Photographie d'un rat-taupe nu. L'individu regarde vers la caméra. Il a de petits yeux noirs et de grandes incisives. Son corps est allongé, quasiment dépourvu de poils et rose.

L’insolite rat-taupe nu, ni rat, ni taupe : solution au cancer ?

S’il est des animaux qui attirent la sympathie dès le premier regard, le rat-taupe nu n’en fait pas forcément partie. Pas très charismatique, un peu étrange… Il présente pourtant des caractéristiques fascinantes pour qui s’y intéresse d’un peu plus près ! Qui est donc ce curieux rongeur qui vit en groupe et possède une santé à toute épreuve ?

Ni un rat, ni une taupe… qui est le rat-taupe nu ?

Son nom peut attiser votre curiosité si vous ne connaissez pas l’animal, mais il est en réalité assez trompeur. Ce rat-taupe nu n’est ni un rat, ni une taupe… et il n’est pas complètement nu non plus. Avec la taupe, il ne partage que son mode de vie souterrain. Il a bien en commun avec les rats le fait d’être un rongeur, mais il ne fait pas partie de la même famille. Il serait plus proche des chinchillas, des porcs-épics ou des cochons d’Inde que des rats. Enfin si son corps est majoritairement dépourvu de poils, ce qui participe à lui donner son allure particulière, il en possède tout de même sur certaines parties de son corps.

Photographie d'un rat-taupe nu. L'individu regarde vers la caméra. Il a de petits yeux noirs et de grandes incisives. Son corps est allongé, quasiment dépourvu de poils et rose.
Photographie d’un rat-taupe nu (Heterocephalus glaber), pas très mignon.

Et si vous vous attendez à croiser un rat-taupe dans votre jardin à l’instar de rats ou de taupes, cela n’arrivera pas… À moins de vivre dans l’Est de l’Afrique ! En effet, on ne les retrouve qu’au Kenya, en Somalie ou en Éthiopie.

Un des seuls mammifères qui vit dans une colonie organisée

Une des particularités du rat-taupe nu est qu’il s’agit d’un des très rares mammifères connus à avoir une organisation eusociale. Les animaux eusociaux sont des animaux qui vivent en groupe dans un système qui suit trois règles :

  • deux générations au minimum vivent ensemble
  • la reproduction ne concerne qu’un nombre réduit d’individus du groupe
  • les individus non reproducteurs coopèrent pour s’occuper des descendants des individus reproducteurs

Cette organisation sociale n’est à ce jour connue quasiment que chez des insectes. On la connaît par exemple chez les abeilles, les fourmis ou les termites. Le rat-taupe nu fait donc exception et il ne partage cette singularité parmi les mammifères qu’avec deux autres espèces de rats-taupes ; le rat-taupe de Damara et le rat-taupe hottentot.

Photographie d'une portée de rats-taupes nus dans une galerie souterraine sans doute artificielle. Ils dorment à moitié les uns sur les autres sur une litière faite de copeaux.
Photographie d’une portée de rats-taupes nus dans une galerie souterraine, beaucoup plus mignons.

Nos rats-taupes nus vivent donc dans des colonies. Celles-ci comportent généralement une reine et 70 à 80 individus, mais peuvent parfois en compter beaucoup plus. La plupart des individus sont des ouvriers ou ouvrières non reproducteurs qui s’occupent des soins des jeunes, de la maintenance des souterrains ou de la défense de la colonie.

Le rat-taupe nu, un modèle en recherche biomédicale

Les rats-taupes nus ont une longévité exceptionnellement longue par rapport à d’autres rongeurs, mais surtout ils ne semblent pas vieillir de la même manière que d’autres animaux. Leur taux de mortalité n’augmente pas avec leur âge comme c’est généralement le cas. Les changements physiologiques qui sont associés au vieillissement n’arrivent chez eux que très tardivement. Si cette caractéristique attise déjà la curiosité du côté de la recherche biomédicale, une autre vient la renforcer : les rats-taupes nus présentent une résistance remarquable aux cancers. L’étude des rats-taupes nus pourrait ainsi apporter de nouvelles connaissances sur le vieillissement et le développement des cancers.

Sous leur allure peu flatteuse, les rats-taupes nus cachent donc des secrets étonnants. En plus de présenter une organisation sociale rare pour des mammifères, ils possèdent des caractéristiques biologiques d’intérêt pour la recherche biomédicale. Et qui sait, peut-être avons-nous encore des choses à découvrir sur cet animal pas si facile à observer dans son milieu naturel.

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