Aperçu de micro-organismes. César Culture G

Les intraterrestres, habitants de la biosphère profonde

Dans notre quête incessante de la vie extraterrestre, nous oublions parfois qu’au cœur même de notre planète existent des organismes qui sont encore très méconnus. Habitués à des conditions de vie extrêmes, prospérant dans le noir complet et parfois sans oxygène… Les intraterrestres sont bien réels. Eux se trouvent juste là, sous nos pieds, certains à seulement quelques mètres de nous.

Des micro-organismes qui peuplent la biosphère profonde

C’est sous la surface que se déroule le voyage d’aujourd’hui et plus précisément dans la biosphère profonde. La biosphère profonde, c’est la partie de la biosphère qui débute sous les premiers mètres de la surface. Elle peut s’étendre jusqu’à plusieurs kilomètres sous celle-ci. Il s’agit d’un milieu hostile. Obscurité la plus totale, nutriments rares, absence d’oxygène… On s’attend à tout sauf à y rencontrer de la vie, et pourtant ! Jusqu’à plusieurs kilomètres sous la surface de notre Terre se trouve bien une vie (presque) foisonnante. L’existence d’organismes vivants à des profondeurs allant jusqu’à 2,5 km dans la croûte océanique et jusqu’à 5 km dans la croûte continentale n’a été avérée qu’assez récemment.

Schéma représentant les différentes couches de la Terre, avec le noyau, les manteaux et les couches supérieures. César Culture G
Schéma montrant où se situent les croûtes océanique et continentale.

Cette vie comprend principalement des micro-organismes tels que des bactéries et des archées. Ces dernières sont d’ailleurs habituées aux environnements extrêmes. C’est seulement vers la fin des années 2010 qu’a pu être mesurée la diversité incroyable des organismes peuplant ces milieux, notamment grâce au développement des techniques de séquençage de l’ADN. Cette diversité serait même supérieure à celle retrouvée dans d’autres environnements comme les océans, les sols ou les êtres vivants. En fait, 70 à 80 % de la biomasse microbienne terrestre pourraient bien se trouver dans les roches de la biosphère profonde !

Comment les organismes intraterrestres survivent-ils dans ces conditions ?

Voilà de quoi remettre en doute nos certitudes, quand depuis notre plus jeune âge nous apprenons que la vie a besoin d’oxygène, d’eau ou de lumière pour se développer. Comment pourraient faire des organismes pour survivre et se reproduire dans des milieux appauvris en oxygène, sans aucune lumière, tout en subissant des températures et une pression extrêmes ?

Ces organismes extrêmophiles basent en fait leur respiration sur d’autres éléments que l’oxygène, comme le soufre par exemple. Ils tirent leur énergie et les nutriments nécessaires à leur développement des roches, plus précisément des réactions chimiques induites par l’altération de celles-ci. Un modèle bien loin des animaux et plantes qui nous entourent, mais adapté aux conditions de vie particulières des profondeurs de la Terre.

Un espoir pour la découverte de vie extraterrestre

Savoir qu’il existe des organismes terrestres capables de vivre en profondeur sous les conditions citées ouvre des perspectives concernant la vie extraterrestre. Les profondeurs de la planète Mars, de la lune Encelade ou du satellite naturel Europe pourraient théoriquement accueillir une vie microbienne comparable à celle de notre biosphère profonde.

Photographie de la lune Encelade, un satellite de Saturne, qui pourrait potentiellement accueillir des organismes semblables aux intraterrestres. César Culture G
Aperçu de la lune Encelade, un satellite naturel de Saturne qui pourrait héberger de la vie.

Nous serions certes encore bien loin des fameux « bonhommes verts ». Néanmoins, il s’agirait d’une des plus grandes découvertes de notre histoire moderne si elle venait à se faire ! Il faudra néanmoins attendre encore un peu. Les technologies actuelles ne permettent pas de forer suffisamment profondément dans le sol de Mars ou des satellites cités.

Les intraterrestres ne sont qu’un exemple d’organismes encore méconnus qui peuplent notre planète. Comme dans les océans, il nous en reste probablement encore beaucoup à découvrir. Comprendre leur fonctionnement et leurs adaptations à des conditions de vie difficiles pourrait nous ouvrir des perspectives. C’est le cas dans la recherche de la vie extraterrestre.

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