Vous avez peut-être déjà aperçu un extrait de Lucas l’araignée ou visionné des vidéos de jolies araignées colorées en train de danser ? Il s’agit dans les deux cas d’araignées de la famille des Salticidae. Et je pourrais mettre ma main à couper que même si vous êtes arachnophobes, vous les avez trouvées mignonnes. Au moins un peu… non ?
Une Salticidae, qu’est-ce que c’est ?
Les Salticidaes, que l’on appelle aussi Saltiques ou araignées sauteuses, sont l’une des 135 familles d’araignées répertoriées dans le World Spider Catalog. C’est la famille d’araignées la plus diversifiée, avec plus de 6600 espèces décrites ! Ce sont des araignées plutôt de petite taille et, sur les huit yeux qu’elles possèdent, les deux à l’avant sont particulièrement grands. Un trait qui, avec leurs poils parfois dressés sur la tête, contribue à leur donner leur allure caractéristique.

Et en parlant de leurs yeux, il faut savoir que ce sont des araignées qui ont une très bonne vision ! Comparées à d’autres familles d’araignées en tout cas, dont la vision est souvent médiocre. Elles se servent d’ailleurs de leur vision affûtée pour chasser. En effet, ce sont des araignées qui ne tissent pas de toiles et qui poursuivent leurs proies dans la végétation.
Mignonnes, mais pas que !
Maintenant, laissez-moi vous emmener un peu plus loin dans leur monde. Car en plus d’être à même d’attendrir les plus arachnophobes, ces araignées ont des particularités vraiment étonnantes !
Des danseuses hors pair pour séduire leur paire
Les individus mâles des araignées de cette famille font la cour aux femelles de manière assez remarquable. Ils sont souvent plus colorés que les femelles, bien que le dimorphisme sexuel soit très variable selon les espèces. Certaines, souvent présentes dans l’hémisphère Sud, ont donné lieu à de nombreuses vidéos présentant leurs ornementations colorées et leurs danses. C’est le cas par exemple de la Maratus volans, une araignée faisant partie d’un genre surnommé araignées paons.

Ces « danses » des mâles peuvent consister en divers mouvements, en la mise en avant de leur abdomen coloré et en la production de signaux vibratoires. Ceux-ci peuvent être générés en utilisant leur corps ou le substrat sur lequel ils dansent.
La seule araignée « végétarienne » au monde est une Salticidae
Si les araignées sont habituellement des prédateurs et des carnivores, au moins une espèce fait exception ! Il s’agit d’une espèce qui porte le nom de Bagheera kiplingi. Elle vit en Amérique centrale, notamment au Mexique et au Costa Rica. Cette petite araignée présente une caractéristique particulière : elle est en partie herbivore !
Les individus de cette espèce vivent sur des acacias qui sont normalement défendus des herbivores par des fourmis. Bagheera kiplingi déjoue la surveillance des fourmis en évitant les gardes et parvient ainsi à se nourrir des corps beltiens des acacias. Au Costa Rica, ces corps représentent 60 % de l’alimentation de ces araignées. Au Mexique, ce nombre monte à 91 % ! Les araignées complètent les pourcentages restants avec du nectar, des larves de fourmis ou des mouches.
Plutôt araignée ou fourmi ?
En parlant de fourmis… certaines espèces de Salticidae les imitent assez remarquablement ! C’est le cas notamment dans le genre Myrmarachne, qui fait partie des Salticidae.

Elles prennent morphologiquement l’allure de fourmis, notamment avec un corps plus allongé. Elles imitent également leur manière de se mouvoir. Mais elles ne s’arrêtent pas là ! Certaines dressent aussi au-dessus de leurs têtes leur première paire de pattes avant, qui ressemble alors aux antennes des fourmis. Ce mimétisme peut leur être utile face à leurs prédateurs. En effet, les fourmis étant souvent évitées par ceux-ci, les araignées qui les imitent peuvent aussi éviter d’être mangées !
Fait moins connu et moins répandu ; certaines espèces de Salticidae imitent aussi des guêpes ou des scarabées.
Entre leur allure et leurs attitudes, les Salticidae peuvent donc être une bonne porte d’entrée pour s’intéresser aux araignées. Leurs cours exceptionnelles, l’exception au carnivorisme ou le mimétisme ne sont que des exemples de la richesse de formes et de comportements que comporte ce groupe !