Imaginez-vous un auditorium où les murs seraient ornés d’affiches de Donald Trump grimé en catcheur, les abdos saillants, et rempli de milliers de personnes, les bras levés au ciel, priant en chœur… Serait-ce un rêve ou un cauchemar ? Quoi qu’il en soit, c’est bel et bien une réalité que certains sont prêts à payer plus de 500 dollars. Entre rock chrétien, théories du complot et armes à feu : bienvenue au MAGA Tour.
De Jésus à Donald Trump, il n’y a qu’un pas
Aussi appelé le “ReAwaken America Tour”, ce rassemblement sillonne les États-Unis depuis plus de trois ans à la gloire quasiment religieuse de Donald Trump. Pour le résumer en une phrase : Dieu veut la victoire de Trump et, tout comme Jésus, il sauvera les Etats-Unis. Néanmoins, ce n’est pas si simple de récapituler cet événement. Entre casquettes rouges avec les slogans de l’ancien président et T-shirts disant “Guns don’t kill people. Biden does.”, certains se font baptiser dans des piscines géantes par des pasteurs, quand d’autres récoltent des offrandes.
Deux personnes sont à l’origine de ce phénomène. D’un côté, le général Michael Flynn, ancien conseiller en sécurité nationale à la Maison Blanche. De l’autre, Clay Clark, un entrepreneur qui s’est érigé en figure de la lutte anti-vaccin durant la pandémie. Tous deux sont de fidèles partisans de l’ancien président, jusqu’à jouer un rôle important dans l’assaut du Capitole, car ils en sont sûrs : Donald Trump a bel et bien remporté les élections de 2020.
Cependant, cette tournée ne fait pas l’unanimité. À plusieurs reprises, son organisation a été empêchée ou déplacée, par exemple dans les États de New York ou de Washington. Pour s’en prémunir, les tickets indiquent désormais que c’est un festival autour du café et dissimulent le réel but des rassemblements.
Une jeune fille se faisant baptiser au Maga Tour en août 2022, à Batavia (New York). © Caroline Kaster / AP
Une tournée qui s’intensifie à l’approche des élections
En tout, ce sont 15 villes qui ont accueilli cette tournée, qualifiée de “safe place” par celles et ceux qui y participent, mais qui emploient tout de même un langage particulièrement guerrier. Les prophéties apocalyptiques et les théories du complot se succèdent : pour éviter le “jugement dernier”, les électeurs de Trump “ne se rendront jamais”.
Un orateur bien connu des partisans de Donald Trump, son fils, Eric, finit souvent d’enflammer les foules en parlant d’une “bataille pour l’âme de l’Amérique”, dans laquelle toutes et tous devraient être prêts à prendre “une balle pour leur nation”. Les gens n’ont d’autre choix que de s’impliquer dans cette guerre à la fois spirituelle et politique, qui prend tout son sens à l’approche des primaires dans le camp Républicain.
Les spectateurs priant pour Donald Trump en août 2022, à Batavia (New York). © Caroline Kaster / AP
En effet, malgré les grands moyens déployés, ce n’est pas encore gagné pour Trump. Le système américain veut que seulement deux candidats se présentent aux élections, un dans chaque camp. Ce système bipartisan oppose tous les quatre ans les Républicains, plus conservateurs, aux Démocrates, plus progressistes. Au sein du camp Républicain, plusieurs candidats sont encore en lice pour concurrencer Trump : réponse le 5 mars 2024.
Les prochaines élections présidentielles américaines se tiendront le 5 novembre 2024. Si certains experts voient d’ores et déjà l’ancien président élu à nouveau, en évoquant une “dictature Trump”, plusieurs étapes restent encore à parcourir, dont les primaires, puis plusieurs mois de campagne. Le MAGA Tour pourrait-il participer au succès de Donald Trump ? Les mois à venir nous le révéleront.
