! Le ver à fesses de cochon (Chaetopterus pugaporcinus) a été décrit pour la première fois en 2007. Il occupe les eaux profondes de la baie de Monterey, au sud de San Fransisco. Quelques observations ont aussi été faites plus près de chez nous, aux alentours des îles de la Manche. On peut le rencontrer entre 820 et 2 200 mètres de profondeur.

Si son nom peut prêter à sourire, il est en réalité assez fidèle à l’apparence de ce ver. Ce petit animal, de 1 à 2 cm seulement, a une forme qui peut évoquer un arrière-train rebondi.

Photographie montrant un ver à fesses de cochon, un des habitants des eaux profondes présentés dans l'article. César Culture G
Un ver à fesses de cochon, avec sa forme particulière.

Comme de très nombreux organismes marins, ce ver est capable d’émettre de la lumière, un phénomène connu sous le nom de bioluminescence. Autre étrangeté à propos de ce ver : les scientifiques qui l’ont décrit ne savent pas s’il s’agit d’une forme larvaire ou adulte. Les individus présentent en effet des caractéristiques à la fois de larves et d’adultes, ne permettant pas de trancher clairement.

Le poisson revenant, le fantôme des eaux profondes

Le poisson revenant (Macropinna microstoma), cette fois, est une espèce connue depuis plusieurs décennies. Néanmoins, il n’a été photographié vivant qu’à partir de 2004. Occupant généralement des profondeurs allant de 500 à 1 260 mètres, on peut le trouver dans tout le Pacifique nord. Il s’agit d’un animal solitaire et rare à observer.

Le poisson revenant est lui aussi un petit poisson (15 cm environ), mais avec une particularité étonnante. Une partie de sa tête est transparente et laisse voir des yeux proéminents à l’intérieur. Car oui, ses yeux sont à l’intérieur de sa tête !

Photographie d'un poisson revenant, avec son crâne transparent dans lequel se trouvent deux gros globes oculaires. César Culture G
Un poisson revenant, avec son crâne transparent et ses deux grands yeux à l’intérieur.

Si vous pensez que ses yeux sont les deux espèces d’orifices au-dessus de sa bouche, vous vous trompez. Ceux-ci sont en fait ses narines. Ses yeux, ce sont bien les deux grosses boules à l’intérieur de son crâne ! Leur taille permet de mieux capter la moindre lumière qui atteint les profondeurs où il vit. En plus, ils sont grandement mobiles. Ils peuvent se diriger vers l’avant ou regarder au-dessus du poisson.

L’océan regorge de trésors de biodiversité. Si les animaux s’abritant dans les profondeurs marines ne sont peut-être pas les plus charismatiques qu’héberge notre planète, ils ont le mérite d’étonner. De plus, étant difficiles à explorer, les profondeurs marines sont encore très méconnues. Alors qui sait, d’autres créatures encore plus étranges pourraient bien être découvertes à l’avenir !

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