En 2025, la communauté queer est reconnue dans de nombreux milieux artistiques. Que ce soit dans l’art, la musique, la performance physique ou la mode, il en ressort une véritable identité, souvent porteuse d’une alternative aux représentations dominantes. Toutefois, aujourd’hui encore, se revendiquer queer reste une lutte constante entre oppression et libération.
L’émancipation sexuelle : des débuts mouvementés
Dans l’Antiquité, la diversité sexuelle était largement tolérée. Nombreux étaient d’ailleurs les hommes qui considéraient les rapports avec les femmes comme un pur moyen de reproduction. En parallèle, le véritable plaisir se trouvait dans les relations avec les hommes. En effet, l’homosexualité masculine était très courante dans la Grèce antique et acceptée à Rome. Il fallait tout de même respecter certaines normes. Oui, oui, ils avaient un mode d’emploi pour être un “bon homo”. Afin que les relations entre hommes soient considérées comme correctes, les deux citoyens devaient être “actifs” dans l’acte sexuel. L’Histoire ne précise pas s’il existait une police du sexe, mais cela ne semblerait pas si fou.

Du côté des Amériques, certaines cultures étaient également dans l’acceptation – et la codification – de la diversité sexuelle. C’était par exemple le cas de certains peuples amérindiens, où le genre non binaire était reconnu et défini sous le concept de Two-Spirit.
Toutefois, à partir du Moyen Âge, le queer game prend une tout autre tournure. Avec l’essor du christianisme en Europe, les relations homosexuelles commencent à être perçues comme des péchés. La répression religieuse n’aidant pas, à partir du XIIe siècle, l’Église condamne officiellement les pratiques homosexuelles. En Angleterre, les répressions seront particulièrement fortes et persistantes. En effet, la sodomie restera passible de la peine de mort jusqu’au XIXe siècle. C’est pas si loin que ça.
L’identité homosexuelle
Si, au temps de la Renaissance et des Lumières, certaines figures emblématiques sont soupçonnées d’avoir eu des relations homosexuelles. Toutefois, la tolérance reste très, très timide. S’appeler Léonard de Vinci ou Rimbaud ne suffit pas. Il faudra attendre 1869 pour que le mot “homosexuel” apparaisse officiellement. Évidemment, à cette époque, il n’est pas encore question de culture queer ou de transidentité.
Les premiers exemples connus de changement d’identité sont purement stratégiques et liés à l’émancipation des femmes. L’écrivaine de renom George Sand s’est par exemple longtemps fait passer pour un homme, notamment en changeant de nom. Elle a choisi un pseudonyme masculin afin d’être publiée et prise au sérieux dans le monde littéraire de son époque. Elle portait aussi fréquemment des vêtements d’homme. Cela faisait scandale à l’époque, mais peu importe. Cela lui permettait d’avoir plus de liberté dans ses déplacements et ses interactions. D’ailleurs, cela ne l’empêchera pas d’avoir une relation passionnée avec Chopin (potin plaisir).

En France, l’homosexualité sera dépénalisée en 1791, toutefois, cela n’empêchera pas que l’orientation sexuelle soit perçue comme une pathologie. Au XIXe siècle, les premières études médicales et psychiatriques sur l’homosexualité sont publiées. Dans les années 1920, Berlin devient un centre de la culture queer. C’est l’avènement des cabarets et des intellectuels qui prônent l’affirmation de la communauté. Évidemment, la montée du nazisme mettra rapidement un frein à l’engouement général.
Les années 1950 marquent l’entrée dans l’ère des luttes pour l’émancipation des normes sexuelles. En réponse à une forte répression – notamment aux États-Unis avec la chasse aux homosexuels sous McCarthy – des associations commencent à apparaître. En 1969, les émeutes de Stonewall à New York marquent le début du mouvement LGBTQ+ moderne. On embrasse le 69.
L’affirmation de la communauté LGBT
Ce sera véritablement dans les années 80 que l’on mettra les pleins phares sur la communauté homosexuelle. L’épidémie du sida frappe et marque profondément les esprits, entraînant une mobilisation politique et une visibilité accrue. Le mariage pour tous marquera ensuite un véritable tournant dans la lutte contre les discriminations. En 2001, les Pays-Bas seront le premier pays à rendre possible et légal le mariage homosexuel. La France suivra en 2013, puis les États-Unis en 2015. En 2025, le mariage entre personnes de même sexe est légal dans 39 pays. La Thaïlande est le dernier pays en date à avoir légalisé le mariage homosexuel.

Ces avancées reflètent une tendance mondiale vers une reconnaissance accrue des droits des personnes LGBTQ+. À l’origine, “queer” était une insulte en anglais (signifiant “bizarre”). Les militant·e·s LGBTQ+ se sont réapproprié.e.s le terme comme un mot de pouvoir et de fierté, pour défier les normes et affirmer des identités diverses.Aujourd’hui, lorsque l’on évoque la communauté LGBTQIA+, cela comprend les lesbiennes, gays, bisexuel·le·s, trans, queer, intersexes, asexuel·le·s ainsi que les personnes non-binaires, genderfluid — c’est-à-dire celles dont le genre est fluide ou en questionnement.
À notre époque, être queer dépasse la seule question de l’orientation sexuelle ou du genre. C’est également l’affirmation d’une identité politique. Cela peut se traduire par une remise en question du patriarcat ou la volonté de créer de nouveaux modèles relationnels ou familiaux, plus ouverts, inclusifs, et parfois en rupture avec les cadres traditionnels.