Image d'un fœtus en développement. César Culture G

Le microchimérisme : quand notre corps héberge les cellules d’autres personnes

Connaissez-vous parfaitement le corps humain ? Si oui, vous savez peut-être déjà qu’il est possible d’abriter au sein de son propre corps des cellules ou de l’ADN provenant d’un autre individu. Si non, vous croyez peut-être qu’il s’agit d’une introduction à un scénario de science-fiction. Pourtant, il s’agit bien d’une réalité, qui porte un nom : le microchimérisme.

Qu’est-ce que le microchimérisme ?

Comme introduit plus tôt, le microchimérisme désigne un échange de cellules, en faible quantité, entre un individu et un autre. Un individu reçoit des cellules portant les informations génétiques d’une autre personne et les garde en lui. Ces cellules « étrangères » peuvent être présentes selon les cas dans le sang, les tissus ou divers organes du receveur. Contrairement à la plupart des cellules étrangères, le système immunitaire ne les élimine pas. Ces cellules microchimériques ne forment qu’une infime partie de toutes les cellules de notre corps, mais cela pourrait suffire à induire des effets chez les receveurs !

Le microchimérisme a été démontré chez l’être humain, mais également chez d’autres animaux. Il reste cependant un concept relativement récent, le terme n’ayant été introduit pour la première fois qu’en 1977. Et il semblerait qu’il ait encore bien des secrets à révéler !

Comment devient-on une chimère ?

Chez l’humain, le microchimérisme intervient principalement à travers un mécanisme particulier : le microchimérisme fœtal.

Image représentant un fœtus relié à son parent, permettant le microchimérisme. César Culture G
Un fœtus en développement, un stade qui permet l’échange de cellules.

Dans le cas du microchimérisme fœtal, ce sont les cellules d’un embryon ou d’un fœtus qui sont transmises à la personne qui le porte. Cette dernière peut garder ces cellules en elle bien après l’accouchement, potentiellement même toute sa vie. Elle peut même porter des cellules fœtales de grossesses interrompues. Et puisqu’elles sont présentes dans l’organisme du parent porteur, les cellules d’un fœtus peuvent même plus tard être transmises aux fœtus et enfants suivants ! Car oui, cet échange fonctionne dans les deux sens : du fœtus au parent porteur, et du parent porteur au fœtus. Ainsi, grâce à ces échanges, le ou la benjamine de la famille peut porter des cellules de tous ses aînés. Ces échanges de cellules sont aussi possibles entre des enfants jumeaux.

Des échanges de cellules peuvent également survenir suite à une transplantation sanguine ou une greffe d’organes.

Les cellules chimériques pourraient contribuer à la réparation de tissus

Les conséquences du microchimérisme sur les organismes receveurs, qu’elles soient positives ou négatives, sont encore en partie méconnues et mal comprises.

Du côté des conséquences positives, il semblerait que dans le cas du microchimérisme fœtal les cellules microchimériques puissent contribuer à la réparation des tissus altérés du parent. Chez l’humain, une régénération au niveau du foie ou du cerveau pourrait être possible grâce à des cellules fœtales microchimériques. L’implication directe des cellules microchimériques dans ces mécanismes n’est cependant pas encore avérée.

Un lien entre microchimérisme, maladies auto-immunes et cancers ?

Malheureusement, le microchimérisme pourrait potentiellement avoir aussi des conséquences négatives. Si ces mécanismes sont encore mal connus, le microchimérisme pourrait être impliqué dans certaines réponses inflammatoires. Il pourrait notamment favoriser le déclenchement de maladies auto-immunes. Ce lien est néanmoins largement débattu par la communauté scientifique et est à prendre avec moults pincettes.

Le lien entre microchimérisme et cancers a également été exploré, sans mener à des résultats très évidents. Pour certaines études, le microchimérisme fœtal pourrait augmenter l’immunosurveillance et avoir un effet protecteur contre certains cancers. Il pourrait également augmenter le temps de survie et la réponse aux traitements chez les personnes atteintes. Pour d’autres études en revanche, la présence de cellules d’autres individus pourrait au contraire favoriser le développement des cancers, notamment via des mécanismes inflammatoires. Là aussi, ce paragraphe est à relativiser, ce lien soulevant encore des questions au sein de la communauté scientifique.

Nous hébergeons tous et toutes des cellules d’autres individus. Si cela peut sembler étrange au premier abord, il s’agit en fait d’un phénomène très fréquent. Celui-ci pourrait avoir des conséquences, positives comme négatives, mais ce champ reste encore largement à explorer par la recherche.

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