Le Christ dans la tempête sur la mer de Galilée (1633) par Rembrandt

Le casse du siècle : le vol du musée Isabella-Stewart-Gardner de 1990

C’est l’une des affaires criminelles qui a fait le plus de bruit au siècle dernier : l’exceptionnel casse du Musée Isabella-Stewart-Gardner, en mars 1990. Mais comment les malfrats ont pu s’emparer d’un butin d’une valeur d’un demi-milliard de dollars, sans tirer le moindre coup de feu ?

Un casse tout en douceur

18 mars 1990. Boston célèbre la Saint Patrick. Et tandis que la fête bat son plein, à 1h24 du matin, deux hommes font irruption dans l’entrée du musée Isabella-Stewart-Gardner. Institution culturelle de la ville, sa galerie accueille entre autres des œuvres signées Botticelli, Courbet, Raphael, Delacroix, Michel-Ange ou encore Da Vinci.

Déguisés en policiers, les deux hommes assurent aux deux veilleurs de nuit avoir reçu une plainte pour tapage nocturne. Ne soupçonnant rien, les gardiens laissent entrer les voleurs à travers le sas de sécurité. En quelques instants, ces derniers les menottent, et leur énoncent la véritable raison de leur venue : ceci est un cambriolage.”

Les voleurs se ruent alors dans la salle hollandaise du musée où, munis de couteaux, ils découpent sommairement les toiles de maîtres habituellement exposées au public. Le Concert de Vermeer, Le Christ dans la tempête sur la mer de Galilée de Rembrandt ou Chez Tortoni d’Edouard Manet. En supplément, ils subtilisent également des croquis originaux signés Degas, Flinck et Rembrandt, ainsi qu’un vase chinois, et un fleuron de drapeau napoléonien.

Chez Tortoni d’Edouard Manet - Domaine public /  musée Isabella-Stewart-Gardner
Chez Tortoni d’Edouard Manet – Domaine public / musée Isabella-Stewart-Gardner

Tandis que les veilleurs sont ligotés au sous-sol, les deux malfrats prennent la poudre d’escampette, 81 minutes après leur irruption. Entre-temps, ils ont aussi pris soin de monter dans le bureau du directeur, et d’effacer les images de vidéo-surveillance.

Le butin exceptionnel du casse du musée Isabella-Stewart-Gardner

Avec un butin estimé à plus de 600 millions de dollars, le musée Bostonien a de quoi se lamenter. Au-delà de sa potentielle valeur des 13 objets subtilisés, ce qui rend exceptionnel ce butin, c’est la rareté des pièces prises pour cible.

Le Christ dans la tempête sur la mer de Galilée de Rembrandt - Domaine public / musée Isabella-Stewart-Gardner
Le Christ dans la tempête sur la mer de Galilée de Rembrandt – Domaine public / musée Isabella-Stewart-Gardner

Par exemple, le tableau signé par Rembrandt est l’unique paysage marin jamais peint par le maître hollandais. De même, on y recense une toile de Vermeer, dont la production connue se totalise à une petite trentaine de tableaux – probablement l’objet d’art volé le plus cher de l’Histoire, vu sa rareté.

Mais ce trésor faramineux interroge les autorités. Surtout en le confrontant aux méthodes des deux faux policiers. Comment, en ayant connaissance de la valeur des toiles, ceux-ci auraient-ils pu s’abaisser à les découper au couteau et probablement les endommager ? C’est ainsi que le FBI, chargé de l’enquête, privilégie la piste d’un acte commandité par une organisation puissante et bien renseignée.

Un vol qui devient objet de fantasme

Qui dit vol exceptionnel, dit récompense exceptionnelle. Le FBI annonce une récompense de 10 millions de dollars pour toute information menant à la récupération des œuvres. Évidemment, à l’annonce d’une telle somme, les appels de témoins potentiels se multiplient, ainsi que les fausses pistes.

Affiche du FBI en vue de retrouver Le Concert de Vermeer - Domaine public
Affiche du FBI en vue de retrouver Le Concert de Vermeer – Domaine public

Est-ce la mafia locale, ou des criminels de plus grande envergure qui ont fait le coup ? Au fil des années, toutes les théories les plus saugrenues sont évoquées car l’affaire passionne également les enquêteurs en herbe sur internet. Pêle-mêle, on y retrouve les noms de Donald Trump, Elizabeth II, le Pape François ou encore l’IRA, l’armée provisoire irlandaise. Autant de fausses pistes que le FBI doit écarter régulièrement. Mais pourtant, parfois, certaines valent la peine d’être étudiées.

Où en est l’enquête sur le musée isabella stewart gardner ?

En 2013, le FBI annonce avoir identifié les coupables ayant exécuté le casse. Mais les enquêteurs souhaitent préserver leur anonymat, afin de continuer l’investigation sur les commanditaires. La piste serait remontée jusqu’en Pennsylvanie, un état quasi-voisin du Nord-Est des Etats-Unis.

Aujourd’hui, les barons de la pègre bostonienne disparaissent progressivement ou se retrouvent derrière les barreaux. Le dernier espoir est de voir enfin une langue se délier. Les autorités souhaitent imprégner les tableaux dans les mémoires, afin de s’assurer qu’ils ne pourront jamais être écoulés sur le marché noir de l’art. Dans l’espoir qu’un jour peut-être, sur une cheminée ou dans un grenier, quelqu’un reconnaisse l’un de ces tableaux volés. C’est en ce sens qu’avec la bénédiction du FBI, le musée ouvre de plus en plus ses portes aux médias. En témoigne la réalisation d’une série documentaire sur la plateforme Netflix en 2021.

Isabella Stewart Gardner Museum, Boston
Les cadres des tableaux volés sont toujours accrochés – image via Isabella Stewart Gardner Museum, Boston

Malgré des pistes très sérieuses aux quatre coins des Etats-Unis, et une idée de plus en plus précise des commanditaires du casse, les tableaux demeurent encore aujourd’hui introuvables. A Boston, au musée Isabella-Stewart-Gardner, leurs cadres vides demeurent accrochés aux murs, symbole de leur disparition… Et de l’attente de leur retour.

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