Le FC Barcelone, quintuple vainqueur de la ligue des champions, est presque une exception dans le football européen. Tout comme le Real Madrid, son modèle économique repose sur les socios. Mais la crise sportive, économique et institutionnelle que connaît le club pourrait remettre ce modèle en question…
Un modèle basé sur les socios
Dans un contexte où les clubs européens appartiennent de plus en plus à des milliardaires voire à des Etats, le FC Barcelone refuse d’abandonner son modèle basé sur les socios. À l’instar du Paris St-Germain (Qatar), de Manchester City (Émirats arabes Unis), de Newcastle (Arabie saoudite), le club catalan appartient toujours à ses supporters. Les presque 150 000 socios décisionnaires ont donc le droit de vote aux assemblées générales mais surtout aux élections tous les deux ans et demi. Chaque socio doit payer environ 160 euros par an pour le rester.
Avec un stade de près de 99.000 places, le Camp Nou est évidemment l’une des sources de revenus principales. Grâce aux 83 000 spectateurs en moyenne, le club affiche la meilleure affluence totale sur l’exercice 2022/2023. Avec un prix moyen d’une centaine d’euros pour les non abonnés, on comprend mieux pourquoi. En 2023, près d’un million de places ont été vendues, une première dans l’histoire. Le club a ainsi pu encaisser près de 121 millions d’euros. Ce chiffre concerne le football masculin et féminin (2,7 millions) mais aussi le basketball (4,5 millions). Ces chiffres ne vont faire qu’augmenter avec la rénovation en cours du stade qui dépassera les 110.000 places.
Le FC Barcelone dépend encore des droits télés et du sponsoring
En plus de ses socios, le FC Barcelone peut compter sur des revenus liés aux droits télé et au sponsoring. Grâce à sa renommée, l’équipe catalane a un pouvoir fort de négociation. Malgré des contres performances sportives récentes, le barça demeure “mès que un club” (littéralement, “plus qu’un club”). D’ailleurs, des négociations seraient actuellement en cours avec Puma pour un nouveau contrat de sponsoring. Le deal serait même déjà signé selon certains observateurs avec un très gros chèque à la clé.
Mais pour répondre à un besoin de liquidité immédiat, les Blaugrana ont vendu une partie de leurs droits télés à long terme. La société Sixth Street a acquis 25% de ces droits pour les 25 prochaines années. En contrepartie, les barcelonais ont reçu 400 millions pour boucler l’exercice 2022-2023. Autant de leviers économiques significatifs de crise et qui laissent penser à la fin de ce modèle.
Vers la fin de ce modèle pour le FC Barcelone ?
Quand un club est au sommet du football européen, les problèmes économiques se remarquent moins. Quand celui-ci retombe au second plan sportivement, les problèmes institutionnels ressortent. Entre masse salariale hors de contrôle et transferts exorbitants, la gestion du club entre 2012 et 2018 aura eu de multiples conséquences. En cause ? La présidence de Josep Bartomeu qui enchaîne les décisions douteuses aggravées par des performances sportives qui font tâche.
Avec la crise Covid, les principales sources de revenus du club liées aux spectateurs ont disparu. Avec des dépenses salariales qui n’ont presque pas diminué, et avec une baisse drastique des revenus, la crise était évidente. La pandémie aura donc mis en lumière des problèmes mis sous le tapis depuis plusieurs années.
Pour ces raisons, certains ont évoqué la possibilité d’en finir avec ce modèle en devenant une société anonyme. Victor Font, candidat à la présidence en 2021, expliquait que le “risque existe”. Selon Marc Ciria, économiste et membre de l’équipe de Joan Laporta en 2015, “revoir le modèle serait une erreur”. Bien que cette ouverture potentielle du capital suscite la colère des fans, le FC Barcelone pourrait se retrouver dans l’obligation de le faire, tout simplement.
Finalement, le FC Barcelone est encore un modèle presque unique en Europe en appartenant à ses supporters. Mais la crise économique et sportive pourrait remettre en cause la pérennité de son modèle.
