À Strasbourg, sur la place qui porte son nom, se trouve une statue de Gutenberg. Il tient un parchemin sur lequel est écrite la fameuse phrase extraite de la Bible « Et la lumière fut ». Et il est vrai : sa statue, il la mérite. Son invention est considérée comme l’un des événements majeurs de la Renaissance. Il a joué un rôle décisif dans la diffusion des textes et du savoir à travers toute l’Europe. On est au XVe siècle et Gutenberg va révolutionner le monde de l’imprimerie.
« Et la lumière fut »
L’histoire méconnue de Gutenberg
Imprimeur allemand, Gutenberg naît autour de 1400 à Mayence, une grande ville commerçante et artisanale dans le Saint-Empire germanique. Il vient d’une famille fortunée, son avenir lui est assuré et pourtant… Rien ne se passe comme prévu.
Dans les années 1428-1430, des troubles politiques vont pousser de nombreux aristocrates à quitter la ville. Gutenberg s’exile pendant plus de 20 ans. Bien que les détails de sa vie soient méconnus, son séjour à Strasbourg, lui, est déterminant dans son parcours. Il découvre la typographie, c’est-à-dire, l’art d’écrire avec des caractères mobiles et entame dans le plus grand secret des recherches afin de créer un procédé de composition à caractère mobile. Concrètement, l’idée est de trouver un moyen d’automatiser l’écriture et de facto, d’ouvrir la possibilité d’imprimer des livres à la chaîne.
Les enjeux autour de l’imprimerie
À l’époque, nombreux étaient ceux qui cherchaient un processus mécanique de fabrication pour imprimer. Il est bon de rappeler qu’à cette période, une grande partie des manuscrits et des textes étaient encore rédigés à la main ce qui limitait énormément leur accessibilité et diffusion. Chacun restait dans son coin avec ses manuscrits, et rares étaient les occasions d’aller s’immerger dans les connaissances du voisin. Trouver un moyen de multiplier rapidement et à moindre coût le nombre d’exemplaires d’un même ouvrage devint urgent.
C’est là que Gutenberg intervient. Autour de 1440, après son séjour à Strasbourg, il regagne enfin Mayence. Il acquiert un lieu d’impression et dispose de caractères en bois pour se lancer dans l’automatisation de l’impression, malheureusement, les caractères en bois sont trop fragiles pour obtenir une production accélérée viable. Il dilapide ses économies à chercher un métal adéquat pour améliorer son système et finit par s’associer à un banquier pour tenir le coup. Monsieur Fust lui fournit l’argent nécessaire pour mener à bien son projet : révolutionner le monde de l’imprimerie
Confection d’outils, achat du métal, parchemin, papier et encre, l’affaire marche. Gutenberg imprime son premier livre, une Bible sur laquelle sera marquée « Et la lumière fut ». Un message fort qui annonce l’avènement du siècle des Lumières.
Une fin de vie en dents de scie
Bien qu’il mène une vie pieuse et discrète, celle-ci n’a pas franchement été tendre avec lui. À l’âge de 55 ans, le créancier Fust, qui lui a permis mener son projet à bien, le traîne en justice. Il n’aurait, selon lui, pas respecté certaines clauses du contrat…
Gutenberg perd le procès, son atelier est saisi, son matériel lui est retiré et les impressions qui représentent le travail d’une vie lui sont confisquées. Il sombre dans la misère. Ce sera Adolphe II de Nassau qui le récupérera à la petite cuillère. Il lui accorde une rente et le nomme gentilhomme de sa cour. L’honneur est sauf. C’était moins une.
Durant cette période, l’Europe se met progressivement au rythme du système d’impression imaginé par Gutenberg. Si l’utilité du procédé ne fait aucun doute, la raison essentielle de sa rapide diffusion sera la guerre, la prise de Mayence et son pillage. Les ouvriers typographes de la ville se dispersent. Certains partent exercer leur métier à Bologne, d’autres à Venise et à Rome. Le reste de l’Histoire suivra son cours.