Hydrogène blanc : l’énergie qui vaut le coup d’oeil

« Nous en sommes au même point que les pionniers de l’or noir avant que le premier puit de 1859 ne déclenche le premier rush pétrolier ».

Depuis quelques années, les perspectives de gisements d’hydrogène affolent les scientifiques et les industriels. À l’heure où nos ressources énergétiques s’épuisent et que les solutions pour subvenir aux besoins de la population mondiale s’amenuisent, l’espoir semble revenir dans les rangs. L’exploitation de la molécule d’hydrogène pourrait être la solution énergétique des générations prochaines. Si les avis divergent et que certains parlent de lubie ridicule, au vu des récentes découvertes, il est possible que les pionniers pro-hydrogène remportent un jour la gloire et les dollars. Certains se risquent même à évoquer l’hydrogène blanc comme l’or noir du XXIe siècle.

L’hydrogène et sa molécule H2 : un trésor géologique 

Aujourd’hui, l’hydrogène est un gaz fabriqué industriellement au prix d’une forte pollution. Si la molécule H2 est la constitution la plus simple de l’univers, sa production cause de fortes émissions de CO2. Toutefois, de récentes découvertes montrent que ce gaz pourrait être présent naturellement sous terre dans des quantités considérables. Aujourd’hui, il n’est plus une simple curiosité géologique, c’est l’espoir de développer de nouvelles énergies durables.

Si la présence de H2 est passée inaperçue à la surface de la Terre, ce déni géologique appartient au passé. Comme le souligne Isabelle Moretti, géologue à l’université de Pau : « Il n’y avait pas besoin de ce gaz. Maintenant, il devient désirable et les découvertes se multiplient ».

Flamme éternelles qui se trouvent sur le Mont Chimère en Turquie
Flamme du Mont Chimère, Turquie 

Le cercle des fées : à la recherche de l’or Blanc

L’hydrogène laisse des traces visibles à la surface de la Terre, l’une des plus connues est appelée « le cercle des fées ». Situées sur des croûtes continentales, ces émanations d’hydrogène sont reconnaissables grâce aux petites zones circulaires qui apparaissent à la surface. Elles pourraient bien être le résultat de la présence de gisements d’hydrogène situés sous la couche terrestre. Eric Gaucher, géochimiste à l’université de Berne, est catégorique. Pour lui, nous en sommes actuellement au même point que les pionniers de l’or noir au XIXe siècle.

Cercle de fées en Namibie, l’un des grands mystères écologiques de notre époque résistait encore à la science il y a une dizaine d’années.

Au-delà du visible, motivées par l’excitation d’être aux prémices d’une nouvelle ère énergétique, les innovations technologiques n’ont pas tardé. À présent, les premiers capteurs permettent de détecter la présence d’hydrogène sur des terrains variés. Que l’on soit en Espagne, aux États-Unis, à Oman, en Chine, au Japon, à Oman ou aux fins fonds de l’Atlantique, il s’avère que la présence du gaz est détectée à peu près partout. En France, une campagne de mesures effectuée dans les Pyrénées-Atlantiques a aussi révélé des taux prometteurs. 

De l’hydrogène blanc au Mali : la cigarette qui a fait naître l’espoir.  

Sous le village de Bourakébougou, à 50km au nord de Bamako, une révélation a fait vibrer d’espoir les prospecteurs d’hydrogène. En 1987, le creusement d’un puits d’environ 100 m de profondeur pour trouver une nouvelle source d’eau potable se solde par un échec. Un technicien sur place allume une cigarette au bord du trou et tout explose. Le puits abandonné est ensuite repris en 2011 par la compagnie Petroma, devenue aujourd’hui Hydroma, dont les ingénieurs constatent qu’il crache de l’hydrogène quasi pur. D’autres forages ont depuis confirmé la présence d’une large poche de gaz.

Selon les dernières estimations, il y aurait au moins 60 milliards de mètres cubes exploitables. Un premier cas qui semble prouver qu’il y a bel et bien des accumulations d’hydrogène dans la croûte terrestre, comme des gisements de pétrole ou de gaz naturel. Les flux qui parviennent en surface, comme les Fuegos Eternos, évoqués précédemment, ne seraient en réalité que la partie émergée de l’iceberg.

Exploration des sols maliens par la société Hygroma. 2008-2011

À l’aube de 2024, l’enthousiasme général est indéniable. Les premiers congrès sur l’hydrogène naturel font le plein. Comme aux premières heures du gaz de schiste, les majors se gardent de prendre trop de risques, mais il va sans dire que de nombreuses compagnies pétrolières se montrent très intéressées. Peut-on réellement croire à la découverte imminente d’une nouvelle ressource géologique d’ampleur mondiale ? Si c’est le cas, les plus optimistes affirment que la transition énergétique peut se produire en une décennie. Bonne nouvelle pour la planète. 

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