Magasins, hôtels, casinos, cinémas, aujourd’hui en France, il n’y a pas une ville qui n’ait un bâtiment d’art Déco. Pourtant qualifié de « style nouille » à ses débuts en 1905, il s’impose en tant qu’art majeur des années folles en 1920 et investit rapidement l’ensemble des arts. Architecture, sculpture, peinture, mode et mobilier, son irrésistible ascension a fait de lui l’un des premier courant artistique à connaître une diffusion mondiale.
L’Art déco, l’enfant roi de l’art Nouveau.
L’Art déco prend ses racines dans l’Art nouveau apparu en 1885. Bien que l’un se soit construit en parfaite opposition de l’autre, il est très fréquent de les confondre. Ils sont tous deux le reflet des envies de changement d’une société qui suffoque bien que l’art Nouveau soit une réaction directe aux dérives de l’industrialisation et la dureté d’un monde où la machine règne en despote sur l’homme et la nature. Des couleurs pastels, des motifs animaliers, des lignes courbes, ce mouvement veut remettre de la douceur dans un monde de brutes et replacer la nature au centre. Mais en 1905, arrive l’art Déco. L’enfant clinquant de l’art Nouveau. (Normal)
Couleurs chatoyantes, formes géométriques strictes et disproportionnées, l’art Déco se veut décoratif et s’autorise à rajouter des paillettes dans le quotidien. Par ailleurs, l’évolution du goût correspond à l’évolution d’une société, et dès 1910, les français veulent un cadre de vie moderne, débarrassé de la mollesse et de l’immobilisme d’un pays en transition économique. Le premier bâtiment Art déco, le théâtre des Champs-Élysées, est inauguré en 1913.
Bien que sa nouveauté divertisse un temps, à l’aube de la Première Guerre Mondiale, il agace. Jugé trop exubérant, on s’en lasse et c’est seulement au lendemain de cette grande guerre que l’Art Déco fait son retour en grandes pompes. En effet, la France entre dans ses années folles, luxe et légèreté sont sur toutes les lèvres et l’Art Déco est là pour y répondre. Plus qu’un mouvement artistique, il devient le reflet d’une société, un art de vivre dont l’insouciance fait un bien fou.
La femme et ses couturiers, un vent de liberté
La femme joue un grand rôle dans la diffusion du mouvement. De ce fait, elle s’émancipe, coupe ses cheveux, envoie valdinguer les corsets, porte des robes au-dessus du genou et enfile des chaussures qui flatte sa silhouette. C’est la fameuse garçonne, libre, qui conduit et milite pour le droit de vote des femmes. Grâce à ce vent de nouveauté, les grands couturiers offrent aux vêtements et aux étoffes légèreté et raffinement. Ils prônent des lignes fluides, dénuées de toute contrainte, mêlent à des coupes simples, des influences persanes. C’est comme si les valeurs de l’art Déco descendaient dans les rues et les cabarets pour s’y pavaner au rythmes des années folles.
Les français conquis, il ne reste plus qu’à séduire le reste du monde. Et cela se fait naturellement. La première guerre mondiale terminée, des vagues d’étrangers déferlent à Paris. La France entre dans une période de prospérité économique et sa capitale rayonne à l’international. En 1925, l’Exposition internationale des arts décoratifs de Paris marque l’apogée de l’art Déco.
Grands magasins, grands paquebots, art déco, art de la démesure
Les grands paquebots se mettent aussi au goût du jour et brillent par la somptuosité de leur décor. Le premier, “l’île de France”, entame son voyage inaugural le Havre-New York le 22 juin 1927. Le paquebot est extraordinaire. Tous les plus grands créateurs d’art Déco ont œuvré à son aménagement pour porter le luxe et l’élégance dans des sphères encore jamais atteintes. Salle à manger, fumoir, salle de théâtre, tout incarne l’insouciance et la joie de vivre des Années folles.
En l’espace de très peu de temps, de nombreuses constructions à l’architecture art Déco ont vu le jour en France. Aujourd’hui elles sont le témoin de sa formidable ascension. Pour en citer quelques-unes : le cinéma Grand Rex de Paris, les grands magasins tels que les Galeries Lafayette, le Printemps, le Bon marché ou encore le Louvre.
Vitrine de l’élégance française jusqu’en 1930, l’arrivée de la seconde guerre mondiale mettra un terme à l’engouement qu’il suscite. Longtemps boudé, l’Art déco connaît un regain d’intérêt depuis les dernières décennies du XXe siècle, tant chez les collectionneurs fortunés que chez les créateurs. L’art Déco n’a pas fini de séduire et revient déjà en force dans des versions moins luxueuses et plus accessibles.