John Snow : le père de l’épidémiologie 

Contrairement au Jon Snow connu de tous par le biais de la fameuse série Game of Thrones, notre héros du jour, John Snow avec un “h”, ne cherchait pas à éradiquer des marcheurs blancs mais un autre type de mal : une épidémie de choléra.

John Snow et la grande épidémie de choléra (1848-1849) 

Nous sommes à Londres en plein milieu du XIXe sièclel’épidémie de choléra commence à alerter la société savante. C’est alors qu’un médecin britannique, John Snow, commence à s’intéresser au mode de transmission de la maladie. La théorie principale pour expliquer le choléra à cette époque est celle des miasmes. Il s’agit d’une théorie d’Hippocrate, le plus grand médecin de l’Antiquité, selon laquelle les maladies comme le choléra sont dues à la pollution de l’air. En d’autres termes les maladies seraient attribuables aux mauvaises odeurs, à la matière en décomposition que l’on attraperait en respirant. Cette théorie, bien que très vieille reste celle qui est retenue par la société savante. 

Mais contrairement à tout le monde, John Snow, n’est pas du tout partisan de la théorie des miasmes. Il commence alors son enquête et constate plusieurs choses. 

Tout d’abord à l’aide d’observation cliniques qu’il recueille, il constate que les symptômes des patients sont intestinaux, tels que la diarrhée. Or si la maladie était effectivement due aux effluves que l’on respire, les premiers symptômes devraient être respiratoires. Cela fait penser à Snow que la maladie est plutôt due à quelque chose que l’on avale, à l’ingestion d’une substance, d’une contagion qui agit comme irritant local dans l’estomac, d’où la douleur, la diarrhée et les vomissements. 

Un autre type d’observation réconforte John Snow dans sa théorie : un cas particulier de choléra attire fortement son attention. Un homme décède dans une chambre d’hôtel. Cette chambre est ensuite soigneusement nettoyée afin d’accueillir le locataire suivant, qui lui aussi attrape à son tour le choléra et en décède. Selon la théorie des miasmes la maladie viendrait de mauvaises odeurs et des matières en décomposition. Mais alors pourquoi les habitants de Londres attrapent-ils le choléra dans les milieux totalement dépourvus de matières en décomposition ? C’est la question qui hante Snow et le pousse à effectuer d’autres recherches.

Représentation de choléra sous forme d’un nuage toxique (Cholera "Tramples the victors & the vanquished both.", Robert Seymour, 1831)
Représentation de choléra sous forme d’un nuage toxique (Cholera “Tramples the victors & the vanquished both.”, Robert Seymour, 1831)

L’interprétation épidémiologique de l’épidémie de 1854

En août 1854, une nouvelle apparition de choléra a lieu dans le quartier de Soho, à Londres. C’est alors que Snow décide d’aller plus loin dans ses analyses. Il commence à répertorier les cas de choléra sur une carte : c’est le début de l’épidémiologie descriptive. Cette approche innovante a permis à Snow de révéler des clusters de choléra autour d’une pompe à eau. Celle de Broad Street. S’appuyant sur ses observations, John Snow a formulé une hypothèse audacieuse : le choléra était transmis par l’eau.

Son intuition l’a conduit à recommander la désactivation de la pompe à eau incriminée. Face au nombre croissant de morts, les autorités n’ont eu d’autre choix que d’accepter cette proposition. La désactivation de la pompe à eau a eu un impact immédiat sur l’épidémie. Les cas de choléra ont chuté de manière significative, fournissant une démonstration convaincante de la validité de l’hypothèse de Snow. Cette étape marquante a jeté les bases de l’épidémiologie moderne en soulignant l’importance de la recherche contextuelle et de l’analyse spatiale dans la compréhension des épidémies

Pompe d’eau à Broad Street
Pompe d’eau à Broad Street

En plein milieu du XIXe siècle, John Snow s’est distingué en tant que pionnier de l’épidémiologie moderne. L’approche de Snow a fortement influencé la manière dont nous abordons aujourd’hui la santé publique, intégrant des éléments géographiques et statistiques pour mieux anticiper et contrôler les risques sanitaires. 

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