Peut-être avez-vous déjà entendu parler du Nouvel Hollywood, ou de son cousin européen, la Nouvelle Vague. Ou peut-être simplement, vous êtes vous déjà demandé pourquoi les plus grands réalisateurs du cinéma américain ont éclos au même moment ? Aujourd’hui, focus sur l’une des grandes révolutions du 7e art.
La fin de l’âge d’Or d’Hollywood
Avec l’apparition du cinéma parlant dans les années 30, les studios hollywoodiens connaissent un bouleversement dans leur manière de produire des films. Par le dialogue, le montage ou la musique, la grammaire du cinéma s’enrichit, et cet art devient un outil majeur du rayonnement culturel américain. On parle de l’âge d’Or d’Hollywood.
Mais cette période faste ne peut durer éternellement. Les années 1960 sont là, et avec elles, un objet qui va révolutionner le divertissement : la télévision. Cette nouvelle concurrence fait plier en quelques années les studios. La petite lucarne, par des coûts de production amoindris et une immédiateté de diffusion, a battu le grand écran. Mais une jeune génération de passionnés émerge. Et celle-ci ne compte pas laisser les salles obscures disparaître…
De qui parle-t-on ?
Nous sommes dans les années 1960, au cœur des bouleversements sociaux que traverse l’Amérique. Une flopée de jeunes amateurs de cinéma européen voient dans cette crise que traversent les studios l’opportunité de reprendre leur indépendance. Parmi eux, quelques-uns des plus grands noms du cinéma : Stanley Kubrick, George Romero, Martin Scorsese, George Lucas ou encore Steven Spielberg.
Car à compter de la fin des années 1960, ce ne sont plus les studios, mais bien les réalisateurs qui sont aux manettes. Quitte à obtenir des budgets moins élevés, ceux-ci insufflent des thématiques plus personnelles dans leurs œuvres. D’ailleurs, il n’est pas rare que les réalisateurs des films en soient aussi les scénaristes.
Bonnie and Clyde, le premier film d’un cinéma qui change
Le premier réalisateur à franchir le pas est Arthur Penn, en 1967, qui a pour projet de réaliser un film différent des autres. Bonnie And Clyde est tourné au Texas, avec de jeunes acteurs de théâtre et un budget de seulement 2 millions de dollars. À sa sortie, c’est un véritable flop. Enfin, au début. Le film est conspué par la critique et désavoué par son propre studio, la Warner Bros. En revanche, le long-métrage cartonne en Europe, auprès d’un public bien plus habitué à la violence ainsi qu’aux scènes osées.
Le succès européen ne passe pas inaperçu aux Etats-Unis dont les bouleversements sociaux de l’époque témoignent. Le TIME magazine le propulse en une, et de nombreuses salles proposent à Bonnie and Clyde une seconde chance. Résultat : un raz-de-marée, et 8 nominations aux Oscars l’année suivante. Un film hors du commun, qui est le premier d’un virage à 180° pour toute une industrie.
Orange mécanique et Taxi Driver, deux films marquants de l’époque pour leur violence.
Alors, pour citer quelques films parmi les plus impactant du Nouvel Hollywood, on pensera à La Nuit des morts-vivants (1968) de George Romero, au Parrain (1972) de Francis Ford Coppola, à Taxi Driver (1976) de Martin Scorsese, ou encore à Vol au-dessus d’un nid de coucou (1975) de Milos Forman.
Comment le Nouvel Hollywood a-t-il bousculé les codes ?
Alors, au-delà de l’année charnière 1967, comment savoir si un film est digne de “l’âge d’or d’Hollywood” ou “nouvel Hollywood” ? Tout d’abord, il faut s’intéresser à la manière dont un film est produit. À l’époque, le rôle central dans la production était celui du studio. Il régissait les choix et mettait l’accent sur le spectacle et la démesure. Avec l’arrivée des réalisateurs-auteurs, cet équilibre change. Ces derniers tiennent un rôle prépondérant, régissant tous les choix liés à la mise en scène. Ils disposent du final cut, c’est-à-dire du dernier mot sur le montage.
Ce phénomène, nous en avons été témoins quelques années plus tôt en Europe avec la Nouvelle Vague, portée par des auteurs comme François Truffaut, Jean-Luc Godard ou Jacques Demy. Mais revenons à nos moutons américains.
Avec le Nouvel Hollywood, les films deviennent plus réalistes, et ils évoquent des sujets de société de façon crue et sans détours. La majorité de leurs scénarios se déroulent dans le monde réel, et les protagonistes ne sont pas nécessairement des héros. On y parle de la guerre, de la violence, de la corruption ou d’affaires malsaines. Les films se veulent plus intenses, et de jeunes acteurs tirent leur épingle du jeu. Qui ? Citons Jack Nicholson, Al Pacino ou Robert De Niro, par exemple.
La différence se veut aussi esthétique : les films du Nouvel Hollywood sont tournés dans des décors réels. On y utilise des plans plus larges, moins serrés sur les acteurs. On y expérimente des nouvelles caméras portées à la main. Et on y intègre des panoramiques ou des plans séquences. Autant de techniques de style venant enrichir la grammaire du cinéma.
En bref, le Nouvel Hollywood, porté par des cinéastes comme Kubrick, Scorsese, Lucas et Spielberg, a révolutionné le cinéma en déplaçant le pouvoir des studios vers les réalisateurs. Ce mouvement a redéfini la production du 7e art, en mettant l’accent sur l’autorité créative des réalisateurs et en introduisant des esthétiques innovantes encore largement utilisées dans le cinéma d’aujourd’hui.