De la petite gerbille au grand capybara, en passant par les populaires lapins, les étranges rats-taupes nus ou les castors ingénieurs… les rongeurs forment un vaste groupe aux représentants diversifiés ! Si diversifiés que les rongeurs sont même le plus grand ordre de mammifères. Un ordre qui regroupe pas moins de 2 000 espèces, qui possèdent toutes un point commun : une paire de longues incisives. Néanmoins, comme tout groupe, il s’y cache quelques espèces moins connues du grand public. Découvrons-en cinq ensemble !
Le dègue du Chili, un animal intolérant au sucre
Nous commençons notre voyage des espèces en Amérique du Sud ! Dans les steppes du centre du Chili plus exactement, où vit le dègue du Chili (Octodon degus). Cette espèce de rongeur de taille moyenne, également surnommé dégu, fait partie des octodons.

Notre première espèce du jour vit en colonies, subdivisées en clans, eux-mêmes formés généralement d’un ou deux mâles et d’un petit groupe de femelles. Les individus d’un clan construisent leurs terriers ensemble, ce qui leur permet de construire des abris étendus et complexes. Les mâles forment des monticules à l’entrée de leurs terriers, qui reflètent leur statut hiérarchique au sein de la colonie.
Strictement herbivores, les dégus se nourrissent notamment de feuilles, de racines et d’écorces. Si cette information est peu étonnante pour un rongeur, leur alimentation réserve pourtant une surprise ! À cause d’une structure divergente de l’insuline au sein de leur organisme, les dégus ne tolèrent pas le sucre. Cela les rend particulièrement susceptibles de développer un diabète. Une particularité qui ne leur pose pas problème dans leur environnement naturel, où les sources de nourriture ne contiennent généralement pas ou peu de sucres problématiques. En revanche, en captivité, leur alimentation est un défi et peut leur amener de nombreux problèmes de santé quand elle n’est pas adaptée.
Le campagnol amphibie, un des rares rongeurs aquatiques de France
Retour en Europe et plus particulièrement en France, en Espagne et au Portugal pour cette seconde espèce. Le campagnol amphibie (Arvicola sapidus) ou rat d’eau affectionne les berges des cours d’eau calmes du sud-ouest de l’Europe. Les campagnols sont, avec le castor d’Europe, les seuls rongeurs aquatiques présents naturellement en France (les autres, comme le ragondin, étant des espèces importées).

Le mode de vie de ces campagnols est indissociable du milieu aquatique. Bons nageurs et plongeurs, ils occupent des terriers dont les entrées peuvent se situer sous l’eau. Ils se nourrissent de végétaux trouvés sur les rivages ou sous l’eau. L’espèce se réunit en petits groupes familiaux.
L’état des populations de campagnols amphibies en France demeure mal connu. Il semble néanmoins connaître un déclin depuis plusieurs décennies. Les causes de ce déclin ne sont pas clairement identifiées, mais pourraient être liées à des campagnes d’empoisonnement ou de piégeage, à la compétition avec d’autres espèces et à la dégradation du milieu de vie de l’espèce.
L’écureuil fouisseur, un animal à la salive redoutable
Rendez-vous cette fois en Afrique ! L’écureuil fouisseur (Xerus erythropus) est un rongeur de petite taille qui occupe les savanes de diverses régions d’Afrique (incluant une partie du Soudan, du Kenya, du Maroc, de la Mauritanie et du Sénégal).

Il s’agit d’un rongeur diurne, qui cherche sa nourriture dès la levée du jour. Celle-ci est principalement constituée de matières végétales telles que des graines, des racines ou des fruits. Il peut parfois également consommer de petits animaux ou des œufs. Bien qu’ils soient capables de grimper aux arbres, les écureuils fouisseurs passent la majorité de leur vie au sol. Ils construisent des terriers et vivent dans des groupes qui comptent généralement entre 6 et 10 individus. Ces groupes sont majoritairement constitués de femelles.
Malgré leur allure adorable, ils sont parfois craints dans les régions qu’ils occupent. Pour cause ? Leur salive qui peut contenir des streptocoques et causer de graves infections en cas de morsure. Ils peuvent aussi être porteurs de la rage et de trypanosomes, des organismes parasites pouvant eux aussi entraîner des maladies.
Le mara, un des plus grands rongeurs du monde
Le mara (Dolichotis patagonum), aussi nommé lièvre de Patagonie ou lièvre des pampas, est un rongeur endémique d’Argentine. Il s’agit d’une grande espèce, pouvant atteindre jusqu’à 81 cm de long et dépasser les 8 kg.

Sa taille fait de lui le troisième plus grand rongeur au monde, derrière le capybara et les castors. Une taille qui ne l’empêche pas d’être très rapide ; il peut atteindre les 80 km/h en pointe. Et comme si cela ne lui suffisait pas, il peut même sauter jusqu’à 2 mètres de haut !
En Argentine, il occupe les régions arides de la Patagonie. Il s’y nourrit pendant le jour de diverses matières végétales. La nuit, il s’abrite dans des terriers qu’il creuse lui-même et qui peuvent atteindre les 10 mètres de profondeur. Très social, le mara peut vivre dans des colonies comportant de nombreux individus. Vie de groupe… mais aussi vie de couple ! Ce drôle de rongeur est en effet l’un des rares mammifères à vivre en couple monogame. Des couples capables de parfois rester fidèles toute leur vie.
Le rakali, un des rares mammifères aquatiques d’Australie
On change encore de continent, avec cette fois un rongeur présent en Australie, en Tasmanie et en Nouvelle-Guinée ; le rakali (Hydromys chrysogaster) ou rat d’eau Australien. Comme l’un de ses noms vernaculaires le suggère, ce rongeur est indissociable des zones humides. C’est d’ailleurs le seul mammifère amphibie d’Australie avec l’ornithorynque !

Ce petit mammifère vit dans des terriers qu’il creuse à proximité des cours d’eau. Il s’y nourrit des ressources qu’il y trouve ; poissons, crustacés, grenouilles, insectes… Hé oui, le rakali est l’un des rares rongeurs à ne pas avoir un régime principalement herbivore !
L’espèce semble commune et abondante dans sa zone de distribution.
Sur les 2 000 espèces qui forment ensemble le groupe des rongeurs, certaines sont plus connues que d’autres. Ici, je vous ai proposé un bref tour du monde avec quelques espèces méconnues, sur lesquelles vous aurez je l’espère appris des choses ! Si le sujet vous intéresse, vous pouvez aussi découvrir des espèces de requins, de cétacés, de félins ou de canidés.