Une file d’attente devant un magasin Zara. © Cameron Spencer/Getty Images

Pourquoi l’industrie du vêtement pollue-t-elle ?

L’industrie du vêtement et du textile est le second secteur le plus néfaste pour l’environnement. Il utilise notamment 4 % des ressources en eau potable. Aussi, il est responsable de 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit plus que l’ensemble des vols et transports maritimes internationaux réunis. En Europe, ce sont quatre milliards de tonnes de textiles qui sont jetés chaque année. Comment en est-on arrivé là ?

Les origines d’une industrie néfaste pour l’environnement

L’industrie de la mode s’est longtemps résumée aux rues et aux habitants d’une poignée de capitales : Paris, Londres, Milan et New York. Aujourd’hui, les manières de produire, de commercialiser et de vendre, voire de consommer la mode, sont bien différentes et se traduisent par deux mots : la mode rapide (ou fast fashion). 

À l’origine de ce système, il y a un homme : Amancio Ortega, fondateur de Zara. Le concept est simple : s’inspirer de la haute couture pour produire des versions à bas prix. Pour ce faire, la production de vêtements est délocalisée au plus proche des matières premières, la qualité est moindre et les nouveaux articles se succèdent à un rythme effréné. Les collections sont renouvelées si vite que le besoin d’acheter, puis de revenir, se fait pressant. La mode devient éphémère et surtout, jetable

Une file d’attente devant un magasin Zara. © Cameron Spencer/Getty Images
Une file d’attente devant un magasin Zara. © Cameron Spencer/Getty Images

Depuis son invention, ce système s’est généralisé, mais a aussi muté. Aujourd’hui, le terme d’ultra fast fashion est utilisé pour évoquer des marques telles que Shein. Plus de 600 000 articles sont disponibles, avec chaque jour, plus de 10 000 nouveautés. Le succès du géant chinois est largement en lien avec les contenus mode produits sur les réseaux sociaux : du “haul” au “Get Ready With Me”, Shein c’est plus de 80 milliards de vues sur TikTok. 

De la graine au vêtement, chaque étape compte dans le bilan

Ce système a surtout standardisé un cycle de vie du vêtement particulièrement dangereux pour l’environnement. Cela commence dès les champs. 

La majeure partie des vêtements est fabriquée à partir de polyester, donc de pétrole, ou à partir de coton. Pour que le cotonnier grandisse rapidement, de nombreux pesticides sont utilisés. Plus précisément, ¼ des pesticides dans le monde sont à destination du coton. Ce dernier est également le premier consommateur d’eau au monde, derrière le riz et le soja par exemple.

Ensuite, pour teinter, délaver ou assouplir ces matières premières, de nombreux produits chimiques sont utilisés et finissent dans la nature. Le secteur textile est responsable de 25% de la contamination de l’eau mondiale. Puis, avant qu’un vêtement finisse en boutique, il parcourt en moyenne 65 000 kilomètres

Une fois acheté et porté, un vêtement est lavé. Les microfibres de plastique ne sont pas filtrées par les stations d’épuration. N’étant pas non plus biodégradables, elles terminent dans les océans, puis dans nos assiettes. Enfin, une fois le vêtement passé de mode, celui-ci est, dans 80% des cas, jeté dans une décharge ou incinéré, souvent à ciel ouvert. 

Le désert d’Atacama au Chili, surnommé la “décharge du monde” ou le “cimetière de vêtements".
Le désert d’Atacama au Chili, surnommé la “décharge du monde” ou le “cimetière de vêtements”.

Au-delà des actions pouvant être initiées de manière personnelle au quotidien, les organisations transnationales et les gouvernements se mobilisent et s’engagent pour que ce système soit moins néfaste. Depuis 2011, ce sont 80 grands noms de la mode qui suivent le programme “Detox my Fashion”, lancé par Greenpeace. Celui-ci veut encourager l’adoption de pratiques plus respectueuses de l’environnement. Malgré des progrès, par exemple sur l’arrêt de l’usage de pesticides, ces entreprises ne représentent que 12,5% du marché du textile. 

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