L’évolution des relations entre Taïwan et la Chine

Désormais reconnu par uniquement 13 États dans le monde, Taïwan perd ses alliés diplomatiques les uns après les autres, le dernier en date étant le Honduras. À contrario, la Chine n’a fait qu’étendre son influence depuis 1949, devenant ainsi la deuxième puissance mondiale. Mais comment expliquer ce basculement ? Comment expliquer que les relations entre ces deux pays, tous deux revendiquant l’autorité de la Chine, soient aujourd’hui au point mort ? 

En 1971, la Chine récupère le siège devant l'ONU à Taiwan
La République Populaire de Chine devant l’ONU en 1971, récupérant le siège historique de Taïwan

Les relations Chine-Taïwan sous la dictature de Tchang Kaï – Chek

En 1949, après avoir perdu la guerre civile, les nationalistes fuient sur une petite île au large du continent. C’est l’indépendance de Taïwan (désormais République de Chine) au détriment de la République populaire de Chine (qu’on appelle plus simplement la Chine). À partir de cette date, Tchang Kaï-Chek impose la loi martiale. La dictature du Kuomintang refuse toutes relations avec le continent. 

En 1954, un conflit éclate dans le détroit pour revendiquer les îles Yijiangshan et Tachen. La victoire chinoise, malgré le soutien des États-Unis à Taïwan, élargit le territoire communiste. En 1958, lors d’un deuxième conflit, les îles taïwanaises de Kinmen et Matsu sont bombardées. Un projet de débarquement a même avorté sur l’île de Dongding. Selon le Journal for Peace and Nuclear Disarmement, les Américains avaient songé à une attaque nucléaire pour défendre Taïwan. Malgré ce soutien, Taïwan perd le siège de la Chine à l’ONU en 1971. Tchang Kaï-Chek meurt en 1975.

La démocratisation à Taïwan n’est pas synonyme de meilleures relations avec la Chine

À partir de 1978, sous l’impulsion du fils de Tchang Kaï-Chek, Tchang Ching-Kuo, le pays se démocratise petit à petit. La loi martiale est levée en 1987. Il faudra cependant attendre 1996 pour voir les premières élections politiques. En attendant, les Taïwanais sont pour la première fois autorisés à se rendre sur le continent. Rappelons ici que près de deux millions de Chinois ont fui et n’ont pas vu leurs familles depuis 1949 car la dictature du Kuomintang les en empêchait. C’est aussi à cette période que les premières relations commerciales sont établies.

En 1992, une rencontre historique a eu lieu entre les deux pays
En 1992, une rencontre historique a eu lieu entre les deux pays

En 1992, une rencontre diplomatique officielle a lieu entre le Parti communiste chinois et le Kuomintang taïwanais et les relations sont officiellement encadrées par le Consensus de 1992. Les deux se mettent d’accord pour dire qu’une seule Chine existe, sans évidemment préciser laquelle est légitime… Il est également important de faire une différence entre les relations officielles (Liang’an en mandarin) et non officielles (Kua’an). Grâce à l’ouverture des frontières, de nombreux professeurs et étudiants taïwanais ont été attirés par des bourses et des financements dans la région de Fujian à l’est de la Chine. 

Depuis 2000 et la démocratisation, la République de Chine (Taïwan) voit s’alterner au pouvoir le Kuomintang, favorable à des relations avec la Chine, voire à une réunification, et le Parti démocratique progressiste qui veut une indépendance totale de l’île. Cette alternance est un symbole fort de la démocratie taïwanaise. Malgré tout, une majorité de Taïwanais, notamment les jeunes, refuse ces relations au risque de tomber dans une forme de dépendance. Le mouvement des Sunflowers en 2014 en est un exemple fort.

Le cas particulier de la présidence de Xi Jinping et de Tsai Ing Wen

A gauche, Tsai Ing Wen, présidente de Taiwan depuis 2016, à droite, Xi Jinping, président de la Chine depuis 2013
A gauche, Tsai Ing Wen, présidente de Taïwan depuis 2016, à droite, Xi Jinping, président de la Chine depuis 2013

Le président Xi Jinping a toujours répété l’inévitabilité pour Taïwan de retourner à sa « terre natale », et ce, par la force si nécessaire. Dans un message adressé aux compatriotes taïwanais en 2019, il évoque la possibilité de créer « un pays avec deux systèmes ». Les droits et les libertés taïwanaises en seraient protégés. Selon lui, « les chinois ne peuvent pas combattre des chinois », évoquant donc que les deux populations ne seraient au final qu’une seule et même entité. De l’autre côté, Tsai Ing-Wen a répondu avec le « consensus Taïwanais » de refuser cette vision, demandant au président Xi de bien vouloir respecter la souveraineté des 23 millions d’habitants de l’île. 

Finalement, les relations entre les deux pays sont toujours ambiguës malgré le temps. L’évolution des relations depuis l’élection de Lai Ching-te sera très intéressante à suivre, puisque ce dernier ne semble pas favorable à un rapprochement. Taïwan vient d’ailleurs de perdre un autre allié, Nauru. Affaire à suivre…

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