Photographie d'une espèce de nudibranche. Elle est très colorée et très vive, avec plusieurs appendices sur le dos. César Culture G

Plongée dans le monde des limaces de mer

Avec des milliers d’espèces présentes dans le monde entier, les limaces de mer forment un groupe riche en tailles, formes et couleurs variées. Derrière leurs allures, tantôt magnifiques tantôt étranges, ces animaux cachent des secrets étonnants ; de formidables moyens de défense, des modes d’alimentation parfois originaux ou encore de curieuses façons de se reproduire. Plongeons ensemble dans leur monde !

Qui sont les limaces de mer ?

Le terme « limace de mer » ne se réfère pas à un groupe taxonomique précis. Il englobe en fait des tas d’espèces animales provenant de classes ou d’ordres différents. Ce qui les rassemble sous ce terme, malgré leurs différences, c’est une allure générale pouvant évoquer celle des limaces terrestres. L’analogie a pourtant ses limites, ces animaux étant bien différents de ces dernières, notamment parce que nos limaces de mer sont bien pourvues de branchies et non de poumons. Souvent, ces limaces marines sont des mollusques gastéropodes dépourvus de coquille externe, bien que quelques groupes non mollusques puissent parfois être qualifiés sous ce terme également. C’est au sein de l’ordre des nudibranches que l’on retrouve probablement le plus d’espèces de limaces de mer.

Photographie d'une espèce de nudibranche. Elle est très colorée et très vive, avec plusieurs appendices sur le dos. César Culture G
Une espèce de nudibranche, un groupe dont les représentants sont communément surnommés limaces de mer.

Avec au moins 3 000 espèces réparties dans le monde entier, les limaces de mer forment un vaste groupe. Elles peuvent se rencontrer dans toutes les mers et tous les océans du globe et même, dans de rares cas, dans les eaux douces. Si une majorité d’entre elles ne font que quelques centimètres, les plus grandes peuvent presque atteindre le mètre ! C’est le cas du lièvre de mer noir (Aplysia vaccaria), dont le plus grand spécimen découvert atteignait les 99 cm. Les limaces de mer peuvent prendre toutes sortes de formes, mais également de couleurs.

Des animaux aux multiples modes de défense

Leur allure et leur absence de coquille externe peut donner l’impression que les limaces de mer sont des animaux sans défense. Et pourtant ! Certaines espèces peuvent renfermer dans leurs tissus des nématocystes. Il s’agit de cellules qui ont la particularité d’être urticantes.

Photographie d'une espèce de limaces de mer, Glaucus atlanticus. Il s'agit d'une très belle espèce, dans les tons blancs et bleus. César Culture G
Une autre espèce de nudibranche, qui renferme des cellules urticantes dans son organisme.

Vous avez probablement déjà aperçu sur les réseaux ou dans des documentaires l’animal ci-dessus. Cette espèce de nudibranche, Glaucus atlanticus, accumule les nématocystes dans son organisme suite à l’ingestion de proies qui en contiennent. Si lui est immunisé contre les effets toxiques de ces cellules urticantes, ce n’est pas forcément le cas de ses prédateurs qui auront tout intérêt à l’éviter ! Ces nématocystes sont en fait produits à l’origine par des organismes cnidaires, comme les méduses, les coraux ou les anémones. Ils les protègent de nombreux prédateurs. C’est sans compter sur certaines limaces de mer, imperméables à leur précieux venin. Au lieu de digérer les nématocystes ingérés, elles peuvent s’en servir à leur tour !

D’autres substances toxiques peuvent être émises par les limaces de mer. La doris dalmatienne (Peltodoris atromaculata), par exemple, présente en méditerranée, peut émettre un nuage de substances dangereuses pour ses prédateurs. Elle possède aussi des spicules en calcaire qui la rendent peu appétissante.

Photographie d'une doris dalmatienne. Cette limace de mer est blanche avec des taches marrons de diverses tailles sur le corps, sans appendices importants. César Culture G
La doris dalmatienne, capable d’émettre des substances toxiques en cas de danger.

Certaines espèces de limaces de mer sont également capables d’autotomie, c’est-à-dire de détacher une partie de leur corps en cas de danger. Les parties perdues peuvent dans certains cas se régénérer. Au sein du genre Elysia, certaines limaces de mer pourraient même se reconstituer après n’avoir conservé que leur tête ! Cette particularité serait, selon les chercheurs, utilisée principalement contre les parasites.

Une alimentation variée et astucieuse

Autre point qui permet des anecdotes curieuses sur les limaces de mer ; leur alimentation !

Les limaces de mer, selon les espèces, peuvent être aussi bien des herbivores que des prédatrices carnivores. Parmi ces dernières, on peut citer notamment la chélidonure variable (Chelidonura varians), qui s’attaque aux vers plats. Comme vu précédemment, certaines espèces se nourrissent de cnidaires. Parmi celles-ci, la limace pélerine (Cratena peregrina) présente un comportement tout particulier. Elle se nourrit de polypes, et une publication de 2017 a montré qu’elle choisissait préférentiellement ceux qui venaient de se nourrir de plancton plutôt que ceux qui avaient le ventre vide. Ainsi, elle augmente ses apports nutritionnels avec de moindres efforts !

Chez les limaces herbivores aussi, on retrouve un phénomène fascinant. Prenons l’exemple cette fois de l’adorable mouton des mers (Costasiella kuroshimae) !

Photographie d'un mouton de mer, une espèce de limaces de mer qui renferme des chloroplastes dans ses appendices, qui apparaissent du coup complètement vert. César Culture G
Qui peut résister au charme de ce mouton des mers ?

Cette espèce de limaces de mer se nourrit d’algues vertes nommées udotées. Lorsqu’elle les consomme, elle perce leurs cellules et en aspire les chloroplastes à l’intérieur. Ces chloroplastes restent dans son corps, plus précisément dans ses cérates (les appendices dorsaux ou latéraux que portent souvent les limaces de mer), qui par transparence les laissent apparaître. Les chloroplastes continuent alors leur photosynthèse, apportant davantage d’énergie à la petite limace de mer. D’autres limaces de mer sont capables de cette prouesse, notamment chez l’ordre des sacoglosses.

Des limaces de mer hermaphrodites… et pas que !

Venons-en maintenant à la dernière partie sur les curiosités des limaces de mer (même s’il en existe encore probablement bien d’autres) : leur reproduction !

Les limaces de mer sont des organismes hermaphrodites, qui disposent donc à la fois d’organes mâles et femelles. Ces organes sont invaginés et visibles seulement juste avant et pendant l’accouplement, qui peut avoir lieu entre n’importe quelles limaces de mer matures de même espèce.

Pour cette partie, une espèce se distingue grâce à un mécanisme original. Cette espèce, c’est Chromodoris reticulata et elle présente la particularité d’avoir un pénis épineux et… amovible.

Photographie d'une espèce de limaces de mer, Chromodoris reticulata. Elle est majoritairement rouge avec une touffe de cérates sur l'arrière de son corps. César Culture G
Chromodoris reticulata, une espèce capable de détacher son pénis.

Les multiples épines présentes sur son organe mâle lui permettent de retirer le sperme laissé par le partenaire précédent lors de l’accouplement. Il s’assure ainsi de sa paternité (sauf si une autre limace passe après !). Et puis, après cet accouplement, il se sépare de son pénis qui part alors dériver au gré des courants ou se déposer sur les fonds océaniques. Ce n’est pas une grosse perte pour cette limace, puisqu’un tout nouveau pénis se forme alors en environ 24h.

Les limaces de mer sont un groupe d’animaux éclectiques et fascinants. L’ensemble des espèces regroupées sous ce terme offre des formes et colorations très variées. Au-delà de leur apparence, les limaces de mer affichent de remarquables caractéristiques. Moyens de défense à base de substances toxiques et d’autotomie, alimentation efficace, hermaphrodisme… et probablement bien d’autres secrets !

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