Des plantes carnivores célèbres, les Dionées, avec leurs pièges en formes de mâchoires. César Culture G

Les plantes carnivores, bijoux de l’évolution

On peut parfois admirer les performances ou les stratégies de prédation des animaux, mais qu’en est-il des plantes ? On voit souvent celles-ci comme des organismes certes vivants, mais immobiles. La plupart se nourrissent d’éléments eux-mêmes plus ou moins inertes et le terme de prédation ne semble pas s’appliquer à elles. Mais tout ça, c’est sans compter les plantes carnivores !

Une adaptation aux environnements pauvres

Les plantes ont besoin de différents paramètres pour assurer leur survie et leur croissance : de l’eau, de la lumière et des éléments nutritifs, qui sont généralement puisés dans le sol. Dans certains milieux, ce sont ces derniers qui manquent. C’est le cas dans les tourbières ou les sols sableux notamment.

Une tourbière, un milieu humide qui accueille souvent des plantes carnivores. César Culture G
Une tourbière, un milieu humide fragile où vivent souvent des espèces spécialisées.

Et c’est là que les plantes carnivores entrent en scène ! Grâce à leur morphologie qui leur permet de capturer et digérer de petits organismes, elles peuvent pallier au manque d’éléments nutritifs du sol en les récupérant via leurs proies. Ainsi, elles ont pu coloniser des milieux où bien des plantes ne survivraient pas.

Le terme « plante carnivore » réunit aujourd’hui plus de 700 espèces, réparties dans de nombreuses familles. Elles peuvent prendre plein de formes différentes et se retrouver sous des climats variés.

Des pièges divers et variés

Avant de pouvoir s’en nourrir, déjà faut-il que les plantes carnivores parviennent à attraper leurs proies. Et sans pouvoir leur courir après, ce n’est pas mince affaire ! Heureusement, la nature regorge d’ingéniosité. Tout comme certaines plantes savent très bien se défendre contre les prédateurs, les plantes carnivores ont quant à elles développé des stratagèmes variés pour attirer et capturer leurs victimes.

Ce sont les feuilles de ces plantes, et non les fleurs, qui sont modifiées et permettent la capture des proies. Elles peuvent prendre la forme de mâchoires dentées qui se referment sur les proies, comme chez les célèbres Dionées.

Des plantes carnivores célèbres, les Dionées, avec leurs pièges en formes de mâchoires. César Culture G
Des dionées, armées de leurs célèbres pièges « gobe-mouche ».

Celles-ci disposent de poils sensibles sur leur surface, qui déclenchent la fermeture des feuilles s’ils sont touchés. Chez d’autres plantes, comme les Nepenthes ou les Sarracénies, les feuilles peuvent prendre la forme de tubes ou de cornets. Ce sont le plus souvent des insectes qui sont attirés à l’intérieur et qui ne peuvent ensuite plus remonter grâce à différentes structures des plantes qui les en empêchent. Il peut s’agir de bosses à l’intérieur du tube ou de poils dirigés vers le bas. D’autres plantes encore, comme les Droséras, ont des poils adhésifs sur la surface de leurs feuilles pour entraver les proies. Et les plantes aquatiques ne sont pas en reste ! Les Utriculaires portent de petites vésicules qui s’ouvrent et aspirent les proies qui effleurent les poils sensibles de la plante.

Aux pièges s’ajoutent aussi des stratégies pour attirer les proies. La plupart des plantes carnivores disposent ainsi de glandes nectarifères, qui peuvent attirer de nombreux insectes.

Comment les plantes carnivores digèrent-elles ?

Une fois la proie attrapée, reste encore à la digérer ! En effet, la plupart des plantes ne sont pas équipées pour ça. Chez les plantes carnivores, deux modes de digestion existent selon les espèces : la digestion enzymatique ou la digestion bactérienne.

Dans le premier cas, les plantes sécrètent elles-mêmes des enzymes, des protéines qui accélèrent les réactions chimiques. L’action de celles-ci permet de transformer les proies de manière à les rendre absorbables par la plante. C’est comme ça que ça se passe chez les Dionées ou les Droséras par exemple.

Dans le deuxième cas, les plantes carnivores forment une association avec des bactéries qui produisent elles-mêmes des enzymes. Celles-ci vivent directement dans les structures de la plante qui capturent les proies et elles font tout le reste du boulot ! Les bactéries permettent de libérer les éléments nutritifs contenus dans les proies et de les rendre assimilables pour la plante. Un peu comme nous et notre microbiote intestinal !

Les plantes carnivores ont su s’adapter à des milieux pauvres et adopter des stratagèmes efficaces pour capturer, mais aussi digérer des proies vivantes. Malheureusement, comme pour de nombreux groupes d’animaux ou de végétaux, la fragmentation et la destruction de leur environnement menacent la survie des plantes carnivores. La pollution aux métaux lourds de leurs proies peut aussi affecter leur croissance.

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