Vous avez sûrement déjà entendu le terme de Nouvelle Vague du cinéma, mais saviez-vous à quoi cette expression fait référence ? Et pourquoi la Nouvelle Vague est-elle si importante dans l’histoire du cinéma ? Quels héritages a-t-elle laissé, même hors de nos frontières ? C’est parti pour une petite plongée dans notre patrimoine cinématographique !
La naissance d’un nouveau courant
Milieu des années 1950. La France, toujours marquée par la guerre et l’occupation, se reconstruit. Entre la Guerre d’Algérie, le mouvement de libération des femmes et les révoltes étudiantes, la société se transforme… Mais le cinéma français, lui, est vieillissant et peu attractif. Depuis la popularisation du cinéma dans les années 1930, peu de choses ont vraiment bougé. Les réalisateurs prisés sont toujours les mêmes, et les studios produisent des films à la pelle.
Les jeunes auteurs du moment sont orientés par défaut vers le théâtre ou le roman. Pourtant, ils rêvent de diffuser leurs œuvres au plus grand nombre par le cinéma. Un petit groupe de ces jeunes auteurs, faute de pouvoir tourner des films par eux-mêmes, se réunit quotidiennement dans les salles obscures de Paris. Là-bas, ils débattent et échangent sur le cinéma. La bande se lance dans la critique cinématographique sous l’impulsion du journaliste André Bazin, qui vient d’ouvrir sa revue Les Cahiers du Cinéma. Parmi ces jeunes critiques et aspirants réalisateurs, les noms de ceux qui feront la Nouvelle Vague. On citera, entre autres, Jean-Luc Godard, Eric Rohmer, Jacques Rivette, et bien sûr, François Truffaut.
Car avant d’être une affaire de cinéma, La Nouvelle Vague est avant tout une affaire de journalisme ! Ensemble, ils détricotent avec impertinence les ficelles du cinéma de “qualité française”… Un terme -péjoratif, bien sûr- qui désigne le cinéma trop académique et lisse des studios.
Seulement voilà. Les compères Truffaut, Godard et autres ne veulent pas se contenter d’écrire à propos du cinéma, ils veulent en faire.
Les codes de la Nouvelle Vague
Alors : qu’est-ce qu’un film de la Nouvelle Vague ? Il serait difficile de catégoriser tous les films de l’époque selon qu’ils appartiennent ou non au mouvement.
Un film de la Nouvelle Vague, c’est un film qui s’émancipe des façons traditionnelles de raconter le récit. Il met parfois en scène des antihéros, des hors-la-loi ou des personnes aux mœurs à contre-courant. Il se tourne en extérieur, souvent même sans autorisation, et les dialogues se réécrivent au gré du tournage et des acteurs. Du point de vue de la narration, on s’amuse avec les codes du récit avec des ellipses et des montages parfois non chronologiques.
L’un des principes fondateurs de la Nouvelle Vague, c’est celui de la politique des auteurs. Un principe théorisé, justement, par François Truffaut dans Les Cahiers du Cinéma en 1955. Dans les grandes lignes, il nous dit que l’auteur-réalisateur d’un film doit en régir tous les aspects, de l’écriture au tournage et jusqu’au montage, et que ce film ne peut s’apprécier à sa juste valeur qu’à la lumière de la filmographie de son réalisateur. Si cette théorie vous paraît évidente aujourd’hui tant les réalisateurs sont constamment mis en avant, cela n’a pas toujours été le cas, surtout avant les années 1950.
Au cœur de cette Nouvelle Vague, les films les plus emblématiques de Jean-Luc Godard comme A Bout de Souffle en 1960, qui révèle Jean-Luc Belmondo au grand public, mais aussi Le Mépris en 1963. Du côté de François Truffaut, ses premiers films sont aussi des classiques. Par exemple, avec le semi-autobiographique Les Quatre Cents Coups en 1959, Tirez sur le pianiste l’année suivante, et Jules et Jim en 1962. On pourra également citer Le Beau Serge, premier film de Claude Chabrol. Et efin, Cléo de 5 à 7, d’Agnès Varda.
L’héritage de la Nouvelle Vague
En France, le mouvement s’essouffle tandis que chacun de ses protagonistes trace sa voie dans le 7e art. Ce qui en ressort, c’est l’une des périodes les plus fructueuses en matière d’innovation dans la mise en scène et la narration au cinéma. En libérant les tournages des carcans et lourdeurs de l’époque, les pionniers de la Nouvelle Vague ont contribué à l’avènement du cinéma comme un art entier.
Plus que des codes visuels ou narratifs, la Nouvelle Vague a semé les graines d’un cinéma libéré à travers le monde. Que ce soit au Brésil, au Japon, en Europe de l’Est ou en Italie, nombre de courants, de réalisateurs ou de films peuvent être reliés à la Nouvelle Vague.
Mais bien entendu, impossible de parler de l’impact de la Nouvelle Vague sans parler des Etats-Unis ! C’est l’arrivée du Nouvel Hollywood. Ce mouvement, qui voit l’éclosion des Kubrick, Scorsese et autres Spielberg est directement affilié à la Nouvelle Vague. Un besoin de libérer la production, filmer des scènes plus intenses et proches de la réalité… Le tout sous l’égide d’un réalisateur phare.
En bref, la Nouvelle Vague, c’est un élan nouveau. L’affranchissement d’une méthode datée et d’une industrie qui produit tous ses films de la même façon. La Nouvelle Vague a révélé de nombreux talents, et façonné le cinéma tel qu’on le fait aujourd’hui, aux quatre coins du globe.
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