Vespasien

L’année des quatre empereurs (68-69)

En 68 ap. J.-C. éclate la première crise majeure de l’empire romain, né 90 ans plus tôt. Cette crise nommée l’année des quatre empereurs marqua à jamais l’histoire de Rome. Première guerre civile depuis le règne d’Auguste, cette année 68 vit quatre empereurs se succéder: Othon, Galba, Vitellius et Vespasien. Retour sur l’une des années les plus marquantes de l’histoire de Rome.

Aux origines de l’année des quatre empereurs: Néron

Les origines de la guerre viennent de l’exaspération de certains dignitaires du régime impérial romain vis-à-vis de Néron. Empereur depuis l’année 54, le comportement tyrannique et les différents scandales qui entourent son règne finissent par déclencher le soulèvement de certains hommes politiques romains haut placés.

Ainsi, Vindex, gouverneur de la province de la Gaule lyonnaise, se soulève contre l’empereur en février 68. Il a pour ambition de mettre un terme au règne de la dynastie Julio-Claudienne, jugeant Néron indigne d’occuper une telle fonction. 

Vindex s’allie rapidement à Galba. Galba est un sénateur romain influent de 73 ans. Rome connaît bien Galba. Il est gouverneur de Tarraconaise (en actuelle Espagne) et ancien gouverneur de l’Aquitaine. Vindex propose le titre impérial à Galba une fois que Néron sera renversé, ce que le vieux sénateur accepte. Il devient donc officiellement un “usurpateur”

Galba, premier empereur de l'année des quatre empereurs.
Buste de Galba, musée des Antiquités Gustav III, Stockholm.

Les deux alliés se retrouvent donc à la tête d’une armée d’environ 100 000 hommes. Ils se mettent alors en marche vers Rome. Malgré une défaite militaire qui poussa Vindex au suicide, Galba, toujours en route vers la capitale de l’empire, obtient le soutien de la garnison de Rome ainsi que celle du Sénat.

Néron, complètement isolé et déclaré “ennemi public”, finit par se suicider le 9 juin 68. Galba entre alors dans une Rome débarrassée de son tyran. Il devient l’empereur légitime de Rome et de son empire. Le premier de cette année loin d’être terminée. 

D’un empereur à l’autre: De Galba à Vitellius

L’histoire aurait très bien pu s’arrêter là. Mais rapidement après sa prise de pouvoir, des légions romaines remettent en question la légitimité de Galba. Les légions du Rhin, qui étaient restées loyales à Néron, se rebellent en janvier 69 et proclament le gouverneur de Germanie inférieure, Vitellius, seul empereur légitime.

Cette fois, le soutien pour Vitellius est plus massif. Plusieurs provinces romaines se rallient à lui, dont une grande partie de la Gaule, la Germanie, la Rhétie, et la péninsule ibérique. Au même moment à Rome, Galba est assassiné par la garde prétorienne qui choisit un nouvel empereur: Othon. Le 15 janvier, il est reconnu légitime par le Sénat, les légionnaires du Danube, d’Afrique et d’Égypte. 

Buste d'Othon, deuxième empereur de l'année des quatre empereurs.
Buste d’Othon, Palais Medici-Riccardi, Florence

Mais cet événement n’arrête pas Vitellius pour autant. Conscient de sa force, il continue de se rapprocher de Rome. Une bataille à lieu entre les armées des deux empereurs: à Bédriac, près de Vérone, en avril 69, les soldats d’Othon sont écrasés. Plus rien ne peut empêcher Vitellius de rentrer à Rome. Othon finit alors par se suicider le 15 avril. 

Vitellius arrive à Rome en juillet 69. Mais à peine assis sur le trône impérial, on lui annonce qu’un nouvel usurpateur se prépare de l’autre côté de l’empire.

Buste de Vitellius
Buste de Vitellius

Vespasien: Le quatrième et dernier empereur de l’année

Pendant tout ce temps, de l’autre côté de l’empire, en Judée, Vespasien n’entend pas laisser passer sa chance. En campagne militaire depuis 66 contre les juifs révoltés de la région, les armées d’Orient le choisissent comme nouvel empereur légitime.

Buste de Vespasien, dernier empereur de l'année des quatre empereurs.
Buste de Vespasien, Musée des Beaux-Arts Pouchkine.

Tout l’Orient romain se rallie alors rapidement à lui. Les légions du Danube et celles de Narbonnaise se joignent également à Vespasien, avant que toute la Gaule ne prenne son parti. L’affrontement apparaît alors comme inéluctable entre les deux empereurs. Vespasien laisse alors le commandement militaire à son fils Titus dans la guerre contre les juifs. Il quitte en suite l’Orient pour se mettre en route à destination de l’Italie. 

Le 24 octobre 69, les hommes de Vitellius tentent de stopper l’avancée de Vespasien à Crémone, dans le nord de l’Italie, mais se font écraser. Cette victoire retentissante de Vespasien provoque le ralliement de presque toutes les provinces occidentalesL’affrontement final aura donc lieu à Rome, le centre du pouvoir, et se concrétise dans des combats de rue d’une grande violence. C’est la première fois depuis 88 av. J.-C. que Rome est le théâtre de combats d’une telle ampleur. 

L’arrivée des légions du Danube à Rome donne l’avantage décisif à Vespasien. Les hommes de Vitellius se font massacrer. Vitellius lui-même est tué dans les combats le 22 décembre 69, et son corps finit traîné sur le forum. Le Sénat reconnaît alors Vespasien comme seul empereur légitime, le quatrième en l’espace d’un an, mettant fin à une période d’instabilité unique dans l’histoire romaine.

Avec cette crise, ce n’est pas seulement un nouvel empereur qui arrive à Rome, mais aussi une nouvelle dynastie: Les Flaviens. Pour renforcer un pouvoir impérial fragile, et assurer sa légitimité, Vespasien mettra vite en place le principe d’hérédité, mettant au premier plan ses deux fils Titus et Domitien, qui finiront par lui succéder. Cette année des quatre empereurs marqua durablement les esprits à Rome, car pour la première fois un homme pouvait être fait empereur hors de Rome, par les armées provinciales.

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