Jeux vidéos, dessins animés, cartes à collectionner… Pokémon est sans nul doute l’un des univers de pop-culture les plus impactants de ces 30 dernières années. Mais saviez-vous que cette cultissime licence renferme aussi une part d’ombre ? Retour sur quelques exemples de censure vécus par Sacha, Pikachu et toute la bande…
Quand un décalage culturel provoque la censure des animés Pokémon
Ce n’est un secret pour personne : Pokémon a vu le jour au Japon en 1996. Bien vite, à la fin des années 1990, le jeu phénomène de la Game Boy a envahi les cours de récré du monde entier. Mais Pokémon n’en reste pas moins avant tout un pur produit nippon, qui en hérite ses codes.
En 1997, l’adaptation du jeu en dessin animé amène avec elle son lot de polémiques. Quelques années seulement après une controverse impliquant Ségolène Royal, le Club Dorothée et l’omniprésence de la culture japonaise dans nos écrans de télévisions, il n’a pas fallu attendre bien longtemps avant que les premières autocensures de l’animé voient le jour du côté occidental.
Le décalage de mœurs se voit dès les premiers épisodes. Quelques modifications qui seront maintenues tout au long de la série. Par exemple les onigiris, boulettes de riz entourées d’une feuille d’algue, deviennent à l’écran des club sandwich ou des baguettes. Anecdotique, ce détail révèle tout de même la peur que le soft power japonais pouvait exercer.
Mais la censure intervient aussi parfois pour des sujets plus sérieux. Dès le 18e épisode, James, le protagoniste de l’iconique Team Rocket se voit travesti et affublé d’une poitrine ostentatoire lors d’un concours de bikini. Trop sexualisé pour le public enfantin, l’épisode verra certaines de ses scènes coupées au montage. Globalement, le thème de l’hyper-sexualisation reste très présent dans la censure de la série. Avec, entre autres des jupes rallongées, des répliques coupées ou des blagues parfois trop osées non traduites en VF. D’autres sujets subiront le même sort, comme par exemple lorsque le gardien du parc Safari pointe un revolver sur la tête de Sacha dans l’épisode 35.
Des crises d’épilepsie et de mauvais souvenirs ravivés
Le cas de censure le plus connu pour la série des monstres de poche (et oui, le nom de Pokémon vient de “Pocket Monster” ! Vous le saviez ?) restera probablement celui de l’épisode 38, intitulé ‘Le soldat virtuel Porygon’. Dans cet épisode, une attaque de Pikachu contre Porygon provoque une série de flashs bleus et rouges très intenses à l’écran. Devant leurs postes, plusieurs centaines de téléspectateurs japonais ressentiront des effets secondaires après avoir vu la séquence. Crises de convulsions, épilepsie, évanouissements, nausées, maux de têtes…
Résultat, certains enfants se font hospitaliser ! L’affaire fait grand bruit au pays du soleil levant, jusqu’aux plus hautes sphères de l’État. La série, stoppée durant plusieurs mois le temps d’une enquête de police, ne sera pas annulée mais la production devra présenter ses excuses à une heure de grande écoute. L’épisode en question, lui, se verra purement et simplement effacé de la série.
Mais parfois, c’est plusieurs années après leur sortie que des épisodes se voient censurés. C’est par exemple le cas avec les numéros 19 et 23. Dans ces épisodes, certains esprits ont vu des parallèles avec les tragédies du 11 septembre 2001 – bien que survenues 3 ans après la diffusion de l’animé.
Dans le n°19, les spectateurs pouvaient assister à la destruction de la cité balnéaire de Porta Vista par un horde de Tentacools et un (très gros) Tentacruel. Pokémons aquatiques menacés par l’Homme, ceux-ci se rebellent et détruisent les gratte-ciels de la ville à coup de lasers et de tentacules… Un parallèle trop difficile avec les attentats pour le public américain. Le n°23, nommé ‘La Tour de la Terreur’ est également retiré des antennes en 2001, puisque Sacha et ses amis y visitent la tour-cimetière de Lavandia, connue des aficionados de l’univers Pokémon comme l’un des lieux les plus morbides…
Les cartes ne sont pas en reste !
Avec plus de 30 000 cartes, 1000 Pokémons à capturer à travers 25 différentes éditions sur consoles, il y avait aussi fort à parier que ces items soient, tôt ou tard, eux aussi victimes de polémiques.
C’est le cas tout d’abord avec le jeu de cartes à collectionner. Bien souvent ses artworks sont retravaillés pour convenir au public occidental. Les yeux d’un Tadmorv ne semblent plus se balader sous une jupe, ou bien Maganon ne pointe plus son canon sur le spectateur. Idem pour les cartes représentant de l’alcool, des cigarettes, ou des machines à sous : chez nous, on préférera préserver le jeune spectateur de ces excès et de leurs représentations.
Les jeux-vidéos Pokémon ont-ils connu la censure ?
Côté jeu vidéo enfin, si la grande majorité des éditions sont dépourvues de controverses, le design d’un Pokémon de première génération fait débat depuis la sortie des versions Rouges et Bleues : il s’agit de Lippoutou. En effet, Lippoutou est l’un des rares Pokémons humanoïdes, et ses traits se rapprochent selon certains des Black Faces, caricatures racistes et colonialistes des personnes noires.
La polémique fait grand bruit, notamment aux États-Unis, où le sujet est particulièrement sensible. Le tout est attisé par la traduction anglophone du nom : Jynx, un rappel à peine voilé de la culture vaudou. Game Freak, l’éditeur du jeu, éludera le problème en modifiant la couleur du Pokémon. Il fait passer son visage du noir… au violet. Une solution pratique mais qui est loin de résoudre définitivement le problème selon les détracteurs de la firme.
En bref, Pokémon est une licence mondialisée. Elle s’est taillée en quelques années une place de choix dans la pop-culture mondiale. Mais comme bien souvent dans ce cas-là, les décalages culturels et la production effrénée peuvent entraîner la polémique, voire la censure.