Les Brigades du Tigre de Clemenceau paraissent inconnues à première vue. Mais vous les connaissez ! Je te propose de découvrir l’histoire insolite d’un groupuscule méconnu du grand public devenu la pierre angulaire des services judiciaires ! Plonge avec moi dans la brigade la plus mythique du début du XXe siècle.
Les origines
Au début du XXe siècle, la police, déjà très archaïque, se montre démunie. Elle bute sur la montée du banditisme, l’évolution exponentielle de la technologie et la transformation rapide de la société française. Sous la façade dorée de la Belle Époque, le banditisme se répand comme une traînée de poudre. La bande Pollet a sévit principalement dans les départements français du Nord et du Pas-de-Calais de 1898 à 1906. Au cours de l’année 1906, 103 000 affaires criminelles ont été classées sans que les auteurs aient pu être identifiés en France.
Ainsi, ces organisations criminelles font régner la terreur en France. Contrairement à elles, la police du pays est mal préparée et mal entraînée. D’une part, son organisation est extrêmement décentralisée. Elle est divisée en cantons au sein desquels les polices locales agissent en leur nom. Les différentes divisions n’échangent pas entre elles. Il n’existe pas de police nationale. D’autre part, les charges administratives sont lourdes, onéreuses et dupliquées dans chaque région. En somme, la police est morcelée et archaïque.
Dans un premier temps, George Clemenceau, alors ministre de l’Intérieur et président du conseil de la IIIe République, crée le Ministère de la Police début 1907. La France se dote alors d’une “police chargée de seconder l’autorité judiciaire dans la répression des crimes et des délits”. De cette décision du conseil en résulte le Contrôle Général des Services de Recherches Judiciaires (ancêtre de la Police Judiciaire). Dans un second temps, “Le Tigre”, surnom de Clemenceau, crée fin 1907 douze brigades régionales de police mobile, les fameuses “Brigades du Tigre.” Elles combattent donc le crime organisé sur tout le territoire.
L’évolution des Brigades du Tigre au cours du XXe siècle
Le président français George Clemenceau se donne les moyens de ses ambitions. Entre recrutement massif (500 policiers mobiles), formation intensive (entraînement à la savate, ancêtre de la boxe française) et équipements technologiques dernier cri (télégraphes, téléphones, et automobiles), les “Brigades du Tigres” obtiennent rapidement des résultats satisfaisants. Leur premier bilan officiel fait état de 2 695 arrestations dont celles de 65 meurtriers.
Cependant, en 1941, sous l’occupation allemande, une réforme instaure en France une direction générale de la police nationale (DGPN). Elle comporte notamment trois directions actives dont le service de police judiciaire qui regroupe et remplace le Contrôle Général des Services de Recherches Judiciaires et les brigades mobiles dites les “Brigades du Tigre”. En 1947, après la Libération, un décret établit les services régionaux de police judiciaire (SRPJ). Il fixe aussi leur nombre à 17.
La postérité des Brigades du Tigre
Aujourd’hui, les “Brigades du Tigre”, telles qu’elles existaient au cours de la première moitié du XXe siècle ont disparu. Elles ont fusionné avec la direction nationale de la Police judiciaire (DNPJ). Cette dernière succède, le 1er juillet 2023 à la direction centrale de la Police judiciaire (DCPJ). Cependant, on retrouvait, en hommage, le tigre et le profil de George Clemenceau sur le logo de la DCPJ.
De plus, les brigades mobiles tirent leur surnom les “Brigades du Tigre” de la série télévisée éponyme diffusée dans les années 1970 en France. La série retrace l’histoire des brigades mobiles avant la Première guerre mondiale (4 saisons). La deuxième partie s’intéresse à l’entre-deux guerres (2 saisons).
Ainsi, les brigades mobiles dites les “Brigades du Tigre” sont nées dans un climat d’insécurité croissant en France. Elles sont toujours actives au sein de la Police Judiciaire et permettent de lutter quotidiennement contre le crime et le banditisme sur le territoire français.