Aux origines du génocide Cambodgien entre 1975 et 1979 

« Vous êtes dépositaires de cette mémoire, racontez la autour de vous, afin que les générations d’aujourd’hui, comme celles de demain s’efforcent de faire triompher partout, la dignité humaine, la compassion, et la paix ». Voilà les mots que l’on entend à la fin de la visite du mémorial « S-21 » à Phnom Penh, la capitale du Cambodge. Cet ancien camp d’extermination aura été le théâtre d’un chapitre de l’histoire souvent oublié par les programmes scolaires français: l’histoire du Cambodge entre 1975 et 1979, l’histoire du génocide cambodgien… 

Des enfants touchants les ossements des victimes du génocide

Le Kampuchea et le régime Khmer Rouge: l’histoire d’un génocide 

Entre 2 et 3 millions. Ce serait le nombre de victimes directes et indirectes du régime Khmer Rouge. C’est pour cette raison que depuis 2018, le tribunal des Nations Unies a considéré cette tragédie comme un génocide. 

Sous prétexte d’un “futur bombardement”, le régime évacue Phnom Penh dans des conditions inhumaines en 1975. Entre 10 et 20 000 personnes y perdent la vie. La véritable raison ? Le régime considère la vie en ville mauvaise et corrompue, obligeant toute la population à « se purifier en retournant aux champs ». La suite ? Tous les professeurs, tous les avocats, tous les médecins, toutes les personnes vivant en ville, toutes les personnes ayant des lunettes ou simplement les mains propres pouvaient être arrêtés. L’arrestation était en elle-même une « preuve de culpabilité ». La volonté de Pol Pot était de supprimer toutes les classes, de repartir complètement à zéro. 

Pendant un peu plus de 3 ans, « l’angkar » (ou l’organisation), contrôlait absolument tout. C’était le cas des repas, des libertés, des salaires, et du travail, causant une famine terriblement meurtrière et une restriction des libertés totale. Une division entre « citoyens complets » et « citoyens défaillants » était établie.

Au centre, en gris, le chef Pol Pot entouré d’autres membres de l’Angkar
Au centre, en gris, le chef Pol Pot entouré d’autres membres de l’Angkar

Le théâtre du génocide Cambodgien:« là où les gens entrent, mais ne ressortent jamais »

De son vrai nom Tuol Slang, la Colline de la mangue sauvage, le camp S-21 était un ancien lycée. Conçu pour former des citoyens de demain, il s’est finalement transformé en lieu où les citoyens d’hier perdirent la vie. Lorsque ces innocents entraient, ils devenaient des matricules, des numéros, des « ça » complètement déshumanisés. Seuls 12 personnes sur 20 000 s’en sont sortis. Et même ceux qui ont survécu racontent ressentir de la honte de ne pas avoir pu sauver leurs proches, de se sentir illégitime à être encore en vie. 

Parmi les atrocités que les détenus pouvaient subir, une poutre de gymnastique au milieu de la cour. Certains y étaient accrochés jusqu’à l’évanouissement, pour être réveillé dans des excréments, et ce, jusqu’à ce que mort s’en suive. Les nouveaux médecins (car ceux de formation avaient été tués) s’entraînaient sur des prisonniers encore vivants. Ceux qui voulaient mettre fin à leurs souffrances ne le pouvaient tout simplement pas.

Le camp d’extermination était à l’origine une école, expliquant les salles de classe reconnaissables sur la photo
Le camp d’extermination était à l’origine une école, expliquant les salles de classe reconnaissables sur la photo

Ce lieu est aujourd’hui un mémorial riche en histoire et fort en émotions, permettant de se rendre compte de cette atrocité. Les troupes vietnamiennes y ont mis fin en libérant le camp, en 1979.

Finalement, les conséquences du génocide Cambodgien se font encore sentir. Le pays tente encore aujourd’hui de se reconstruire et d’exercer son devoir de mémoire, comme il l’a fait pendant les procès de 2009. Ce génocide doit être enseigné et expliqué pour l’éternité, « pour que cela ne se reproduise jamais »

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