Photographie de sources chaudes, un type d'environnements extrêmes abritant des bactéries.

Des environnements extrêmes pleins de vie

Il y a des endroits qu’on imagine paisibles, sans vie, habités seulement par le son de l’eau qui jaillit ou du vent qui soulève le sable… Les sources chaudes, les geysers, les eaux profondes, les déserts extrêmement chauds et froids, ces lieux ne nous semblent aptes à héberger aucun être vivant. Pourtant, si l’existence d’organismes vivants n’est pas toujours évidente au premier coup d’œil dans ces environnements, elle est souvent bien présente.

Qu’est-ce qu’un environnement extrême ?

Photographie d'un désert, un type d'environnements extrêmes.
Un exemple d’environnement extrême avec une zone désertique.

Avant d’aller plus loin, il convient d’abord de définir ce qu’est un environnement extrême. Selon notre point de vue humain, certaines conditions peuvent paraître extrêmes, pourtant elles ne le sont pas forcément pour des organismes qui s’y sont adaptés et qui y prospèrent. Une définition assez générale est qu’un environnement extrême est un environnement dans lequel des facteurs physiques, chimiques ou biologiques se situent aux limites d’une gamme standard et rendent inhabitable l’environnement pour la plupart des organismes.

Ces facteurs limitants peuvent être des extrêmes de température ou de pH, une forte concentration en sel, une pression élevée ou encore une disponibilité faible en eau ou en oxygène dans l’environnement. Une grande partie des organismes vivant sur Terre ne peut pas supporter de telles conditions. Au-delà de l’inconfort qu’on peut imaginer associer à ces conditions, celles-ci causent directement des dommages à l’organisme. Elles peuvent par exemple être la cause d’une destruction des protéines ou de l’ADN, ou bien fragiliser les membranes cellulaires. Des dommages qui sont dans certains cas irréversibles et fatals.

Tour d’horizon des environnements extrêmes et de leurs habitants

Certains organismes sont pourtant capables de vivre et de se multiplier dans les environnements extrêmes qu’héberge notre planète sans subir de tels dommages. Ces organismes sont dits extrêmophiles. Non seulement ils sont capables de supporter des conditions extrêmes, mais souvent ce sont même dans ces conditions qu’ils se développent le mieux. La plupart ne survivraient d’ailleurs pas à des conditions considérées comme normales pour nous. Les organismes qui peuvent supporter des conditions extrêmes sans y vivre en permanence ou sans qu’il s’agisse de leurs conditions idéales sont plutôt dits extrêmotolérants.

Des organismes qui aiment les sources chaudes

Photographie de cheminées hydrothermales sous-marines.
Cheminées hydrothermales au niveau des Açores.

On trouve de nombreuses bactéries et archées dans les sources chaudes et près des cheminées hydrothermales. Ces sources apportent pourtant des conditions peu propices à la vie. On y trouve de l’eau élevée en température, un pH bas et des éléments nocifs sont parfois présents. Près des cheminées hydrothermales, certaines espèces d’invertébrés marins prospèrent, possiblement grâce à des interactions symbiotiques formées avec des bactéries. Le ver de Pompéi, Alvinella pompejana, détient le record de l’animal le plus résistant à la chaleur. Il peut en effet supporter des chaleurs allant jusqu’à 80°C !

À ceux qui apprécient les environnements extrêmes profonds

Les eaux profondes sont également un milieu peu attrayant. Pression élevée, températures basses sauf à proximité des bouches hydrothermales et pH variant entre 3 et 8… Ces conditions ne gênent pas certaines bactéries qui peuvent vivre jusque dans les profondeurs de la fosse des Mariannes.

En passant par ceux qui adorent le sel

Photographie de la Mer Morte avec des formations de sel qui dépasse le niveau de l'eau.
Photographie de la Mer Morte avec ses impressionnantes formations de sels.

Les milieux qui présentent une haute concentration en sel comme les marais salants ou certains lacs hébergent eux aussi la vie. Ces milieux sont généralement dominés par des archées. Ils accueillent cependant également des bactéries, des cyanobactéries, des algues vertes, des diatomées et des protozoaires. La mer Morte fait d’ailleurs partie de cette catégorie et n’a de morte que le nom. Elle héberge notamment des bactéries et des microchampignons !

Sans oublier ceux qui prospèrent dans les environnements extrêmes chauds ou froids

Les déserts sont aussi des environnements hostiles, qu’il s’agisse de déserts chauds ou froids. La dessication, qui désigne une perte d’eau extrême dans un environnement ou un corps, est un risque important dans ces milieux. Cela ne gêne pas certaines cyanobactéries, algues ou certains champignons. Dans les eaux froides voire glacées, on peut même croiser certaines espèces de poissons. Ceux de la famille des Nototheniidae produisent des protéines antigel qui leur permettent de survivre dans l’Océan Austral. Il existe même une espèce d’anémone, Edwardsiella andrillae, qui vit à l’envers dans l’eau, le pied planté dans la banquise !

Les organismes extrêmophiles sont nombreux et diversifiés. La plupart nous étaient encore inconnus il y a tout juste quelques dizaines d’années. Leur découverte a pu élargir nos connaissances sur les conditions permettant à la vie de prospérer. Et d’ailleurs, si les organismes extrêmophiles vous intéressent, vous devriez aimer l’article sur les tardigrades, des champions des conditions extrêmes !

Articles précédents

Stanislav Petrov: L’inconnu qui a permis d’éviter la guerre nucléaire

Article suivant

Tromelin : L’île des esclaves oubliés

Laisser un commentaire
Plus d'articles

Zoom sur les zones humides

Les zones humides sont des milieux caractérisés par la présence d’eau douce, salée ou saumâtre, en surface ou…
Photographie d'une grande zone humide dans laquelle un groupe de flamants roses est présent. César Culture G