La Joconde, par Leonard de Vinci

Tout ce qu’il faut savoir sur La Joconde de Léonard de Vinci

Une femme vêtue sobrement d’une robe vert émeraude, posant les mains croisées devant un paysage des plus mystérieux. Bien sûr, il s’agit de La Joconde, probablement le tableau le plus célèbre du monde. Mais connaissez-vous Mona Lisa jusqu’aux recoins de son sourire ?

Da Vinci arrive en France avec un tableau sous le bras…

Nous sommes en 1516. Paris et Rome sont rivales sur de nombreux plans, et tandis que la Renaissance bat son plein dans toute l’Europe, c’est en amoureux des arts que François Ier propose à l’Italien Leonardo Da Vinci de le rejoindre au château d’Amboise.

L’homme aux innombrables talents est nommé peintre de la Cour, mais aussi ingénieur, et architecte du Roi. Avec lui, il ramène sa suite d’apprentis, d’innombrables livres de dessin, de plans les plus farfelus… ainsi qu’un tableau, encore inachevé.

On ne vous la présente plus ! (Léonard de Vinci, domaine public, via Wikimedia Commons)
On ne vous la présente plus ! (Léonard de Vinci, domaine public, via Wikimedia Commons)

Ce tableau est une peinture sur bois de peuplier, de 77 par 53 centimètres. Et pourtant, malgré sa petite taille, Da Vinci lui voue une affection toute particulière. Probablement démarré plus de dix ans auparavant, La Joconde représente une femme de la petite noblesse florentine. L’épouse de Francesco del Giocondo, Lisa, dont le nom Mona Lisa, dérive de “ma donna Lisa”, “madame Lisa” en français.

La Joconde : un chef-d’oeuvre technique avant-tout

Il est vrai que, pour de nombreux observateurs, notamment les millions de touristes qui se pressent chaque année au musée du Louvre, la Joconde n’est pas aussi impressionnante qu’on pourrait le laisser croire. Le tableau, relativement petit, n’est pas des plus simples à comprendre. Pourtant, nombre d’experts et d’historiens considèrent – comme Leonardo lui-même – comme le chef d’œuvre du créateur de la Cène et de l’Homme de Vitruve.

Autoportrait de Da Vinci - libre de droit
Autoportrait de Da Vinci – libre de droit

La raison pour laquelle la Joconde tape à ce point dans l’œil des amateurs de peinture, c’est parce qu’elle représente autant un aboutissement de la carrière de peintre de Da Vinci, que de celle de scientifique. Da Vinci ne voyait pas l’art et la science comme deux opposés, mais bien comme deux disciplines complémentaires.

L’artiste développe un certain nombre de techniques qui vont devenir sa signature, tels que le chiaroscuro (clair-obscur), une forme d’ombrage qui permet de mettre les reliefs en valeur, le sfumato, un effet nébuleux que l’on peut observer autour des yeux et du sourire de Mona Lisa. Ou bien encore le spolvero, une technique permettant de transférer un dessin préparatoire sur le canevas final.

Détail des yeux de Mona Lisa (Léonard de Vinci, domaine public, via Wikimedia Commons)
Détail des yeux de Mona Lisa (Léonard de Vinci, domaine public, via Wikimedia Commons)

Enfin, l’une des techniques expérimentées par le peintre – et expliquant la longueur de sa réalisation – est l’application d’une couche préalable de blanc sur la toile. Et ce, avant d’y apposer de très nombreuses fines couches de peinture, mixées dans une huile claire. Cette technique permet à la fois d’obtenir cette teinte patinée typique des peintures du maître, mais aussi de superposer de très nombreuses pigmentations, afin de multiplier les variations. Une étude technique de la Joconde a par exemple permis de révéler qu’elle cumulait plus d’une quarantaine de couches de peinture. Pourtant, leur épaisseur combinée ne revenait pas à plus de celle d’un demi-cheveu.

Les mystères de Mona Lisa

Alors bien sûr, ces procédés et techniques ne sautent pas toujours aux yeux du commun des mortels. Pourtant, cette toile n’a jamais cessé de fasciner, plus de 500 ans après sa réalisation. 

Tout d’abord, l’observateur peut se poser la question du choix du sujet : pourquoi décider de représenter cette bourgeoise ordinaire, alors que Da Vinci avait accès à toutes les familles les plus influentes d’Europe ? Pourquoi la montrer dans un accoutrement simpliste ? Pourquoi ces couleurs sombres et dépourvues de bijoux ? Dans quel endroit fut peint le tableau, dont le paysage fantasmagorique ne semble qu’à peine réel ? 

Sans relâche, historiens passionnés et scientifiques ont tenté d’élucider les secrets de la Joconde. Et c’est peut-être aussi ce qui fait son succès : avoir une part d’ombre, ce mystère.

Le vol de la Joconde, la confirmation d’un succès mondial.

1911. Alors simplement accroché à un clou dans une galerie du Louvre, le tableau manque à l’appel. Un temps soupçonnés, Pablo Picasso et Guillaume Apollinaire sont rapidement mis hors de cause. En réalité, le voleur est l’Italien Vincenzo Peruggia, vitrier en mission auprès du musée à ce moment-là. Sa trace – et celle du tableau, caché sous son lit – sera retrouvée deux ans plus tard, dans sa chambre parisienne. Le malfrat avait tenté de revendre le tableau, mais plaidera le patriotisme devant le tribunal italien, qui l’enverra pour 18 mois en prison.

Mais de cette mésaventure, une rumeur s’est formée : la Joconde serait devenue célèbre uniquement après son rapt, grâce aux gros titres de la presse et aux curieux venant enfin la voir. 

La Joconde de retour - photographie de Roger-Violet, libre de droit
La Joconde de retour – photographie de Roger-Violet, libre de droit

Pourtant, l’histoire du tableau confirme bien l’importance qu’il a pu avoir : racheté par François Ier à la mort de Da Vinci, celui-ci l’accroche dans sa résidence de Fontainebleau. Sous Louis XIV, il obtient une place de choix dans la galerie du Roi du château de Versailles. Puis il atterrit dans les appartements de Joséphine, l’impératrice de Napoléon. Il finit pour de bon au musée du Louvre, d’où il ne sera délogé qu’à de rares occasions, pour le protéger des guerres ou le temps d’une exposition exceptionnelle à l’étranger.

Léonard de Vinci meurt en 1519, quelques années après avoir achevé la Joconde, qu’il considérait comme son plus bel ouvrage. Quelles que soient les réponses aux nombreux mystères entourant la Joconde, il est indéniable que ce tableau possède une place de choix dans l’Histoire de l’Art, voire de l’Humanité, pour la symbolique et l’image universelle qu’il renvoie.

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