© Tima Miroshnichenko

Les Américains sont-ils mauvais en géographie ? 

Si le sujet peut avoir des airs comiques, il est bel et bien sérieux, surtout lorsqu’on visionne un de ces micro-trottoirs où une jeune américaine pointe l’Inde lorsqu’il faut placer le Mexique. Cumulant plus de 20 millions de vues pour certaines vidéos publiées sur Tik Tok, on en vient à se demander si ce n’est pas une mise en scène. En réalité, cette situation témoigne d’un problème complexe, dont même les autorités américaines se saisissent. 

Les Américains et la géographie : un désamour ancien

Ces quelques erreurs captées par les caméras sont le reflet d’une méconnaissance plus large, connue et documentée. Plusieurs études réalisées au début des années 2000 par National Geographic montrent que les jeunes Américains ont une mauvaise connaissance du monde. Ils placent par exemple le Soudan ou l’Ukraine en Asie. Ces études révèlent aussi qu’ils ont des lacunes concernant leur propre géographie. Ils ne savent pas nommer la capitale des Etats-Unis voire, pour certains, situer leur propre pays sur une carte. 

La plupart des jeunes interrogés ne semblent pas être inquiétés de leurs manquements en géographie. La majorité d’entre eux jugent qu’il n’est pas nécessaire de savoir situer un pays ou de parler une langue étrangère. Également, à l’époque, s’ils sont tous au courant de la présence de soldats américains en Irak, plus de 60% des sondés sont incapables de situer le pays sur une carte, alors que le sujet est omniprésent dans les débats et les médias. 

Par ailleurs, depuis 1994, des enquêtes sont menées au niveau national grâce au National Assessment of Educational Progress. L’objectif est de connaître le niveau des écoliers américains dans les différentes matières. Ces tests sont réalisés à la fin de l’équivalent du collège, soit aux alentours de 14 ans. A cet âge, seulement 26% des élèves sont capables de situer Los Angeles, Tokyo, Londres et Mumbai correctement. Ces résultats de 2018, déjà assez faibles, sont inférieurs à ceux de toutes les enquêtes précédentes. Ce constat témoigne d’un niveau en baisse.

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Un faible niveau en géographie que cherchent à expliquer les autorités américaines

Le Gouvernment Accountability Office, organisme d’audit, d’évaluation et d’investigation du Congrès des Etats-Unis s’est emparé de la problématique. Son rapport, publié en 2015, permet d’expliquer pourquoi le niveau des Américains est si bas. Une des principales raisons est une mauvaise compréhension de ce qu’est la géographie par les élèves, mais aussi par les professeurs qui, par conséquent, n’y accordent que très peu de temps. 

En effet, cette matière est souvent perçue comme peu attrayante, ne servant que d’illustration au cours d’Histoire. Ainsi, les étudiants ne disposent pas de clés fondamentales pour comprendre les changements passés, présents et futurs qui traversent les populations et le monde, comme par exemple les mouvements de populations, l’urbanisation, l’agriculture, la démographie, les changements au niveau du climat, de l’environnement… 

A cette perception relativement péjorative et donc, désintéressée, de la géographie, s’ajoutent d’autres explications. La forte culture patriotique américaine pourrait constituer un frein à la curiosité. Aussi, seulement certains États rendent l’enseignement de la géographie obligatoire au collège et au lycée. Enfin, les études évoquent l’avènement de la technologie.

Ainsi, si le sujet peut faire sourire de prime abord, les enjeux découlant de ces lacunes sont bien plus problématiques. L’ignorance d’une partie des jeunes Américains va bien au-delà de savoirs élémentaires liés à la localisation d’une ville. Ce sont les sujets liés à la géographie humaine ou bien, à l’environnement et au climat, qui leur échappent, alors que ce sont des enjeux nécessaires pour comprendre l’évolution des sociétés et préparer les citoyens de demain

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