Avez-vous déjà entendu parler des tardigrades et de leurs capacités extraordinaires en matière d’adaptation et de survie ? Si ce n’est pas le cas, je vous propose une plongée dans le monde du tardigrade ! Cet animal si petit, mais (presque) invincible.
Qu’est-ce qu’un tardigrade ?
Le terme « tardigrade » désigne en fait un embranchement entier du règne animal dont on connaît actuellement environ 1340 espèces. Il n’y a donc pas un tardigrade, mais bien tout un tas d’espèces de tardigrades ! Ces animaux invertébrés, dont la taille varie entre 0,1mm et 1,2mm, peuvent être observés dans toutes sortes de milieux. Une de leurs particularités est d’ailleurs la diversité des habitats dans lesquels on peut retrouver les différentes espèces de tardigrades. En effet, il existe à la fois des espèces marines, des espèces d’eau douce tout comme des espèces terrestres. Et si on peut trouver certaines espèces à plus de 4000m de profondeur dans les océans, on peut tout autant en trouver à plus de 6000m d’altitude !
Ils apprécient néanmoins particulièrement les endroits où poussent mousses et lichens, dont ils peuvent se nourrir. Les algues, les nématodes ou encore les collemboles font aussi partie de leur menu. Ces « oursons d’eau », tels qu’ils sont surnommés, peuvent vivre entre 12 et 30 mois selon les espèces. Les tardigrades peupleraient la Terre depuis environ 500 millions d’années. Ils auraient donc survécu aux 5 extinctions de masse ayant eu lieu dans cette période.
Les capacités de survie des tardigrades face aux conditions extrêmes
Parmi les capacités extraordinaires des tardigrades, on peut notamment citer qu’ils peuvent survivre à des températures allant de -272°C à +151°C. Ils peuvent également résister à des taux d’irradiations largement supérieurs aux doses mortelles pour les humains.
La pression ne les impressionne pas beaucoup plus, puisqu’ils peuvent survivre à des pressions de 7,5 GPa (gigapascal). À titre de comparaison, des bactéries considérées comme très résistantes explosent à seulement 0,6 GPa. D’ailleurs, certains tardigrades ont voyagé dans l’espace, exposés au vide spatial et aux rayons cosmiques et ultraviolets.
Il est tout de même important de préciser que ces capacités ne concernent pas toutes les espèces de tardigrades.
La cryptobiose, une solution pour résister aux environnements hostiles ?
Certaines espèces terrestres de tardigrades sont capables de cryptobiose. Dans cette forme de vie ralentie, le tardigrade perd 95 % de l’eau qu’il contient et jusqu’à 40 % de son volume. Une fois ré-exposé à l’eau, le tardigrade revient à la vie à mesure que son corps se réhydrate, ce qui ne prend que quelques minutes !
La cryptobiose peut leur permettre de survivre pendant plusieurs années sans eau. Cet état leur permet également de résister à certaines des conditions de vie extrêmes citées plus haut. Cependant, des recherches ont montré que même dans leur état actif, certaines espèces de tardigrades peuvent résister à de nombreux stress environnementaux. Cette résistance pourrait être possible grâce à la présence d’une protéine particulière dans l’organisme des tardigrades, mais les mécanismes précis sont encore questionnés.
Si les mécanismes derrière les capacités de résistance des tardigrades à certaines conditions extrêmes ont encore des secrets à livrer, leur quasi-invincibilité semble évidente. Dans des conditions où n’importe quel autre animal connu mourrait, les tardigrades résistent. Les études en cours et à venir sur les tardigrades pourraient apporter de nombreuses réponses sur leurs capacités, mais pourraient aussi aider à l’élaboration de nouveaux matériaux résistants à la pression ou à certains rayonnements.