Reconstitution de Bologne

Bologne: La New-York médiévale, entre gratte ciel et sky-line

A priori, rien ne lie la gigantesque mégalopole américaine de New York, à la petite ville italienne de Bologne. Et pourtant.. Outre sa particularité d’abriter la plus ancienne université du monde, datant de 1088, ce qui lui valut le surnom de la Dotta (la savante), Bologne eut dans le temps un autre aspect plus curieux, mais moins connu. Il y avait plus d’une centaine de tours dans son centre-ville, créant ainsi une sorte de ‘New York médiévale’.

Bologne: Une ville qui semble bien différente de New York

Bologne est une ville italienne de 400 000 habitants située dans la région d’Émilie-Romagne, dans la partie nord du pays. Placée à mi-chemin entre Florence et Venise, la “ville rouge”, du fait de ses façades aux couleurs chaleureuses, regorge de monuments témoignant d’un passé riche et artistique. 

Le centre historique médiéval se concentre autour de la place principale de la ville : la Piazza Maggiore, l’une des plus belles places de toute l’Italie. Elle est entourée par de nombreux édifices et monuments datant de l’époque médiévale et de la Renaissance. Entre palais, églises et musées, il règne une atmosphère particulière dans la ville, confirmant son passé glorieux. 

Mais impossible d’évoquer Bologne sans parler des Deux Tours, les Due Torri en italien. La Tour Asinelli, et sa jumelle, la Tour Garisenda, sont certainement les monuments les plus emblématiques de la ville. Ces deux tours, mesurant respectivement 97 et 48 mètres chacune et placées côte à côte, symbolisent l’âge d’or médiéval de la ville italienne, durant lequel les habitants ont érigé plus d’une centaine de tours. Un fait très peu commun pour l’époque. 

La tour Asinelli (droite) et la Tour Garisenda (gauche) en plein cœur de Bologne
La tour Asinelli (droite) et la Tour Garisenda (gauche) en plein cœur de Bologne

Les “gratte ciel” de Bologne: Une sky-line à la New-Yorkaise

Aux XIe et XIIe siècles, les riches familles bolonaises ont fait construire de grandes tours dans la ville. Même si aujourd’hui il n’en reste qu’une petite vingtaine, ces “gratte ciel” médiévaux, symbole de pouvoir et de richesse, se sont comptés à plus d’une centaine à l’apogée de la ville. 

On ne sait pas très bien ce qui, à l’origine, a conduit à la construction de ces tours. Au XIIe siècle, il s’agissait de chantier très coûteux, et qui pouvait prendre beaucoup de temps. La construction d’une tour d’environ 60 mètres, par exemple, pouvait prendre jusqu’à 10 ans avant d’être achevée ! 

Alors à quoi servaient ces tours ? À Bologne, les familles riches avaient fait fortune dans le commerce, grâce aux canaux de la ville qui permettaient de faire transiter de grande quantité de marchandises. Ces familles ont utilisé les tours autant dans un but défensif que dans une optique de démonstration de leur pouvoir. Les habitants préféraient rarement habiter les plus hautes tours, optant plutôt pour des bâtiments plus bas. 

Et on comprend pourquoi ! Plus une tour était élevée en taille, moins elle était dotée d’ouvertures, donc très peu de fenêtres, de balcons, etc..

Reconstitution de Bologne au XIIe siècle, dessein de 1926
Reconstitution de Bologne au XIIe siècle, dessein de 1926

Bologne aujourd’hui: Où sont passés les tours ?

Souvent achevées avec vitesse, et pas toujours avec qualité, un certain nombre d’entre elles ont rapidement menacé de s’effondrer. Construites principalement à partir de petits blocs de pierre et de briques fabriquées localement, la plupart de ces tours n’avaient aucune utilité à proprement parler. Elles manquaient de pièces à l’intérieur pour vraiment servir. 

Certaines d’entre elles se sont même mises à dangereusement pencher. La Tour Garisenda par exemple, qui n’a rien à envier à celle de Pise ! Encore debout aujourd’hui, cette tour s’est inclinée avec le temps, atteignant une inclinaison de 3.8° ! Celle de Pise atteint elle 5.6° !

Photo montrant l’inclinaison impressionnante de la Tour Garisenda à Bologne
Photo montrant l’inclinaison impressionnante de la Tour Garisenda

Au XIIIe siècle, les craintes des habitants étaient de plus en plus grandes vis-à-vis de ces tours. Les habitants craignaient des effondrements imprévisibles et des dégâts sur les habitations alentour, si bien qu’ils ont lancé une campagne de démolition alors que certaines tours s’étaient déjà effondrées. Certaines furent seulement rabotées pour finalement connaître différents usages: prisons, beffrois, habitations… 

Les démolitions ont continué jusqu’en 1917 avec le dernier plan de restructuration de la ville. Aujourd’hui, il ne reste qu’une vingtaine de tours encore debout, dont la tour Asinelli et Garisenda qui sont devenues le symbole de la ville, témoignage d’un passé où la sky-line de la ville était bien plus haute. 

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