L’escalade est un sport qui demande une grande capacité d’analyse des voies que l’on va grimper. Escalader en étant malvoyant relève d’ores et déjà de l’exploit sportif. De son côté, Nicolas Moineau est atteint d’une maladie dégénérative de la rétine. L’histoire de ce champion du monde fait partie de celles qui inspirent.
Des méthodes de grimpe bien particulières
Nicolas Moineau grimpe depuis longtemps, très longtemps. En 30 ans, sa vue a eu le temps de se dégrader. La raison ? Nicolas Moineau est atteint d’une rétinite pigmentaire, une maladie génétique qui dégrade petit à petit sa vue. Pourtant, lorsqu’il a commencé, il pouvait distinguer les prises pour les mains et les pieds. Aujourd’hui, c’est à peine s’il reconnaît “le beau temps du mauvais temps”.
Pour pouvoir grimper presque indépendamment, il cherche les prises qu’il apprend ensuite par cœur. Évidemment, il lui faut tout de même quelqu’un pour l’assurer, discipline oblige. Il connaît même les routes qui le mènent à son spot de St-Géry dans le Lot, toujours accompagné par son chien. Malgré ses problèmes de vue, il tient à grimper en tête autant que possible, et il prend toujours autant de plaisir !
Nicolas Moineau, trois fois champion du monde de la discipline
Lorsqu’on lui a proposé de rejoindre l’équipe de France d’escalade, il a d’abord refusé. Nicolas Moineau grimpe avant tout par plaisir et par passion, plus que dans un esprit de compétition. Finalement, il accepte et participe aux championnats du monde d’escalade handisport à Bercy en 2012. Il remporte même la médaille d’or. Pas mal pour quelqu’un qui n’aime pas la compétition !
En 2014, à Gijon, en Espagne, il ramène la médaille d’argent à la délégation française. En 2016, de nouveau à Bercy, il réitère sa performance de 2012. Il reconnaît même que cette compétition lui a fait prendre conscience de capacités qu’il n’imaginait pas. “Ça m’a permis de travailler des voies que je pensais au-dessus de mon niveau. Entre autres, un 7a que je pensais vraiment ne pas pouvoir faire”. Si seulement il savait que 10 ans plus tard, il serait dans le cercle très fermé des malvoyants octogradistes…
Onze mois de travail pour enchaîner un 8a
Pour se rendre compte de l’exploit que cela représente, il faut comprendre la difficulté d’une voie cotée 8a. Seuls 1% des grimpeurs mondiaux sont capables de réussir un tel niveau de difficulté. Rien que ça. Pour réaliser cette prouesse, il lui a fallu onze mois de travail. “J’ai commencé à découvrir la voie il y a 13 mois. Je retire un mois de Covid et de problèmes post-Covid en octobre et novembre dernier, un mois de météo horrible en janvier et je pense avoir réglé l’affaire en 10/11 mois“.
Un an avant l’aboutissement, Nicolas Moineau s’en sentait complètement incapable. « J’ai fait ma première tentative de montée en moulinette. J’étais arrivé au troisième point et j’avais trouvé ça vraiment dur. Mais, je savais que les 10 mètres du début étaient les plus durs de la voie et je m’étais fixé un premier objectif : enchaîner cette section de départ. À l’époque, je ne me doutais pas de ce qui m’attendait, je savais juste que je partais pour un long voyage et qu’il faudrait gérer la motivation », a-t-il confié au magazine Grimper.
Le 16 octobre 2023, son projet se réalise malgré la maladie. “J’ai tapé tellement d’essais par 30 degrés que j’ai été dopé par les 22 degrés d’hier. Au final, j’ai commencé et fini avec le Covid.”
Finalement, Nicolas Moineau est un exemple de persévérance et d’humilité. Malgré un problème de vue qui ne fait qu’empirer, il continue toujours de grimper par plaisir, en repoussant toujours un peu plus les limites qu’il se fixait au départ.