La phytothérapie désigne la connaissance et l’utilisation des propriétés des plantes pour soigner ou prévenir l’apparition de maladies. Pratique ancestrale, elle est toujours utilisée aujourd’hui dans certaines médecines traditionnelles, mais aussi dans la recherche moderne. Elle a également mené à différentes approches au fil du temps. Je vous propose ici un bref historique de la phytothérapie, en partant de ses origines jusqu’à l’utilisation de plantes médicinales de nos jours.
Aux origines de la phytothérapie
Les êtres humains utilisent des plantes pour leurs propriétés médicinales depuis des millénaires. Les premières preuves écrites de l’utilisation de plantes médicinales remontent à 2600 avant J.C. Elles ont été trouvées sur des tablettes d’argile en Mésopotamie, une région historique située dans l’actuel Irak. Elles citaient des plantes comme la myrrhe, le saule ou la ciguë. Le premier recueil inventoriant des plantes médicinales a quant à lui été retrouvé sur un papyrus égyptien datant de 1500 avant J.C. Il répertoriait plusieurs centaines de plantes, dont le pavot. Celui-ci était alors déjà utilisé pour aider à lutter contre les douleurs.
Néanmoins, il s’agit là des premières preuves retrouvées. D’autres indices concernant l’existence de l’usage de plantes à des fins médicinales remontent à la préhistoire, jusqu’à 50 000 ans avant notre ère ! Ainsi, les chasseurs-cueilleurs qui s’abritaient dans les grottes de Lascaux utilisaient peut-être déjà des plantes médicinales.
Le développement de l’usage des plantes médicinales
Au cours des siècles plus récents, cet usage des plantes à des fins thérapeutiques n’a cessé de se développer, en Europe comme ailleurs. L’invention de l’imprimerie au XVe siècle en Europe l’a facilité. Celle-ci a permis de voir les herbiers et les répertoires se multiplier. À cette époque, la médecine s’appuyait encore sur des plantes locales. Cela a changé à partir du XVIe siècle, période à laquelle a débuté l’importation de plantes venant de l’étranger. Celles-ci n’étaient accessibles au départ qu’aux bourgeois, mais au fil du temps les plantes importées ont pris de plus en plus de place chez les apothicaires.
Il a fallu attendre le XIXe siècle pour que la médecine à base de plantes prenne un nouveau tournant. Avec les progrès initiés en physique et en chimie, il était alors possible d’extraire les principes actifs des plantes. De nombreuses molécules ont ainsi été identifiées, dont certaines sont toujours utilisées de nos jours. C’est le cas par exemple de la morphine ou de la codéine, toutes deux extraites du pavot. En Occident, les médicaments de synthèse ont alors connu un rapide développement et l’usage des plantes a décliné.
Des plantes médicinales toujours présentes dans la médecine d’aujourd’hui
Si la phytothérapie a fait partie des fondements de la médecine partout dans le monde et que celle-ci a depuis grandement évolué, l’usage de plantes médicinales n’a pas disparu. De nombreuses populations à travers le monde continuent de s’appuyer dessus. La médecine traditionnelle chinoise ou la médecine ayurvédique en Inde par exemple s’appuient toujours largement sur l’usage de plantes médicinales. En Occident aussi, l’usage de la phytothérapie persiste. Après avoir connu un déclin au XIXe siècle, son utilisation a connu un regain depuis les années 1970. Au-delà de leur usage direct, les plantes continuent aussi d’être des ressources précieuses pour la recherche pharmacologique.
À ce jour, plus de 28 000 plantes médicinales sont répertoriées. Néanmoins, seules 20% d’entre elles ont fait l’objet de publications scientifiques. Parmi celles qui ont montré des effets bénéfiques significatifs, on peut citer le millepertuis perforé, reconnu pour ses propriétés antidépressives.
Le gingembre, quant à lui, peut permettre de soulager les nausées liées aux grossesses. L’aloe vera peut se montrer utile pour guérir des brûlures au second degré. En revanche, des études suggèrent que d’autres plantes pourtant fréquemment utilisées présentent des effets nuls ou contradictoires. C’est le cas par exemple de l’arnica, de la sauge ou de la valériane.
Un usage parfois superflu, voire dangereux
Sous prétexte que « les plantes c’est naturel, donc ce n’est pas dangereux », de nombreuses préparations à base de plantes sont utilisées sans mise en garde particulière. Contrairement à cette idée tenace, certains produits à base de plantes peuvent être dangereux, et tous ne sont pas dénués d’effets secondaires. De plus, ils peuvent entrer en interaction avec d’autres traitements. Il est donc toujours important de demander un avis à son médecin, même avant de prendre des produits à base de plantes !
La phytothérapie a également mené à d’autres approches, comme par exemple les fleurs de Bach. Celles-ci sont le résultat de la macération de fleurs qui auraient la faculté de soulager certains troubles émotionnels. Cependant, aucune étude scientifique n’a pu à ce jour démontrer l’efficacité de cette méthode.
L’usage d’huiles essentielles, qui dérive également de la phytothérapie, présente quant à elle une efficacité très variable selon les composés utilisés. De plus, mal utilisées, les huiles essentielles peuvent être responsables de brûlures, de perturbations du système hormonal et être toxiques pour le système nerveux. L’usage de plantes médicinales, sous quelque forme que ce soit, devrait donc toujours être précédé d’un avis médical et accompagné des mises en garde nécessaires.
Pratique très ancienne, la phytothérapie a évolué pendant des millénaires. Certaines plantes sont toujours utilisées ou ont permis le développement de médicaments répandus aujourd’hui. Cependant, toutes n’ont pas une réelle efficacité et l’utilisation de plantes à des fins médicales doit, dans certains cas, s’accompagner des précautions nécessaires.