Si vous avez déjà effectué le trajet Bordeaux-Lyon en TGV, vous savez à quel point c’est contraignant. Pour réaliser ce parcours, un voyageur est systématiquement contraint de passer par Paris, en plus de devoir changer de gare. Une excuse pour aller manger au Bouillon ? Non, clairement pas. Alors, pourquoi les gares provinciales sont-elles si mal connectées entre elles par le réseau ferroviaire français ?
L’héritage historique du réseau ferroviaire français
Au XIXe siècle, alors que la France était en plein essor industriel, Paris s’est affirmée comme le cœur battant du pays. En conséquence, le réseau ferroviaire s’est développé de manière radiale autour de la capitale. Chaque compagnie ferroviaire privée, avant la nationalisation en 1938, exploitait ses propres lignes reliant directement les provinces à Paris. Cette situation a mécaniquement créé un réseau centré sur la Ville Lumière. Elle a aussi compliqué les voyages entre les villes non desservies par la même compagnie.
Le 1er janvier 1938, l’exploitation de l’ensemble de ces réseaux a été transférée à la nouvelle Société Nationale des Chemins de Fer Français (SNCF). La SNCF a ainsi unifié la gestion du réseau ferroviaire national, auparavant morcelée entre différentes entités privées. Cependant, pour changer de train, il fallait souvent passer par Paris, rendant la capitale incontournable.
Malgré la création de la SNCF, cette centralisation reflète la réalité économique et politique de l’époque. Paris, centre névralgique, influençait tous les aspects de la vie, y compris les déplacements. Aujourd’hui, bien que le réseau ait évolué, cette structure historique reste gravée dans notre patrimoine ferroviaire.
Une volonté de mieux connecter les villes françaises entre elles
Le plan Freycinet, à la fin du XIXe siècle, avait déjà tenté de mieux connecter les villes françaises par le réseau ferroviaire en reliant toutes les sous-préfectures et un maximum de chefs-lieux de canton au réseau. Cependant, bien qu’ambitieux et prometteur, ce programme d’investissement massif n’a pas pu empêcher la centralisation démesurée du réseau autour de Paris.
Dans les années 1970, la France a commencé à réfléchir sérieusement à la modernisation et à la diversification de son réseau ferroviaire. Le but était, cette fois, de faciliter les déplacements interrégionaux et de réduire la congestion autour de Paris. Le lancement de la première ligne TGV en 1981, reliant Paris à Lyon, a marqué le début d’une nouvelle ère pour le transport ferroviaire en France.
Le succès du TGV a rapidement encouragé l’extension du réseau à grande vitesse vers d’autres grandes villes. Des lignes TGV permettent désormais de connecter directement des métropoles comme Marseille, Lille, Strasbourg, Bordeaux et Nantes entre elles. Cette nouvelle infrastructure a considérablement réduit les temps de trajet. Elle a aussi rendu les voyages plus rapides et plus pratiques pour les passagers.
Les projets récents continuent sur cette lancée, avec des plans ambitieux pour créer de nouvelles lignes. L’accent est mis sur l’amélioration de la connectivité entre les grandes villes régionales, favorisant ainsi une meilleure cohésion territoriale. Par exemple, les Lignes à Grande Vitesse (LGV) Bordeaux-Toulouse et Provence-Côte d’Azur illustrent cette volonté de renforcer les liens entre les régions sans passer par Paris.
Ainsi, le réseau ferroviaire français, historiquement centré sur Paris, évolue grâce aux lignes TGV. En améliorant la connectivité entre les villes de province, la SNCF rend les trajets plus rapides et efficaces pour tous. Reste à voir si on reliera, un jour, Bordeaux et Lyon en TGV…