En 1973, Claude Vorilhon rencontre un extra-terrestre nommé Yahweh, du moins c’est ce qu’il affirme. L’intéressé ferait partie d’une civilisation appelée les Élohim. Celle-ci aurait créé toutes les formes de vie sur Terre par ingénierie génétique et, par la même occasion, serait à l’origine des grandes figures religieuses (Jésus, Bouddha, Mahomet). De cette pseudo-révélation existentielle, Claude Vorilhon crée sa propre religion, son propre mythe : le mythe de Raël. En 1995, en France, le mouvement sera classé comme secte.
L’OVNI avant l’Homme
Tout commence en 1973 dans les montagnes auvergnates. C’est là, au beau milieu de la France paisible, que Claude Vorilhon rencontre son premier Elohim, ce qui signifie en hébreu : ceux qui nous ont créés sur Terre.
En effet, ces êtres auraient créé la vie sur Terre il y a 25 000 ans. Ils sont ensuite revenus plus tard pour nommer cet ancien journaliste comme leur messager sur Terre. Et la nomination se fait avec classe. Claude Vorilhon serait allé sur la planète des Elohim et aurait partagé un bon repas avec eux avant d’être consacré. Il se présente alors comme le dernier des prophètes et l’élu pour préparer le grand retour des Elohim sur Terre. Il crée alors un mouvement pour l’aider à accomplir sa tâche et préparer l’Humanité à accueillir les Elohim le moment venu.
En attendant leur retour sur la planète bleue, Vorilhon se serait vu confier de multiples missions. Construire une ambassade pour accueillir les Elohim, éveiller les humains par la méditation et œuvrer à leur libération sexuelle. Bien sûr, un extraterrestre ne fait par l’amour comme un vulgaire humain. Également, l’éveil de l’Homme passe par son éducation à propos de ses véritables origines. En effet, les extraterrestres auraient utilisé l’ingénierie génétique pour créer les humains, c’est pour cela qu’ils ont d’ailleurs été confondus avec des dieux par les civilisations anciennes.
Le mouvement raëlien : entre secte et clonage
Au début, le mouvement raëlien semble très séduisant : paix, amour, science. Au fur et à mesure que le mouvement grossit, naît une obsession pour le leader Raël, et une sexualité qui devient un levier d’emprise. En effet, pour ne jamais manquer de compagnes potentielles, Raël crée une secte dans la secte : l’Ordre des Anges, composé de femmes sélectionnées pour leur apparence physique, censées être au service des Elohim et de Raël lui-même. Certaines d’entre elles signent même des contrats garantissant des relations sexuelles avec le fondateur.
Le mouvement est structuré en une hiérarchie internationale avec des « guides » à différents niveaux. Ils prônent une société fondée sur la « géniocratie » (gouvernance par les plus intelligents). Par ailleurs, ils soutiennent des concepts tels que le clonage humain et le transfert de conscience pour atteindre l’immortalité. La secte affirme que les Élohims ont créé l’humanité par clonage et manipulations génétiques. En ce sens, Raël prétend que nous pourrons nous-mêmes atteindre leur niveau de technologie grâce à la science, s’opposant à toute notion divine ou religieuse traditionnelle.
En 2002, le mouvement raëlien crée sa propre société de clonage, Clonaid et annonce la naissance du premier clone humain, un bébé nommé “Eve”. Aucun élément de preuve n’a jamais été fourni. La communauté scientifique a unanimement dénoncé cette annonce comme une opération de communication mensongère.
Les scandales de Raël
Encore aujourd’hui, la secte de Raël compte plusieurs dizaines de milliers de membres revendiqués à travers le monde. En France, le rapport parlementaire de 1995 sur les sectes classe le Mouvement raëlien comme une secte en raison de son discours pseudo-scientifique, de ses pratiques internes, et de la personnalité très centrale de Raël. Toutefois, le mouvement a eu des antennes dans plusieurs grandes villes françaises (Paris, Lyon, Marseille, Toulouse). Il organise parfois des conférences publiques ou des distributions de tracts, souvent très provocateurs (ex : “Dieu n’existe pas”).
Le Mouvement a été impliqué dans plusieurs polémiques, notamment l’annonce en 2002 du prétendu premier clonage humain par sa filiale Clonaid, sans preuve scientifique. Il est également critiqué pour ses pratiques sexuelles controversées, son financement opaque et ses dérives sectaires. Par exemple, en octobre 2004, le magazine Playboy, de Hugh Hefner, auquel Raël vouait un culte (on se demande bien pourquoi) publie des photos coquines de trois raëliennes, dont Marina, fille de la présidente de la société Clonaid, Brigitte Boisselier. Le cachet de 10 000 $ US empoché par les trois jeunes filles a évidemment été versé au mouvement raëlien. Au fil des années, des anciens membres ont dénoncé des abus de pouvoir et des manipulations au sein de l’organisation.
Plus de cinquante ans après la création du mouvement raëlien, il n’y a toujours pas la moindre trace de clone. Pas plus que celle de la soucoupe volante qui se serait posée en Auvergne. Et une question demeure : où va tout cet argent amassé sur toutes ces années ? Jusqu’à présent, il n’y a pas non plus de trace de cette fameuse ambassade que les extraterrestres auraient demandé de construire d’ici 2035.
